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Mourad Merzouki, le chorégraphe qui transcende les frontières
« Phénix » de Mourad Merzouki est programmée à La Maline le 21 février. À la croisée de la musique baroque, de l’électro et de la danse hip-hop, cette pièce intimiste est à l’image de son chorégraphe : généreuse, surprenante et ouverte sur le monde.

Fondateur de la Compagnie Käfig, Mourad Merzouki a été à la tête du CCN de Créteil Val-de-Marne pendant treize ans. En près de trente ans, il a contribué à faire évoluer la danse hip-hop et à lui donner une place de choix dans le paysage chorégraphique contemporain. Interview.
Ré à la Hune : « Phénix » se distingue de vos précédentes créations par sa forme plus légère. Il y a beaucoup moins d’artistes au plateau puisqu’on passe d’une dizaine de danseurs en moyenne à seulement quatre. Pourquoi ?
Mourad Merzouki : Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord il y avait un besoin de coller au contexte actuel, c’est à dire aux difficultés que rencontrent les théâtres car tout coûte beaucoup plus cher et les budgets sont de plus en plus serrés. Cette pièce peut être jouée un peu partout, dans des lieux plus petits.
Et la deuxième raison est que j’ai eu, à un moment, un réel besoin de proximité et d’intimité. D’aller à contre-courant de cette période Covid et post-Covid qui a mis de la distance dans nos vies. À cause des nouvelles technologies aussi, on s’éloigne de plus en plus les uns des autres. Avec cette petite forme, le public est plus proche des artistes, on vit la musique et la danse autrement. On a joué « Phénix » dans des espaces non dédiés, où les spectateurs étaient à un ou deux mètres. Ce sont des moments précieux.
Cette pièce est assez emblématique de votre travail puisqu’elle se base sur la confrontation des esthétiques et en transcende les frontières…
J’ai toujours refusé de m’enfermer dans un style. Je trouve important l’idée de décloisonner, d’inventer un dialogue avec l’autre. Le fait de m’ouvrir aux autres disciplines m’a permis de faire grandir mon travail, de bousculer les codes, de toucher un public plus large et de créer des ponts entre les mondes. On a besoin de ces passerelles. Je suis sorti grandi de chacune de ces collaborations. Alors c’est une approche que j’ai envie de partager pour dire que même si on n’a pas la même histoire, le même parcours, la même sensibilité, on peut quand même faire des choses ensemble.
La danse hip-hop a beaucoup grandi, évolué. Est-elle aujourd’hui définitivement intégrée dans le paysage artistique français ?
Quand j’ai commencé il y a trente ans, le hip-hop était effectivement une danse marginalisée. Certains la voyaient comme éphémère, amenée à disparaître. Le fait de ne pas s’enfermer dans un style, je crois, a beaucoup joué. Cet esprit d’ouverture nous a permis d’exister dans le paysage chorégraphique comme n’importe quelle danse. Le hip-hop, aujourd’hui, se danse sur les scènes des plus grands théâtres et on a réussi à démontrer qu’on peut aussi diriger des CCN. Pour autant, le hip-hop continue à vivre dans la rue, dans les battles, et cette diversité fait sa force car on la voit partout. C’est une danse partage. Et puis, grâce à sa spontanéité, elle a beaucoup bousculé et a permis de faire bouger les lignes. Aujourd’hui c’est formidable de voir que, qu’on soit musicien baroque, circassien, danseur hip-hop ou danseur classique, il y a un réel intérêt réciproque et un esprit d’ouverture de chaque côté.
Quel regard portez-vous sur le contexte politique actuel et la baisse des subventions accordées à la culture, que ce soit au niveau national comme local ?
Il y a quelque chose de très contradictoire dans notre société, puisqu’on rappelle partout l’importance de la culture tant elle nous fait grandir tous les uns et les autres et nous rapproche, mais de l’autre côté on coupe les subventions. Dans un monde qui va très vite et qui éloigne les gens, on devrait mettre la culture au coeur de toutes les préoccupations pour justement espérer un monde meilleur. La culture ne peut pas régler tous les problèmes bien sûr, mais on a bien démontré ces dernières années la place importante qu’elle occupe dans nos sociétés. Car nous, on le voit tous les jours dans les yeux du public. On voit le bonheur que l’art procure.
« Péenix » de Cie Käfig, le 21 février à 20h30 à La Maline Dès 7 ans.
Tarifs : de 10 à 20€.
Projection du documentaire « Mourad Merzouki, alchimiste de la danse » d’Élise Darblay, le samedi 22 février à 18h15.

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