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Morgan Cerceau et la grande aventure de la morille
Installé sur l’île depuis trois ans avec sa compagne Neva, il a fondé la compagnie Morille sauvage en 2015. Fasciné par ce petit champignon, il nous raconte son métier passion.
Morgan a grandi en France près de Lyon. Il a toujours été attiré par la nature et a étudié la biologie et la géologie pour finalement enseigner quelques années en tant que professeur de Sciences et Vie de la Terre. Mais son envie de grands espaces et sa curiosité l’ont poussé à voyager pendant une dizaine d’années à travers le monde avec un coup de cœur pour l’Amérique du Nord. Là, après la cueillette de fruits, il découvre la récolte de champignons sauvages dans de grands espaces inhabités, au contact direct de la faune et de la flore. Cette relation avec l’inconnu et la pureté du Grand Nord, il la partage avec sa compagne d’ori- gine américaine, qui aime tout autant que lui ce contact avec la nature ainsi que la vie au grand air. Cette envie ancrée en lui l’appelle chaque année depuis plus de huit ans maintenant.
La saison de la cueillette dure trois mois, comme une chasse au trésor
De mi-mai à fin juillet, les passion- nés de morilles se retrouvent en Colombie-Britannique, au fin fond du grand nord canadien, un coin perdu et sauvage sur les terres ravagées par des feux de forêt et appelées Crown Land. C’est là, sur ces terrains fertiles pour les morilles, qu’elles sont les premiers organismes à repousser. La cueillette attire de nombreux amateurs chaque année. Morgan et Neva nous le confient, la récolte est difficile sur le plan physique : la suie, les heures de marche, les caisses à transporter sur le dos, le temps passé courbé en avant à la recherche du précieux champignon… mais cela n’entame pas leur enthousiasme. « Il n’y a rien de mieux que d’être à l’extérieur. La beauté de la cueillette se trouve dans la découverte de paysages uniques, les moments de solitude dans les bois et l’imprévisibilité de chaque jour même après des années d’expérience », affirment-ils. Ils vivent dans des campements, sous la tente, en pleine forêt et souvent assez éloignés du lieu où se déroulent les cueillettes. Les endroits restent jalousement gardés… Ils retrouvent chaque année d’autres « morilleurs » avec qui ils partagent une récolte quotidienne, située entre 40 et 50 livres de morilles. Sur l’ensemble de la saison, c’est une tonne de morilles fraîches qui est récoltée. Après arrachage du pied, tri et nettoyage, c’est la phase du séchage dans des clayettes à l’air libre, naturellement sans machinerie. A l’issue de cette étape, il restera 100 kilos de morilles.
La France est le premier consommateur au monde de morilles. Mais, ces dernières années, Morgan constate que le taux d’achat du kilo connaît une baisse depuis que la Chine a commencé à en cultiver ce qui bouleverse l’industrie. Même si rien ne remplacera jamais la qualité du petit champignon né des cendres et cueilli à la sueur du front des vaillants travailleurs. Il faut donc cueillir davantage depuis cinq ans pour gagner correctement sa vie.
Un met de fête
Sa forme et son goût très caractéristiques en font un met de choix, idéal pour accompagner viande et poisson au moment des fêtes. C’est durant cette période, au mois de décembre, que Morgan sillonne les marchés de Noël. Auparavant, il a sélectionné ses points de vente, environ un par village sur l’île et ailleurs. Il vient de décrocher le graal avec l’établissement Grégory Coutanceau, restaurant et traiteur séduit par la qualité du produit issu de la forêt boréale canadienne et spécimen séché naturellement à l’abri du soleil et de la pluie.
Vous pouvez retrouver Morgan et sa production sur les marchés d’été au retour de son séjour canadien, à La Flotte, Ars et Aux Portes.
Ces morilles de feu sont devenues un incontournable de la vie de Morgan et Neva qui repartiront à nouveau en 2022 accompagnés, peut-être, de leurs deux petits enfants dans cette belle aventure !
Morgan Cerceau 06 95 64 98 74 cueilleur-sécheur-vendeur morillesauvage@gmail.com www.morillessauvage.com
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