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Le merveilleux Noël d’une petite huître de l’île de Ré
Pour Noël, un de nos contributeurs a trempé sa plume dans l’encre des traditionnels contes de jadis
Il était une fois une petite huître de l’île de Ré. Le 22 décembre, son éleveur l’a amoureusement ramassée. La voilà embarquée dans sa bourriche. Mais un peu brinquebalée quand même. Passer du lent et régulier retour des marées, sur l’estran dans le fier d’Ars, où elle était si bien depuis trois ans, à ces trois jours de bouleversement est brutal pour elle. Elle n’y voit plus goutte dans ce camion. Et quand elle retrouve l’air libre, ce n’est plus l’air marin, qu’elle respire ! Elle jette discrètement un oeil dehors, quand le marchand a le dos tourné. Elle voit au loin la tour Eiffel. Comment en suis-je arrivée là, se demande-t-elle ? Elle regrette son île de Ré. Et elle pressent le douloureux destin qui l’appelle. « A quoi a servi ma vie ? », se demandet- elle. « Dans quelle bouche vais-je tomber ? Va-t-on m’ouvrir avec délicatesse au moins ? Finirai-je dans la bouche d’un glouton qui m’avalera comme tant d’autres ? Sans faire attention à moi. Qui me piquera de citron ? Comme si mon goût ne se suffit pas lui-même ! A la rigueur, un gros grain de sel rétais… » Elle est pleine d’appréhension.
Mais elle est toute étonnée. C’est un gentil garçon qui l’achète. Il s’appelle Clément. Ça lui rappelle Saint-Clément-des-Baleines. Il la prépare délicatement. On sent l’habitué. Hop, un coup de couteau, elle s’ouvre. Elle a eu beau vouloir résister, elle s’est laissée faire. Pourquoi ? Elle se sent en confiance. « Alors, tant qu’à faire, autant lâcher mes parfums les meilleurs » se dit-elle. Et elle exhale ses plus belles senteurs. C’est son dernier Noël ! Autant finir en beauté. C’est toute la mer des pertuis qu’elle offre. Quand il la met dans sa bouche, Clément la déguste, il la laisse reposer sur sa langue, un long moment. Il ferme les lèvres et les yeux. Mais cette huître, cette huître, d’où vient-elle ?, se demande-t-il subitement. Tout d’un coup, il en est sûr. Il reconnaît la fraîcheur, les odeurs,… Oui, c’est sûr ! C’est son île. Il regarde la boîte : huître de l’île de Ré. Il en était sûr. Alors dans son cerveau lui remonte toutes ses vacances villageoises. Oui, c’est son âme même que Clément retrouve. Il le sait, au fond de lui-même : il est un Rétais. Cela, la vie citadine n’a pu l’oblitérer dans sa mémoire.
Alors, envahi de joie, il décide que c’est fini. Il arrête cette vie urbaine. Il veut retrouver la vraie vie, au contact de la nature, des gens normaux, humains, humbles. Il va revenir au pays, comme on disait dans le temps. Il est minuit. C’est Noël. Les cloches de l’église sonnent dehors pour annoncer la naissance du petit Jésus. Clément s’y précipite, car, pour lui, ce Noël est aussi une nouvelle naissance. Quant à la petite huître de l’île de Ré, elle comprend que son sacrifice n’a pas été vain. Elle sent dans le corps de Clément ce retournement de son esprit. Elle est heureuse. Elle s’est donnée de tout son coeur. Et ce don d’elle-même a trouvé son sens. Car Clément l’a décidé : le 1er janvier, il sera au pays. Et commencera, enfin, sa vraie vie ! Pour tous les deux, ce fut un vrai Noël ! Jean-Baptiste Le Proux Pour Noël, un de nos contributeurs a trempé sa plume dans l’encre des traditionnels contes de jadis
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