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Menaces sur l’île de Ré
Nous avons interrogé Dominique Chevillon, observateur insulaire de longue date, qui a accepté de nous répondre en son nom personnel et non pas au titre des associations dans lesquelles il est administrateur.
Ré à la Hune : Le contexte de l’île est « plutôt chaud » depuis le début de l’année 2012, comment l’expliquez-vous ?
Dominique Chevillon : Le contexte est « plutôt chaud » parce que complexe. La complexité c’est le doute, les inquiétudes, les interrogations et assez souvent, hélas, des agitations improductives avant l’émergence des solutions. Or c’est quand c’est complexe qu’il faut a fortiori garder son calme pour nourrir et étayer de bonnes décisions… L’île de Ré vit une conjonction de contraintes multiples qu’elle a choisies comme le SCOT ou qu’elle subit malheureusement comme les conséquences de Xynthia avec le Plan de Protection des Risques Naturels (PPR), mais aussi de menaces perçues ou non comme telles…
Ré à la Hune : Quelles sont ces contraintes et / ou menaces ?
Dominique Chevillon : La 1ère d’entre elles, c’est le PPRN. Il s’imposera au SCOT qui l’a précédé et va le vider d’une grande partie de son contenu… D’où les inquiétudes légitimes. Elles sont fondées car quelle que soit l’étendue du PPRN qui est évidemment crucial compte tenu de la morphologie de l’île, il va créer des situations de « frottements forts ». Par exemple, ce qui était constructible ou pouvait le devenir ne le sera plus ou sous certaines conditions… Cela va créer des situations difficiles en matière de partages, de successions : un lot était constructible, sa valeur en tenait compte il devient inconstructible pour un héritier, un autre lot constructible équivalent a été vendu par un autre héritier, le partage est fait, les parents sont décédés… comment fait-on? Idem en matière d’ISF payé sur la valeur de terrains constructibles qui ne le seraient plus…
La 2ème contrainte, c’est la période d’instabilité d’ici à la fin du PPRN pour les autorisations de construire… on comprend les interrogations de Patrick Rayton à La Couarde. Entre recours de l’État et/ou recours de ceux qui veulent construire c’est la commune qui est « coincée » et il faut donc rapidement finaliser le PPRN mais avec pertinence, ce qui n’est pas facile…
La 3ème contrainte c’est que si les communes ne prescrivent pas dans leur Plan Locaux d’Urbanisme (PLU) des instruments de maîtrise de la parcellisation des terrains, nous aurons des villages « bunkerisés » par la densification des surfaces urbanisable, conséquence inéluctable de la raréfaction des terrains due au PPRN…
La 4ème contrainte, c’est l’Écotaxe. Sur les financements qu’elle permet, mais surtout sur son aspect dissuasif en tant que péage… Des forces variées et diverses contestent son existence. Si le péage venait à disparaître se serait la ruée sur l’île pour des visites d’une heure ou deux, avec l’envahissement des routes… C’est une vraie menace.
La 5ème menace que certains ignorent encore, c’est l’arrivée au Port Autonome de La Rochelle d’activités complètement antagonistes avec le statut qualitatif et environnemental de l’île et de La Rochelle. Ces activités (HOLCIM, SISP, ENVIROCAP…) porteuses de risques technologiques majeurs (Seveso 2) sont de vraies menaces pour les habitants insulaires et les Rochelais… On peut remercier le conseil municipal de La Rochelle…
La 6ème menace, non visible pour le plus grand nombre, c’est la dégradation de la qualité des eaux marines littorales passées de la qualité A à la qualité B. C’est une situation très inquiétante pour toutes les activités qui vivent de la mer (conchyliculture…). Gérald Viaud, Président du Comité Départemental de la Conchyliculture partage notre sentiment. Le Port Autonome de La Rochelle participe à cette dégradation (boues polluées de Clapages, etc.).
La 7ème menace est liée à une conjoncture macro-économique française défavorable qui se concrétise dans les consommations des vacanciers dans l’île depuis ce printemps. Elle était annoncée, on y est et l’île n’y échappera pas, d’autant plus qu’elle n’a toujours pas décidé et engagé une réelle stratégie en matière de tourisme. Une politique touristique à haute valeur ajoutée est possible, le patrimoine historique et naturel le permet… encore faut-il le promouvoir après l’avoir choisi.
Enfin la dernière menace, c’est la radicalisation des relations entre les différents « groupe sociaux ». Entre l’État, ses services et les élus, entre résidents permanents et secondaires, entre l’économique et l’environnemental, entre les actifs et les inactifs, avec certaines associations…
Ceux qui nourrissent ce type de débats défendent généralement des intérêts strictement individuels contre l’intérêt général… Cela n’a pas de sens et pour ma part je trouve cela détestable. Des menaces de mort ont été proférées, c’est inadmissible, il faut le dénoncer.
La situation complexe en termes de contraintes pour l’île nécessite du sang froid, du doigté, de la qualité relationnelle pour de bonnes analyses partagées. Et aussi l’acceptation du débat même quand les arguments ne sont pas les siens… C’est la seule voie pour des décisions pertinentes conformes aux intérêts supérieurs de l’île…
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