Maxime Bono, entre amertume et apaisement
Au lendemain du verdict des Législatives, Ré à la Hune a été à la rencontre de Maxime Bono, précédent Député de La Rochelle-île de Ré. Il a toujours fait preuve d’une grande écoute et de diplomatie dans le passé, connu pour ses propos mesurés. Aussi, parce que le ton est monté entre les deux tours et au soir du second tour, Maxime Bono a « choqué » certains Rochelais et Rétais, peu habitués à l’entendre sur un registre agressif. Plutôt que de porter des jugements lapidaires, nous nous sommes entretenus avec lui, pour comprendre ce que certains ont qualifié de « violence ».
Certes, il est amer et nous explique pourquoi, nous avons toutefois aussi rencontré un Président de la CDA et Maire de La Rochelle qui se positionne déjà dans la volonté de reconstruire et fédérer les énergies du territoire, à peine quelques jours après l’élection.
Ré à la Hune : Avez-vous de regrets par rapport à cette campagne des Législatives ?
Maxime Bono : Non, je ne regrette rien. Je maintiens que Ségolène Royal était une excellente candidate. Elle a gagné la Région à la droite tenue par Jean-Pierre Raffarin et a permis par la suite à de nombreux députés de gauche d’être élus ainsi qu’au Département des Deux- Sèvres de passer à gauche. Sa campagne présidentielle de 2007 a aussi largement préparé le terrain de la campagne de 2012. Elle aurait pu apporter beaucoup à la gauche rochelaise, et au delà à l’ensemble du territoire. Sa connaissance des dossiers, son intuition et ses qualités personnelles étaient de réels atouts…
Olivier Falorni a beaucoup fustigé le « parachutage » de Ségolène Royal, argument qui a apparemment fait mouche, qu’en pensez-vous ?
M.B. : Le PS a des statuts, que les gens ignorent. Le Bureau National du PS est l’organe suprême de décision, il est fréquent qu’il désigne lui-même des candidats, cela a été par exemple aussi le cas pour Elisabeth Guigou. Martine Aubry et le Bureau à l’unanimité, ont estimé que les conditions d’un vote serein n’étaient pas réunies à La Rochelle. De plus, il est d’usage qu’un Député homme qui se retire laisse sa succession à une femme. Le terme de « parachutage » a malheureusement porté, cela me surprend et m’inquiète. Que cela ait été le thème principal de cette campagne locale révèle un « ostracisme » de mauvais augure vis à vis de ce qui n’est pas d’ « ici »… Soit la société a beaucoup changé, soit cet argument a été très bien manipulé…
Comment expliquez-vous la défaite de Ségolène Royal et l’ampleur des votes en faveur d’Olivier Falorni ?
M.B. : Quand on n’arrive pas à convaincre, c’est que l’on a commis des erreurs. On sous estime toujours les réactions et arguments sommaires portés à votre encontre. J’ai rarement vu autant de passions se déchaîner. Leur paroxysme a été atteint à l’Oratoire au soir du second tour, ce qui m’a d’ailleurs conduit à couper court à tout discours pour éviter que cela dégénère. Sachant qu’il n’y a de toutes façons jamais de discours politique à l’Oratoire lors de la proclamation des résultats. Mais il y a eu surtout une forte mobilisation de la droite contre Ségolène Royal et un positionnement très équivoque d’Olivier Falorni qui a été élu avec 2/3 de voix issues de la droite. Les 37 % de voix de Ségolène Royal sont des voix de gauche, elle aurait pu gagner quelques points de plus à gauche, sa personnalité a pu déranger, mais ce sont les voix de droite qui ont fait la différence.
Un train peut en cacher un autre, une victoire peut en cacher une autre, c’est le candidat soutenu par la droite qui l’a emporté clairement.
N’y a t-il pas eu un rejet fort de Ségolène Royal ?
M.B. : Oui c’est la conjonction de plusieurs phénomènes : d’une part la division de la gauche, mais aussi ceux qui ont voulu tourner la page de 2007. Ségolène Royal en a fait les frais dans le sillage du rejet de Nicolas Sarkozy, deux fortes personnalités politiques. Et enfin et surtout l’union Jean-Pierre Raffarin/Dominique Bussereau prêts à tout pour « éliminer » Ségolène Royal du jeu politique. Évidemment, les médias ont joué un rôle non négligeable, en mettant en scène le « combat David contre Goliath ». Ce duel a été médiatisé à outrance.
En voulez-vous à Dominique Bussereau et vos relations vont-elles s’en trouver altérées ?
M.B. : Non, je ne lui en veux pas, il a très bien « joué », même si c’est quelque chose que personnellement je n’aurais pas fait. De même dans la situation d’Olivier Falorni, jamais je ne me serais maintenu au second tour sachant que mon élection n’était possible que grâce à une majorité des voix de droite. Bien sûr dans mes élections précédentes, j’ai eu des électeurs de droite qui ont voté pour moi, mais à la marge, quelques % seulement.
Certains Rochelais et Rétais ont été surpris par je cite « la violence » de vos propos entre les deux tours et au soir du second tour, vous qualifiant de « mauvais perdant », comment expliquez-vous cette perception ?
M.B. : Les discours d’Olivier Falorni ont été extrêmement agressifs durant des mois. Nous avons totalement ignoré ces provocations de campagne. J’ai dû me faire « violence » pour dire certaines choses car habituellement je suis un homme de consensus. Les Rochelais et les Rétais ne m’ont jamais vu auparavant sur ce registre qui a pu les surprendre, j’en conviens. Mais il me fallait dire la vérité, sur l’absence totale d’apport d’Olivier Falorni qui depuis des années est davantage un « observateur de la vie politique » qu’il n’en est acteur, malgré ses mandats à la Ville et à la Région, comment taire aussi le champs de ruine dans lequel il laisse la Fédération du PS ?
Comment envisagez-vous l’avenir immédiat et votre avenir politique à moyen terme ?
M.B. : Les urnes ont parlé. Je vais envoyer un courrier en tant que Maire et Président de la CdA de La Rochelle aux deux Députés Olivier Falorni et Suzanne Tallard pour leur dire que je suis à leur disposition pour faire avancer les grands dossiers que sont le désenclavement de La Rochelle-île de Ré, la protection des côtes avec les PAPI, les logements sociaux, ou encore le contournement ferroviaire du Port de La Rochelle.
Je transmettrai, s’il le souhaite, mes dossiers en tant qu’ancien Député de la circonscription La Rochelle-île de Ré à Olivier Falorni.
Je voudrais surtout désormais apaiser les choses, rassurer les uns et les autres, faire en sorte que tout le monde retravaille ensemble, car c’est en travaillant que l’on apprend à se reparler. Depuis quelque temps, cet esprit collectif s’est dégradé. Or de grands enjeux nous attendent sur notre territoire.
Vous présenterez-vous aux prochaines élections municipales de 2014 ?
M.B. : Oui, si je suis investi par le PS, je ne serai en aucun cas un candidat « dissident », je suis légitimiste.
Vous vous êtes battu pour que l’Université d’été du PS reste à La Rochelle, certains médias ont dit que ce serait ainsi l’occasion de réconcilier tout le monde, cela veut-il dire que d’ici à fi n août Olivier Falorni sera réintégré au PS ?
M.B. : Je doute fort qu’il soit invité à l’Université du PS. Je me suis effectivement battu pour que cet événement politique français majeur reste à La Rochelle, il n’y avait aucune raison objective qu’il soit « délocalisé » et il fallait en finir avec ce « psychodrame » qui n’a que trop duré. Oui, c’est donc un grand soulagement pour moi d’avoir obtenu satisfaction, pour l’ensemble des Rochelais et des professionnels qui en bénéficient.
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