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Mat-Ré se mobilise pour la nouvelle enquête publique
Ré à la Hune a recueilli les arguments de Frédéric Jacq, président de Mat-Ré, et les explications de Ahmed Mansouri, responsable d’exploitation d’Eqiom La Rochelle
La réunion du 27 février 2016, organisée par Mat-Ré à la salle de la mairie de La Flotte, a réuni adhérents, sympathisants, et représentants de l’association RESPIRE, qui suivent attentivement l’évolution du Grand Port de la Pallice.
Une nouvelle enquête publique du 1er mars au 31 mars 2016
Entouré par le bureau de Mat-Ré, le président Frédéric Jacq, a fait le point de la situation juridique sur les recours et appels en cours. Resituant l’enjeu de cette deuxième enquête publique sur la demande présentée par la société Eqiom pour l’exploitation d’un centre de broyage, à l’anse Saint-Marc, au sein du Grand Port Maritime, Frédéric Jacq a invité tous le membres et sympathisants à informer et mobiliser autour d’eux. Le commissaire enquêteur désigné pour cette nouvelle enquête publique est une Flottaise.
Les arguments de Mat-Ré qui seront portés sur les registres d’enquête publique
L’association Mat-Ré est intégralement et viscéralement opposée à l’édification et au fonctionnement de la cimenterie Eqiom (ex-Holcim) La Rochelle-Ré pour de nombreux motifs : « Ce projet de cimenterie est un défi au bons sens, à l’éthique et à l’esthétique, comportant des risques de pollutions », mettant en péril l’équilibre des activités des pertuis et devra rester à l’état de projet » a expliqué Frédéric Jacq. « L’installation des broyeurs sur les ports relève d’un mode opératoire aggravant le chômage de masse en France par la délocalisation de l’extraction du clincker et l’automatisation des processus de fabrication ; la preuve effective par les licenciements dans les cimenteries de La Couronne et d’Airvault, voire la fermeture de ces sites ? » Regrettant successivement : « l’insuffisance de l’enquête publique de 2010 qui aurait permis de déposer un recours contre le permis de construire du 18 février 2010 », « la construction inappropriée de 4 tours de près de 70 m de hauteur en lisière face à l’île de Ré et à la plage de Rivedoux, dérogeant au règlement même du complexe industrialo-portuaire, les risques forts de pollution aérienne et maritime par substances toxiques, micro-poussières, nanoparticules, métaux lourds… inacceptables à proximité des pertuis, lieu de biodiversité, de tourisme, de nautisme, d’aires de baignade et d’activités primaires (ostréiculture, conchyliculture, pêche,…), les nuisances nocturnes ressenties à Rivedoux-Plage, La Pallice, La Rochelle, par vibration du broyeur, les effets cumulés des industries dangereuses qui classent le Grand-Port dans une zone Seveso haut… ».
Informations recueillies par Michel Lardeux
Eqiom apporte son éclairage technique
Interrogé par Ré à la Hune sur les arguments avancés par Mat-Ré lors de sa réunion, Ahmed Mansouri, Responsable d’exploitation d’Eqiom La Rochelle, regrette « les amalgames » et apporte quelques précisions « sur une base factuelle », avant de répondre à nos questions. Ceci pour une information équilibrée de nos lecteurs et « un dialogue constructif ».
« Il ne s’agit pas d’une cimenterie mais d’un broyeur. Près de 15% de l’investissement global a été consacré à la mise en oeuvre des meilleures technologies disponibles en matière de production durable (voir questions/ réponses). Par ailleurs, « nous ne comprenons pas le sujet évoqué des pertes d’emplois. Il s’agit plutôt d’une chute des ventes de ciment depuis 2008 suite à l’insuffisance des chantiers de construction ».
Quant à l’autorisation préfectorale de 2010 « elle est conforme aux prescriptions réglementaires en matière de sécurité, de protection de la santé, de la nature, de l’environnement et du patrimoine mais elle a été jugée entachée d’un vice de forme et la demande doit ainsi être régularisée ».
Enfin, « le Port Maritime de La Rochelle n’est pas classé Seveso et notre site non plus (ce classement concerne certaines activités industrielles qui existent de longue date et ne correspondent pas à une transition récente du port ou à un quelconque cumul d’activités). Toutes les études réalisées par des organismes extérieurs depuis la mise en fonctionnement du site de production attestent des impacts limitées et justifient les efforts et investissements consentis dans les choix techniques pour Eqiom. Les activités portuaires font également l’objet d’un suivi environnemental poussé, de même que les activités conchylicoles et de baignades ; ces données sont publiques et accessible à tous ».
Questions/réponses :
Ré à la Hune : La cimenterie fonctionne-t- elle ? Depuis quand ? Combien de tonnes ont-elles déjà été produites? A terme combien de tonnes ?
Ahmed Mansouri : Un centre de broyage de ciment n’est pas une cimenterie : il n’y a donc sur le port de La Rochelle ni carrière pour l’extraction, ni four de cuisson mais un outil industriel moderne. Les matières premières (provenant d’Espagne ou de France) sont délivrées par voie maritime. Le centre de broyage de clinker (constituant de ciment) a démarré en novembre 2013. En 2015, 90 000 tonnes de ciment ont été produites. On table pour 2016 sur des volumes de l’ordre de 100 000 tonnes.
Comment le risque de pollution est-il appréhendé ?Quelles sont les procédures de contrôles mises en place ? Le broyage est générateur de vibrations ressenties ? Comment sont-elles neutralisées ?
Lors des études et de sa construction, les ingénieurs ont utilisé les meilleures technologies disponibles afin de limiter l’impact de l’entreprise sur son environnement. Près de 15% de l’investissement global a été consacré à la mise en oeuvre des meilleures technologies disponibles en matière de production durable : conception d’un broyeur vertical pour réduire la consommation d’énergie de 33%, récupération et traitement de l’eau par des dispositifs adaptés notamment avec des débourbeurs et déshuileurs, etc.
Nous procédons régulièrement à des contrôles des rejets d’eaux pluviales collectées sur le site, des mesures en continu des poussières rejetées et des contrôles réguliers par des organismes extérieurs. Le site est par ailleurs en cours de certification ISO 14 001 et contrôlé par des audits internes et externes. Il en est de même pour le Port qui est certifié ISO 14001 depuis 2011.
Les deux sources de nuisances potentielles de ce type d’installation sont le bruit et les émissions de poussières. Pour limiter les impacts éventuels des poussières, Eqiom a utilisé la meilleure technologie actuellement sur le marché, le « filtre à manche ». Cette technologie permet à l’entreprise d’émettre quatre fois moins de poussières que le seuil maximal d’émission de la réglementation nationale.
Le clinker est-il toxique ?
Comment est-il conditionné, manutentionné à quai ? Un broyeur n’est pas une cimenterie. Il s’agit uniquement de la partie finale du processus de fabrication du ciment : le broyage mécanique et le mélange des matières premières minérales en vue de sa distribution. Il n’y a donc pas de décarbonatation et donc pas d’émission de gaz ni de métaux lourds volatils. Le broyeur est ainsi approvisionné en clinker, fabriqué à partir de matières naturelles, calcaire et argile, et non de produits chimiques synthétiques.
La noria avancée par certains de 300 camions journaliers pour le transport du ciment sur la rocade est-elle probable ?
La question du trafic a également été prise en compte. La circulation des camions se déroule essentiellement à l’intérieur de la zone portuaire, puis emprunte la RN237 via l’accès sécurisé de La Repentie, évitant ainsi la circulation dans les zones résidentielles proches. Les 300 passages par jour mentionnés dans l’arrêté préfectoral autorisant la construction de l’usine correspondent à la valeur maximale autorisée, soit 4% de la circulation actuelle de la RN237. En 2015, nos fournisseurs ont utilisé 100 camions sur la semaine la plus chargée, et essentiellement hors heures de pointe. La moyenne devrait se situer aux alentours de 2% du trafic Poids Lourds.
La construction des 4 tours du permis de construire initial est-elle maintenue ?
Pour rappel, l’autorisation préfectorale initiale est conforme aux prescriptions réglementaires en matière de sécurité, de protection de la santé, de la nature, de l’environnement et du patrimoine mais elle a été jugée entachée d’un vice de forme et la demande doit être régularisée. Nous avons ainsi déposé en novembre un renouvellement de demande d’autorisation sur un périmètre identique au dossier et à l’autorisation initiaux. La construction définitive ne sera décidée qu’en fonction des évolutions du marché du ciment en France.
Questions de Michel Lardeux, réponses recueillies par Nathalie Vauchez
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