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MAT-Ré, dix ans de lutte
« Nous sommes un pot de terre contre le pot de fer », rappelle le président Frédéric Jacq. Un pot de terre qui relève tous les défis depuis la création de l’association il y a dix ans.
Dans la salle de réunion de la Mairie de La Flotte, toujours gracieusement ouverte à l’association par la municipalité pour tenir son Assemblée Générale annuelle, l’assistance est peu nombreuse. Mais non par défection puisque les pouvoirs sont là, à hauteur d’une quarantaine.
« Merci aux adhérents, sympathisants, requérants et membres du Conseil d’Administration », souligne Frédéric Jacq, qui évoquera un peu plus tard l’importance des adhésions et la générosité de certains donateurs. Un soutien qui permet à MAT-Ré de poursuivre son combat contre la cimenterie Eqiom.
Une bataille gagnée…
Nous sommes dans « l’obstination raisonnable », énonce Frédéric Jacq, qui a choisi pour son rapport moral de rappeler les multiples étapes qui nous amènent ici, dix ans après la création de l’association MAT-Ré, née en 2011 pour lutter contre l’implantation de la cimenterie Holcim-Eqiom.
Une longue histoire qui a pour décor les salles de tribunaux, auréolée d’une victoire devant le Conseil d’Etat concernant la première autorisation d’exploitation. « Une décision irrévocable et une victoire assez exceptionnelle », confirme le Président de MAT-Ré. Condamnée à verser 3 000 € à l’association, la cimenterie a mis dix-huit mois à honorer sa dette.
Mais pas la guerre
MAT-Ré a ensuite attaqué la seconde autorisation d’exploitation datée de 2016. Après avoir perdu à la Cour d’Appel de Bordeaux, l’association souhaite réitérer sa première initiative auprès du Conseil d’Etat et demande pour cela et par principe, l’assentiment de l’assemblée, qui lui est donné à l’unanimité.
Selon Frédéric Jacq, le projet initial de la cimenterie « ronronne ». « D’après les études d’impact, il était question de trois cents camions par jour sur la rocade. La cimenterie exprimera sa pleine puissance quand tous les recours seront purgés », estime-t-il.
« Nous n’abandonnerons pas ce dossier », martèle le Président de MAT-Ré, évoquant un Plan B en cas d’échec devant le Conseil d’Etat, et regrettant par ailleurs « les doubles discours ne suffisant pas à faire Nation. D’autres pays ont une autre approche », souligne Frédéric Jacq évoquant la Suisse ou encore la Suède.
La corruption en question
Au chapitre financier, l’association s’était portée partie civile pour présomption de corruption dans l’industrie du ciment. « Une plainte reçue par l’un des plus grands juges anti-corruption », précise Frédéric Jacq, avant d’être finalement rejetée, l’association n’étant pas agréée en la matière. C’est alors que MAT-Ré rencontre Anticor. Un an de travail plus tard, le projet de plainte sera enterré sans autre explication. « Il avait été traité par le Parquet National Financier », explique Frédéric Jacq, « alors si corruption il y a, elle remonterait haut », conclut-il.
Avant de donner la parole à la trésorière, Frédéric Jacq termine sur une note positive. « Je suis entouré de personnes avisées qui me donnent de bons conseils. Nous partageons une vision et des valeurs pour l’Ile de Ré », assure-t-il.
Du côté du GPM
Michel Lardeux, Vice-Président de MAT-Ré, commence par solliciter des applaudissements pour Frédéric Jacq. « Il faut être sacrément résilient », souligne-t-il. Une parenthèse cordiale vite refermée pour aborder d’autres sujets.
Sans surprise, Michel Lardeux évoque le projet de parc éolien dans les Pertuis et les ambitions du GPM, illustrés par les mâts jaunes bien visibles, « qui partent pour le chantier de Saint-Nazaire-Guérande ». Ne se prononçant pas sur le projet mais constatant « que les oppositions montent autour du film Océan 3* », Michel Lardeux salue le travail du Collectif NEMO, « composé de compétences exceptionnelles et de toutes convictions, qui arrivent néanmoins aux mêmes conclusions sur la dangerosité du projet ». « Ce projet a néanmoins quelques vertus, il mobilise le monde maritime », souligne Michel Lardeux avec un brin d’ironie, et regrettant « le manque de concertation. Ce n’est pas un projet de territoire », ajoutet- il, « mais un ruissellement financier pour le GPM ».
L’éolien mais pas que
Le développement industriel de l’éolien off-shore n’est pas le seul sujet. Michel Lardeux parle également de la veille menée conjointement avec d’autres associations sur la pollution de l’air et les risques industriels, tels ces cuves de gaz en cours d’implantation ou encore une entreprise, plusieurs fois jugée pour atteintes à l’environnement, sans oublier les travaux de déroctage programmés. « Un recours a été préparé par l’association Nature Environnement 17 », précise Michel Lardeux, évoquant également le spécialiste Pierre Le Gall « un peu abasourdi par le déni des risques ». « Mais aujourd’hui, les juges commencent à réagir aux pressions » ajoute le vice-président de MAT-Ré.
Et elle est maintenue sans relâche. « Une pression que la Gouvernance du Port n’ignore pas, jouant sur une promotion de ses activités orientée sur le développement durable et des actions vertueuses », remarque Michel Lardeux, ajoutant que « la veille peut avoir des conséquences ». « Nous sommes maintenant invités à siéger au groupe infos et suivi », conclut-il.
*Film conçu et réalisé par la journaliste Mathilde Jounot déjà diffusé à Saint-Clément (APSSC), Sainte-Marie (NEMO) et aux Portes (ASSIP), ainsi que dans de nombreuses communes de Charente-Maritime.
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