- Patrimoine
- Portraits
- Terroir/Merroir
- Ces jeunes Rétais : Anne-Charlotte Stecker
Mariage du sel de Ré et du jazz
En provenance de Namur (Belgique), Anne-Charlotte Stecker est arrivée dans l’île, âgée de 14 ans. Cette installation sur Ré marqua un changement radical de vie pour toute la famille. A l’origine, un réel coup de coeur de ses parents pour l’île et de son père Dominique pour les marais salants, et la chance, en 1995, d’avoir pu acheter à la bougie une maison à Saint-Clément-des-Baleines.
« Mon père a alors repris le marais de Sarah Petit et vendait son sel à la coopérative. Mais pour faire vivre la famille, il a dû, à côté de son activité de saunier, créer une entreprise de construction de maisons individuelles. Ce changement complet de cap s’est avéré être pour nous tous une belle aventure, jusqu’à l’accident dont a été victime mon père. »
Les études et la musique en parallèle
« À son arrivée dans l’île, Anne- Charlotte a de suite intégré une classe de 4e au collège Les Salières, avant de fréquenter les lycées Saint- Exupéry, puis Dautet à La Rochelle. Une scolarité classique, mais avec toujours un apprentissage musical en parallèle. Ainsi, durant ses années collège, Anne-Charlotte a poursuivi les leçons de piano (commencées à l’âge de cinq ans) et la maîtrise du solfège à l’École de Musique du Bois-Plage, avant de s’inscrire à « Music School » à Aytré une fois au lycée. Après un an de fac de psycho à Nantes, Anne-Charlotte a pris la direction de Montpellier pour y suivre quatre années d’étude de musicothérapie tout en fréquentant une école de jazz en chant et piano, « Le Jam ». « C’est là que j’ai tout découvert du jazz, car dans ma famille on écoutait plus volontiers de la variété, du rock ou du classique. Et je peux dire que grâce au Jam, mon approche de la musique s’est faite différente et même ma façon de chanter a changé. »
« Sans le sel, je n’en serais pas là »
« Mes études et mes loyers, je me les suis payés grâce au sel que je venais récolter l’été dans l’île de Ré. Pour cela, avec mon frère Julien nous avons décidé de devenir des sauniers indépendants, et nous avons monté notre propre entreprise, “L’Odyssel d’Ulysse” avec bien sûr le soutien et la participation intensive de nos parents dans l’aventure.
Dans une vie d’étudiants, les sorties sont importantes, voire nécessaires afin ”de se laver la tête !”, mais mes seuls revenus de saunière se sont révélés un peu justes. J’ai donc fait modèle nu à la fac d’Arts Plastiques de Montpellier et dans plusieurs ateliers privés, et sinon, je chantais avec un groupe, impliquée activement et de bon coeur dans cette vie artistique montpelliéraine où tous les arts se cotoyaient. Avec du recul, ces années d’étudiante dans le midi, de 21 à 25 ans, furent de très belles années. »
Acceptée pour faire sur deux ans un DEMMA (diplôme d’études musicales en musiques actuelles) à l’EDIM (Ecole de Musiques Actuelles), Anne-Charlotte est montée à Paris. Un diplôme qui lui donne aujourd’hui la possibilité d’enseigner le chant.
Désormais saunière indépendante
Les études terminées, de retour dans l’île, Anne-Charlotte exerce désormais pleinement sa profession de saunière indépendante, exploitant, d’abord avec son frère, puis seule depuis trois ans, ses 63 carreaux de 5m x 5m situés à la Prise de la Croix à Saint-Clément, un marais limitrophe de l’Illeau des Niges. Toutefois, la charge difficile de la remise en état annuelle du marais salant, un travail de longue haleine de mars à mai, est toujours réalisée par le papa, Dominique.
« Ma production, je la vends tous les matins d’avril à septembre sur mon banc au marché du Bois-Plage. Mon sel, c’est mon “or blanc”. Hélas, 2014 ne restera pas dans les annales avec seulement 10% de production par rapport à une année dite normale. On épuise nos stocks et on espère tous une année 2015 où nous serons moins tributaires de la météo ».
Il y a le sel, mais aussi le jazz
« En remportant le “Tremplin Soleil de Ré” 2010, cela m’a permis de me faire mieux connaître, et cela m’a ouvert des portes, notamment celles des festivals estivaux insulaires comme le Festival des Auteurs Compositeurs de l’île de Ré à Ars, Jazz en Ré à Saint-Martin et cette année, Jazz au Phare à Saint-Clément.
Depuis Montpellier, depuis le Jam, je ne chante que du jazz, du jazzpop, du jazz-rock, du jazz-reggae ; et ma plus belle aventure rétaise en la matière a été ma rencontre avec l’harmonie jazz ”Harmonies Swing” que dirige Bernard Perrain, inspirée de la musique jazz des années 20 à 40. En rejoignant le groupe en 2010, ce fut le début d’une belle aventure humaine autour de notre passion commune du jazz. Ma place en tant que chanteuse dans ce big band de plus de vingt musiciens s’est faite petit à petit, mais tout naturellement. En dehors d’ ”Harmonies Swing”, j’ai fait une saison de piano-voix à La Plantation, aux Portes, sinon, par amitié, par envie, il m’arrive d’aller chanter chez des restaurateurs amis. Et pour tout connaître de moi, en dehors du sel et du jazz… Il y a trois ans, je me suis achetée un ketch que j’ai habité pendant deux ans dans le port d’Ars avant de me décider à louer une petite maison à Saint- Clément. Sinon, je n’ai pas la télé, mais j’ai un ordi sur lequel je visionne des quantités de films. En général, en soirée, je suis musique, sorties entre amis et bateau. Enfin, depuis maintenant 19 ans, ma curiosité m’emmène tous les ans en voyage dans un pays différent. L’an passé, ce furent deux mois merveilleux, au Brésil. »
Lire aussi
-
Portraits
Une parenthèse iodée pour le comédien Hugo Becker
Entre une tournée nationale pour jouer la pièce de théâtre « Les variations énigmatiques » et la fin du tournage d’un film, rencontre avec Hugo Becker de passage sur l’île lors d’un week-end prolongé au Relais Thalasso de Sainte-Marie-de-Ré.
-
Portraits
Marine de Missolz, met la Cité au coeur de ses projets
Amoureuse de l’île de Ré, Marine de Missolz s’y pose définitivement le moment venu pour y créer sa compagnie La Mer écrite et faire ce qu’elle aime le plus au monde : étudier l’humain.
-
Portraits
Les trésors de mer de Sabine Franel
Sur le port d’Ars-en-Ré, Sabine Franel nous invite à franchir le pas de son atelier et à pénétrer dans son univers onirique où la laisse de mer se transforme en personnages fantastiques.
Je souhaite réagir à cet article