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Des mares de reproduction aménagées pour le crapaud à couteaux sur le Nord de l’île
Le Conseil départemental de la Charente-Maritime s’engage pour la gestion conservatoire du crapaud à couteaux entre Le Gillieux et la forêt du Lizay.
La distribution géographique des habitats du Pélobate cultripède (Pelobates cultripes) est relativement restreinte au niveau mondial. En France, il est présent sur le pourtour méditerranéen et la façade atlantique, l’île de Ré est proche de sa limite nord de répartition.
Le déclin de l’espèce est manifeste. L’urbanisation croissante, les pratiques agricoles intensives, l’introduction de prédateurs (écrevisses de Louisiane, poissons chats) ainsi que la contamination par produits phytosanitaires des terres agricoles entraînent la destruction ou la fragmentation de ses habitats. De plus, on craint un changement de salinité dans l’avenir accompagné d’une montée des eaux (comme sur le site d’Yves) du fait du réchauffement climatique qui s’opère.
Le Pélobate cultripède est une espèce protégée et considérée comme vulnérable dans la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale de la Conservation de la Nature.
Le crapaud à couteaux
Pelobates cultripes est un batracien fouisseur de taille moyenne, entre 5 et 10 cm, à l’attitude dressée, à la robe généralement jaune marbré de brun et à la pupille verticale dotée d’un iris doré. Il est équipé d’un éperon corné noir (aussi appelé couteau) sous chaque métatarse qui lui permet de s’enfouir, c’est pourquoi on l’appelle également le crapaud à couteaux. Il s’enfouit le jour et est actif la nuit.
Deux habitats et une départementale
Ses besoins spécifiques en habitats terrestres sont les milieux littoraux et alluviaux aux terrains meubles et aux couverts peu denses (la présence de lapins favorise l’espèce en maintenant une végétation rase) mais en terme de reproduction, il nécessite des mares peu salines (moins de 5 g/l), avec une bonne profondeur et inondées plus de 100 jours par an.
Dans la forêt du Lizay, qui compose son habitat terrestre, l’espèce a été découverte pour la première fois en 1998 par des naturalistes locaux alors qu’elle était certainement présente sur l’île depuis longtemps mais ses moeurs discrètes la rendent souvent peu détectable. Lors de l’élaboration du document d’objectif du site Natura 2000 animé par l’ONF, la population de Pélobate cultripède avait fait l’objet d’une première cartographie avec le concours de Jean-Marc Thirion, spécialiste des amphibiens. De 2010 à 2011, à la demande de l’ONF et de la DREAL, la population a été suivie, permettant d’estimer à 276 le nombre d’individus répartis sur une grande partie de la forêt du Lizay.
L’inventaire a mis en évidence que l’habitat de reproduction du batracien se situe dans les mares d’eau douce se trouvant en grande partie de l’autre côté de la départementale 101, ce qui met en péril sa présence sur notre territoire.
Fort de ces observations, et en guise de mesure conservatoire face à l’impact des travaux de la pointe du Phare des Baleines, le Département a considéré l’urgence de mettre en place des actions de gestion en faveur du Pélobate cultripède.
Aux abords du virage de la Solitude, sur la commune de Saint-Clément des Baleines, le Conseil départemental a, pour ce faire, acquis une parcelle. Les roselières y ont été faucardées afin de rétablir une végétation rase, des pelouses sableuses ont été fauchées et trois mares ont été aménagées. Le but étant de gérer, dans un rayon de 250 à 500 mètres, les habitats terrestres autour des habitats de reproduction en créant des corridors de circulation vers les mares temporaires. Le représentant sur l’île de Ré des Espaces Naturels Sensibles du département, Mr Lionel Assier espère que ces trois jas nouvellement créés seront inondés au moins de février à juillet et ce, deux années sur trois.
Quelques semaines seulement après l’aménagement de ces mares de reproduction, les biologistes constatent déjà la présence de plusieurs espèces d’amphibiens tels la rainette méridionale, le crapaud calamite, le pélodyte, ainsi que des grenouilles vertes. Une présence, doublée d’un bon niveau de pluviométrie, qui les laisse confiants pour la reproduction prochaine du pélobate cultripède.
Véronique Hugerot
Source : Jean-Marc Thirion de l’association OBIOS, Objectifs biodiversités
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