Marché de St Martin : Des commerçants très remontés
Loin de s’apaiser, les relations entre les commerçants du marché de Saint-Martin et les élus communaux se sont durcies à tel point que plus aucun dialogue aujourd’hui n’existe, si ce n’est par avocats interposés puisque le Syndicat Indépendant des commerçants non sédentaires de Charente-Maritime, présidé par Stéphane Guitet et représenté dans ce dossier par Laure Trichard, qui en est la vice-présidente, a décidé de se tourner vers le tribunal administratif, sur un vice de procédure faute de pouvoir attaquer sur le fond.
Le fond, quel est-il ? Un budget du marché – annexe au budget général – qui se doit d’être équilibré, qui plus est dans un contexte financier communal tendu, a amené les élus martinais à décider pour 2015 d’augmenter de + 30 % les loyers des bancs tandis que dans le même temps, pour une plus grande transparence économique, chacun paiera à l’avenir ce qu’il consomme en eau et en électricité grâce à des compteurs divisionnaires. Ces charges étaient auparavant intégrées dans les loyers.
Des comptes manquant de lisibilité, interprétés différemment
Si les commerçants approuvent ce dernier point, ils sont vent debout contre l’augmentation brutale de + 30% qu’ils souhaitent voir lisser sur plusieurs années. Et ils déplorent le manque de lisibilité des comptes et, plus encore, leur interprétation par les élus.
Le budget annexe du marché a enregistré un déficit de 39 000 € à la fin 2014, tandis qu’il était excédentaire jusqu’en 2010, est devenu déficitaire à partir de 2011 (déficit de 9300 €) et s’est ensuite progressivement dégradé. Plusieurs lignes de ce budget sont contestées par les commerçants, Laure Trichard en tête, qui a pu examiner l’intégralité des comptes.
« Depuis 2011, le budget est devenu totalement incohérent. Il y a près de 39 000 € d’impayés des commerçants du marché de 2008, qui ne sont plus là et que l’on veut faire supporter aux commerçants d’aujourd’hui, ce qui est profondément injuste. De plus le budget du marché intègre celui de la supérette Vival et du logement, qui ne sont pourtant pas soumis à la même augmentation que les commerçants de la halle. Ainsi les travaux de 321 700 € pour créer l’accès à la supérette sont imputés à l’ensemble des commerçants. Enfin, les amortissements sont traités par les élus comme des dépenses, alors qu’il s’agit d’une écriture comptable qui ne donne pas lieu à sortie de trésorerie… C’est ainsi qu’ils sont intégrés à hauteur de 61 065 € dans le budget 2015. Sans compter que les investissements de départ ont été subventionnés très largement par le Département, à hauteur de 70 % semble-t-il ».
Des investissements, mais aussi des abus passés, à amortir
La municipalité de son côté n’a pas la même lecture évidemment. Le Maire explique : « Cela ne me plaît pas de devoir procéder à une augmentation de 30 % et nous avons hérité d’une situation non gérée dans le passé. Tous les contrats sont revenus signés, personne n’a abandonné son banc, et je ne force personne à rester. Il y a eu des abus dans le passé, notamment sur les containers d’ordures, et désormais nous allons éviter les gabegies… ». L’Administration de la Mairie précise : « On cumule les déficits depuis 4 ans, par manque de recettes, et le prix des bancs n’a pas été augmenté dans le même temps. Il était ainsi nécessaire de rattraper les choses. De plus, la Commune a fait énormément d’investissements et de travaux, qui génèrent des amortissements importants de 61 000 €, qui sont bien des dépenses de fonctionnement que l’on paye face à des recettes d’investissement… Nous devions augmenter les loyers pour retrouver un budget excédentaire sur 2015, qui permettra de financer les travaux, c’est indispensable pour pérenniser ce marché. Certes le prix actuel de 727 € au mètre linéaire est plus élevé que ceux d’autres marchés rétais, mais nous sommes aussi le seul marché contraint en matière urbanistique. Nous ne pouvons installer des bancs à l’extérieur de la halle, ce qui limite considérablement les recettes. Par contre, nous sommes sans doute le seul marché de l’île qui peut ouvrir dans l’après-midi, compte tenu de la fréquentation du port en fin de journée, ce qui représente un chiffre d’affaires potentiel supplémentaire intéressant pour les commerçants qui optent pour l’ouverture entre 17h et 20h en juillet et août ».
Une issue de conflit incertaine
« Nous avons été acculés à renvoyer les nouveaux contrats signés, puisque le Maire a début juin dénoncé par lettre recommandée tous nos baux précaires (1 an, là où ceux du Bois-Plage sont de 3 ans) et que nous aurions sinon été expulsés en pleine saison… Nous allons devoir répercuter une partie de ces augmentations sur nos tarifs, ce qui est regrettable, la survie du commerce alimentaire de proximité dans Saint- Martin, la sauvegarde des emplois et des salaires sont en jeu » concluent les commerçants.
Une pétition circule ainsi depuis début juin sur le marché et les commerçants ont revêtu un tee-shirt estampillé : « Hausse abusive des loyers, mort du marché ».
L’issue de ce conflit paraît incertaine aujourd’hui, tant chacun campe sur ses positions, avec en toile de fond des équilibres économiques difficiles à trouver tant pour les commerçants que pour la commune en cette période de crise, mais aussi un relationnel qui a toujours été historiquement très tendu entre les élus martinais et les commerçants.
Un médiateur reconnu par les deux parties pourrait sans doute faire en sorte que le dialogue puisse reprendre et que des solutions soient trouvées, dans l’intérêt de tous.
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