Un mandat fait de passion et de liberté
Ré à la Hune a rencontré Olivier Falorni, député La Rochelle – île de Ré, qui a récemment confirmé son intention de briguer un second mandat parlementaire en juin prochain.
Ré à la Hune : Quel bilan tirez-vous de votre premier mandat parlementaire ?
Olivier Falorni : Je suis rentré dans ce mandat avec une totale liberté conquise par les élections de 2012, où j’étais seul contre les appareils politiques. J’use de cette liberté. Je suis un député libre et indépendant, en non un député « godillot » selon l’expression du Général de Gaulle. J’ai pu constater à plusieurs reprises lors du débat de la Loi sur la fin de vie que des parlementaires n’ont pas voté selon leur conscience mais en fonction de consignes, et c’est détestable. Je me suis battu pour qu’une assistance médicalisée au décès puisse être autorisée et sur un tel sujet de société, aux conséquences sociétales aussi profondes, la moindre des choses aurait été que chaque parlementaire vote en conscience.
La Constitution interdit le vote impératif, mais les groupes parlementaires s’arrogent ce droit-là. A ceux qui sont venus me dire qu’ils étaient sur le fond d’accord avec moi mais qu’ils ont suivi les consignes de leur parti, j’ai rétorqué violemment que sur un tel sujet, aux conséquences aussi lourdes pour des individus qui subissent une fin de vie abominable, les logiques politiciennes et partisanes n’ont pas leur place.
« Le sectarisme et le dogmatisme sont mortifères pour la vie politique, qui est un mauvais théâtre. »
C’est le symbole même de ce que je ne supporte pas dans la vie publique. Le sectarisme et le dogmatisme sont mortifères pour la vie politique, qui est un mauvais théâtre. Dès que les caméras sont là, on assiste à un spectacle désolant.
Pourquoi alors avez-vous décidé de vous représenter devant les électeurs pour un nouveau mandat ? Et ne craignez-vous pas de devenir un député d’opposition, si la droite gagne la Présidentielle ?
Fort heureusement, le travail en commission est beaucoup plus consensuel, pragmatique et constructif. Quant à être dans l’ « opposition », je resterai libre vis-à-vis d’un pouvoir de droite, comme je le suis avec un pouvoir de gauche. Je ne suis ni dans l’approbation ni dans l’opposition systématiques. Un mandat de député, on en fait ce que l’on veut, il faut de la volonté. Je respecte les positions des uns et des autres, même s’ils sont en désaccord avec moi et vais jusqu’au bout de la réflexion. L’affrontement d’idées est passionnant. J’ai mené mon mandat avec passion et liberté et j’ai saisi les outils qu’offre la Constitution. J’ai aussi fait le choix d’exercer ma fonction de député à plein temps, et de ne pas cumuler les mandats.
Quelles sont justement les prérogatives d’un parlementaire ?
Un député a deux pouvoirs majeurs, de contrôle et d’investigation, qui sont la substance même de son mandat. Ainsi j’ai déboulé de manière inopinée à la Maison Centrale de Saint-Martin et j’ai exercé ce double pouvoir en m’investissant dans quatre commissions d’enquête : sur les filières djihadistes, sur les attentats du Bataclan, sur les moyens de Daesh et enfin sur les conditions des abattoirs en France.
Les médias jouent-ils un rôle important ?
Oui car après avoir constaté, il faut obtenir. Les médias nous confèrent un pouvoir d’interpellation essentiel. Dans l’exercice d’un mandat il y a le savoir-faire du député, mais aussi le faire-savoir. J’ai pointé du doigt des dysfonctionnements importants, si les médias ne les avaient pas relayés, je n’aurais pas eu la force suffisante pour mener le combat.
Un exemple typique est l’affaire de la Maison Centrale de Saint-Martin de Ré. J’ai découvert une zone de non droit dans les « casinos », ai pointé du doigt qu’un gymnase était attendu depuis vingt ans, et j’ai attiré l’attention des Pouvoirs Publics sur la situation des agents pénitentiaires de Saint-Martin. L’une des préconisations de la commission d’enquête sur les filières djihadistes est la mise en place d’un Renseignement pénitentiaire digne de ce nom, qui soit à l’intérieur des prisons pour suivre l’évolution des détenus et évaluer leur degré de dangerosité. Il s’agit d’un métier complet de collecte des informations, de leur traitement, mais aussi de leur analyse. Les prisons ne doivent pas être des incubateurs du Djihadisme, ni une pépinière de terroristes.
Votre mandat ne s’achève pas avec votre candidature aux prochaines Législatives…
C’est justement pour cela qu’il est trop tôt pour dresser un bilan complet de ce mandat. Nous avons déposé très récemment une proposition de Loi qui sera débattue le 12 janvier 2017 et dont le point principal concerne l’instauration obligatoire d’un contrôle vidéo dans les abattoirs français sur les zones où les animaux sont manipulés.
Nous avons obtenu que la maltraitance sur les animaux en abattoirs et durant leur transport devienne un délit pénal, l’animal ayant été reconnu comme un être vivant doué de sensibilité. Je souhaite à terme arriver à une constitutionnalisation des droits des animaux, adosser à la Constitution une Charte des droits des animaux, afin de sécuriser sur le plan du droit le respect de l’animal. Il s’agit d’un travail de longue haleine.
Vous êtes aujourd’hui très critique sur le Président de la République, François Hollande ?
Oui, je suis profondément déçu par la façon dont François Hollande a exercé sa fonction de chef de l’Etat, il a fragilisé l’Institution République. Il a exercé son mandat solitairement, c’est un homme qui décide tout seul. La sortie de son livre m’a consterné. Je ne pardonne pas non plus l’un des grands renoncements – voire reniements – de son quinquennat, sur le droit de mourir dans la dignité, car il s’agissait d’un engagement de sa campagne.
« Je ne pardonne pas le reniement du Président François Hollande sur le sujet du droit de mourir dans la dignité. »
Quelle est votre motivation première pour vous présenter pour un nouveau mandat ?
Je souhaite aller au bout des trois combats que j’ai entamés. Obtenir pour tous le droit à une fin de vie digne, lancer le processus de la constitutionnalisation du respect de l’animal, et enfin le radicalisme islamiste ne cessera de me préoccuper, il s’agit de la défense de notre territoire.
Quels sont vos principales satisfactions sur des sujets qui concernent plus spécifiquement notre territoire La Rochelle – l’île de Ré ?
Je vais vous citer trois exemples, mais il y en a bien d’autres. J’ai fait partie des rares parlementaires à avoir demandé à Jean-Yves Drian la mise en place d’un service militaire volontaire et j’ai obtenu que l’un des trois centres tests soit créé à La Rochelle. Cette première « promotion » est une grande réussite, avec 83 % d’insertion professionnelle.
Concernant l’île de Ré, j’ai pu obtenir la préservation de son autonomie par rapport à l’Agglomération rochelaise. La Loi NOTRe prévoyait un seuil minimal de 20 000 habitants pour justifier d’une intercommunalité, j’ai pu obtenir une dérogation insulaire.
Enfin, j’ai eu gain de cause sur la sauvegarde du centre de déminage de La Rochelle, au terme de longues semaines de discussions avec le ministère, alors que les trois autres centres visés en France ont été fermés.
Le mot de la fin ?
Je suis un député au boulot, non pas godillot !
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