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Maison centrale de Saint-Martin-de-Ré : silence, ça tourne!
Le 11 décembre dernier, la salle Vauban de Saint-Martin-de-Ré était pleine, à l’occasion de la projection de dix courts métrages réalisés par des détenus de la Maison Centrale, sous le titre « Vision dehors-dedans ».
Un point du vue essentiel qui nous est offert par les principaux intéressés pourtant rarement entendus, les détenus, et qui questionne avec sensibilité notre regard sur la prison.
Depuis 2001, un atelier d’écriture et de réalisation de courts métrages mené avec les détenus
Cette projection est le fruit de la riche collaboration qui dure depuis dix-sept ans entre le Festival international du film et le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation). Un atelier d’écriture et de réalisation de courts métrages est ainsi proposé aux détenus de la Maison Centrale de Saint-Martinde- Ré sous les parrainages successifs des cinéastes Bertrand van Effenterre, José Varéla, Jean Rubak, Amélie Compain et Vincent Lapize.
Depuis 2001, vingt-quatre films ont ainsi été produits, réalisés et diffusés pendant le Festival international du film (et dans d’autres festivals en France) en présence, si possible, des réalisateurs et scénaristes.
Ils sont dix à douze détenus à participer chaque année à ces ateliers qui les occupent pendant plusieurs mois. Certains sont présents depuis le début du dispositif et, selon la coordinatrice culturelle du SPIP, sont aujourd’hui devenus de vrais « professionnels du cinéma ». Et c’est vrai que ces dix courts métrages, bien que tous très différents, surprennent par leur professionnalisme et la qualité de leur réalisation.
Une réflexion sur l’incarcération et la liberté
A travers ces différents courts métrages, les détenus, pour la plupart condamnés à perpétuité et pour certains enfermés depuis vingt ans, nous font partager des bribes de leur quotidien en prison. Si ces productions revêtent toutes des formes assez différentes (dessins animés, documentaires, films), certains messages reviennent avec force et de façon récurrente.
Un message que l’on retrouve ainsi dans presque tous les courts métrages frappe particulièrement : la force et la volonté de s’en sortir comme des préalables essentiels pour ne pas sombrer en se laissant aller à la dépression ou à la folie, très répandues en prison. Pour cela, chaque détenu doit trouver sa propre raison de s’accrocher toutes ces années. On imagine combien ces ateliers ont pu jouer un rôle important pour ces hommes face au désoeuvrement, à la solitude des prisons.
Très poignante également, la réflexion qui traverse les oeuvres sur la liberté et l’espoir : une vue sur la mer depuis une douche qui offre à un détenu chaque matin six minutes de joie, un oiseau qui vient tous les soirs manger les miettes posées par un autre sur le rebord de la fenêtre de sa cellule, des portes peintes sur les murs intérieurs de l’enceinte qui ouvrent sur la mer ou des jardins imaginaires luxuriants…
Dans un autre registre, le recours à l’humour, à l’autodérision, dans plusieurs courts métrages nous ferait presque parfois oublier où l’on se trouve et en compagnie de qui… Un détenu dépeint ainsi dans son court métrage un monde où la délinquance et parallèlement le taux de fréquentation des prisons dégringoleraient au grand dam des industriels du béton. S’en suivent des dialogues savoureux entre le directeur de prison et son service commercial (joués par des détenus !) qui réfléchissent à une opération commerciale « La prison pour tous » : la prison comme objectif touristique avec le développement d’un parc hôtelier en prison, l’instauration d’un service carcéral qui remplacerait l’actuel service militaire. Un autre documentaire « Radio Zonzon » est entrecoupé de clips publicitaires factices. L’un de ces clips ne manque pas d’ironie en proposant à la vente une crème de jeunesse éternelle « la citadelle » testée au fil des ans par un détenu incarcéré depuis une vingtaine d’années !
Autant d’émotions et de réflexions qui ont permis aux spectateurs présents de découvrir un facette plus secrète et intime de la vie de ces détenus en prison. Bravo à eux !
Margaux Segré
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