Mais qui se cache derrière Fabien ?
Depuis quelques mois, la page Facebook de la gendarmerie de Charente-Maritime connaît un véritable engouement grâce à une communication décalée autour des tribulations d’un certain Fabien, délinquant notoire. Le tout au service d’un message de prévention
« Fabien et son imagination fertile, pensait, avec d’autres amis, user d’un subterfuge pour tromper la vigilance des gendarmes (…) Donc, non, Fabien, le maquillage d’une plantation de cannabis en jardin arboré, ça ne marche pas… bravo aux enquêteurs pour cette saisie de 70 pieds de cannabis ». Des posts de ce style, il y en a quasiment tous les jours sur la page Facebook de la gendarmerie de la Charente- Maritime. Entre textes à l’humour décalé, proverbes du jour, photos loufoques de chats ou extraits du film Les Visiteurs, les gendarmes révèlent une facette assez éloignée de l’image qu’on se fait d’eux : l’humour… En l’espace d’un an, la page Facebook est passée de 10 000 à 25 000 abonnés, signe d’un véritable engouement.
Community manager
Lorsqu’il est nommé en août 2019 officier adjoint de commandement (numéro 3 de la gendarmerie dans le département), Sébastien Letellier arrive avec des idées neuves, et la volonté de dépoussiérer la communication de l’institution, longtemps considérée comme la « grande muette ». « Nous avions une page Facebook depuis quelques années, mais elle vivotait. J’ai donc proposé de m’en occuper, à condition d’avoir carte blanche ». En plus de son rôle de « chef d’Etat-major », de responsable du dossier « prévention de la délinquance » en Charente-Maritime et de pilotage de nombreux évènements comme dernièrement le Tour de France, Sébastien Letellier prend en charge la communication. Celle-ci, en 2020, ne peut plus se résumer à des contacts réguliers avec la presse mais doit passer par les réseaux sociaux. Par la force des choses, il devient une sorte de Community manager, prenant sur son peu de temps libre la responsabilité de cette page. « Il n’y a pas vraiment d’organisation ou de service dédié, c’est uniquement à l’initiative de quelques gendarmes ». S’appuyant sur les remontées de terrain des différentes brigades, y compris pour les photos, il rédige lui-même la plupart des posts à partir d’histoires vraies, aidé par le gendarme Yoni Ginjolet.
Créer de la proximité
Traditionnellement, ce genre de pages est suivi majoritairement par les journalistes, les politiques ou les institutionnels : avec cette nouvelle audience, la gendarmerie touche un public plus large, ce qui était un des objectifs recherchés. « Nous voulons créer de la proximité avec le public, mais on ne peut pas y parvenir si on reste trop institutionnel. Il faut être plus léger, plus frais et ne pas hésiter à y mettre de l’humour ». Sa personnalité colle parfaitement avec cette ambition : connu pour sa rigueur dans son travail, il privilégie le management de ses équipes par la bonne humeur. Pour éviter toute faute de goût, il s’impose des règles strictes : une réunion chaque lundi pour définir un planning des publications, une relecture systématique le lendemain de l’écriture avant la diffusion du post et l’avis de son chef au moindre doute. « Nous nous exprimons au nom de l’institution, et mon chef est responsable de ce que nous publions, il faut donc toujours trouver le juste équilibre pour ne pas nuire à l’image de la gendarmerie », confie Sébastien Letellier. Tout ce qui touche aux violences, sous toutes ses formes, n’a pas sa place, afin d’éviter de heurter les victimes ou d’entraver une procédure judiciaire en cours. Créer la polémique sera contre-productif, d’où ces garde-fous.
Messages de prévention
Par ailleurs, l’humour est systématiquement au service d’un message de prévention : alcoolémie au volant, grand excès de vitesse, consommation de stupéfiants, refus de l’autorité, sécurité au volant. Il s’agit également de mettre en valeur le travail des gendarmes sur le terrain, dont le quotidien est davantage basé sur la prévention que sur la répression. « Les gens imaginent qu’on passe notre temps à verbaliser au bord de routes, alors que ce n’est que 10 % de notre activité. Tout le reste, c’est de la prise en charge, des problèmes de conflits de voisinage, de tapages ou de cambriolages ». Depuis le déconfinement, la page a encore gagné en popularité avec l’invention par Sébastien Letellier de « Fabien », personnage qui joue le rôle de fil rouge des différents posts. « Je suis le premier surpris par le succès de Fabien, il est devenu un personnage incontournable avec une sorte de fan club, même au sein de notre maison », rigole le militaire. Mais au juste, qui est Fabien ? « C’est un homme, grosso modo entre 25 et 50 ans, qui conduit sans permis, sans assurance, en état d’ébriété ou sous l’emprise de cannabis et qui n’aime pas les lois ». Ce délinquant notoire, par ses comportements excessifs et dangereux, permet au public de s’identifier à lui et de dénoncer, par l’humour, l’absurdité de ses comportements. Devant le succès de Fabien, que Sébastien Letellier verrait bien en personnage de BD, le chef d’escadron a décidé d’ouvrir, début septembre, un compte twitter. Avec la volonté de toucher un public différent, plus citadin et upper class que sur Facebook, et un nouvel exercice de style : écrire encore plus concis, tout en restant percutant et drôle.
Violences intrafamiliales : des Clap sur l’ensemble du département
Lorsqu’il était en poste dans la Somme, Sébastien Letellier a eu l’idée de créer une Cellule de lutte contre les atteintes aux personnes (Clap), dont l’objectif est d’offrir une prise en charge de qualité aux victimes de violences, notamment les violences faites aux femmes, grâce à des équipes spécialement formées et dédiées à ce sujet.
A son arrivée en Charente- Maritime, il met en place la première Clap du département à La Rochelle, en décembre 2019, puis début 2020 à Jonzac, Rochefort et Saintes.
La cinquième, tout juste inaugurée à Saint-Jean d’Angély, permet désormais un maillage complet du département. « Nous sommes le premier département à avoir créé cette uniformisation sur tout un territoire. Désormais, les victimes sont prises en charge de la même manière, où qu’elles se trouvent », se félicite Sébastien Letellier.
Outre la prise en charge d’une victime, il s’agit d’assurer son accompagnement sur le plan social et de traiter plus rapidement les dossiers (moins de 40 jours aujourd’hui grâce au dispositif).
Cette initiative, que Sébastien Letellier a récemment présentée lors d’un séminaire national, pourrait faire des petits un peu partout en France.
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