Maintenir les équilibres
Ré à la Hune : Quelle est la réalisation accomplie au cours de votre dernier mandat, dont vous êtes le plus fier ?
Léon Gendre : Avoir permis à 23 couples primo-accédants de faire construire leur maison à des prix défiant toute concurrence, en bénéficiant de l’aide de l’État. Pour monter le dossier, nous avons surmonté un vrai défi , toutes les conditions étaient réunies pour échouer. En juillet 2011, j’apprends par la DDE que le dispositif national Pass foncier à taux zéro ne serait valable que jusqu’à la fin de l’année. Nous n’avions que trois mois pour tout mettre en place, c’était quasi impossible à réaliser. J’ai demandé à la DDE de rogner 5 000 m2 du terrain du camping. Il a fallu trouver le bailleur social, puis contacter de futurs acquéreurs de parcelles qui correspondaient aux critères du Pass foncier. Nous leur avons cédé des parcelles de 100 m2 au prix de 250 € le m2. Nous avons dessiné les maisons avec notre architecte urbaniste. Le 30 mars 2012, moins d’un an après, l’éco-quartier de Bel Air était né. Les propriétaires n’ont pas le droit de spéculer. Les T4 et T5 leur ont coûté entre 160 et 190 000 €. S’ils veulent vendre, ils doivent passer par le bailleur social qui, à son tour, revend à un primo-accédant.
Vous aviez déclaré au début du dernier mandat qu’il serait dédié aux jeunes. Concrètement, qu’avez-vous entrepris ?
Le recrutement des futurs conseillers municipaux avait été fait dans ce sens. Nous avions une lacune et du retard, nous ne nous étions pas assez occupé des jeunes. Trois millions d’euros ont été investis pour les équipements sportifs, dont la création du City Stade. Nous avons maintenu six classes élémentaires et trois maternelles. Lorsque le dispositif de la classe Passerelle a été supprimé par l’État, nous l’avons substitué, en 2010, par la création du Jardin d’Éveil. Ce n’est pas une garderie, c’est une vraie classe de 22 enfants, de 2 à 3 ans, pour laquelle nous avons recruté une enseignante diplômée. L’initiative est 100 % communale. Nous avons aussi modernisé notre centre de loisirs en doublant sa superficie, il a été ouvert début octobre.
Fin 2011, La Flotte a décidé de faire cavalier seul pour la gestion des friches, des landes et des bois. Quelle en est la finalité ?
Ma quasi obsession est que la commune ne soit pas recouverte de friches et de ronces. Elle dispose de 1000 ha de zones naturelles. La protection environnementale va de pair avec l’activité économique primaire. Pour gérer ces zones naturelles nous avons signé une convention avec Nature Environnement 17, l’ONF, Ré Nature Environnement et la LPO. Cette convention nous donne de l’autonomie. L’agriculture est éternelle, c’est là que doivent porter nos efforts. Avec la reconquête des terres agricoles et leur classement en AOC pommes de terre, nous avons donné le coup de pouce à trois agriculteurs bio. Un maraîcher va prochainement planter un verger. La commune a investi 1 200 000 € pour créer un bassin de substitution et de retraitement de l’eau. Dans un site classé, monter ce dossier n’a pas été facile. Le permis de construire pour le germoir de pommes de terre est déposé. Quant au développement de la zone ostréicole du Preau, le projet date de 2008. Dix professionnels y sont installés dont trois sur une parcelle de 6000 m2, propriété de la commune. Nous allons signer avec eux un bail emphytéotique de 60 ans.
Xynthia, février 2010. Qu’avez-vous appris de cette épreuve ?
Se retrouver avec 275 maisons sinistrées et deux personnes décédées a été un choc. Je me suis jeté à corps perdu dans l’après Xynthia. Trois mois durant je n’ai fait que cela. J’ai ouvert une cantine gratuite pendant quinze jours, j’ai assuré le relogement des sinistrés et je leur ai fourni 85 000 € d’aides. La population m’a fait confiance et m’a porté. Dans l’urgence, un batardeau de protection contre les risques de submersion a été construit à la Clavette.
Les rues de La Flotte se sont embellies. Était-ce une priorité ?
Nous avons mis six ans pour effacer les réseaux aériens sur tout le territoire de la commune et vingt ans pour rénover les rues. 54 venelles ont été refaites. La vie de la commune est concentrée dans le centre bourg, dans un rayon de 150 mètres autour du port : poste, commerces de proximité, marché, banques, mairie, tout se fait à pied. C’est important si l’on souhaite une vie permanente intense.
Comment conciliez-vous activité touristique et vie permanente ?
Le tourisme contribue au maintien de la vie permanente. En plus le touriste aime découvrir les activités rétaises, terre et mer. C’est un équilibre. En 2008, La Flotte a été classée station touristique. La reconduction du label Beaux Villages de France est une satisfaction, car pour l’obtenir la porte est étroite. Nous avons confié la gestion de notre camping municipal à Flower Campings, le bénéfice net pour la commune est équivalent. Quant aux festivités estivales, je souhaite que l’on se souvienne de son été à l’île de Ré. Voir 12 000 personnes sur le port, un seul soir, m’enthousiasme !
Avez-vous une déception, un projet non abouti ?
Au début du dernier mandat, le foyer-logement pour personnes âgées était un de nos objectifs. Mais nous n’avons pas pu tout faire, nous n’étions pas prêts, les conditions administratives n’étaient pas réunies. Il faut continuer, j’ambitionne de mener à terme ce dossier.
Au terme de six mandats, n’êtes-vous pas lassé ?
Pas du tout. Chaque jour est une découverte. Être maire c’est passionnant, mais vous ne devez rien en attendre. Si vous avez la compétence vous pouvez changer les choses. L’équipe du dernier mandat est forte, compacte et homogène, elle a su gérer et porter aux Flottais, les plus aisés comme les plus modestes, ce qu’ils attendaient. Sans être présomptueux, je peux dire que chacun de mes mandats a été positif, à des degrés différents. Ma profession de foi est toujours la même : dynamisme et harmonie. Il y a deux ans, j’ai décidé de faire des sauts de puce, dans les îles du Ponant qui n’ont pas de pont : Bréhat, Batz, Ouessant, Molène, Groix, Houat, Hédic, BelleÎle et l’île d’Yeu. À l’arrivée, je louais un vélo et j’allais à la rencontre des maires. Cela a été une expérience enrichissante, dont je me suis inspiré pour mettre en oeuvre certaines actions de la commune.
Vous vous représentez en vue d’un 7ème mandat. Allez-vous figurer dans le livre des records ?
En Charente-Maritime, sur 472 maires dix ont été élus en 1977, ils ont fait six mandats et sont toujours en poste. Ma prochaine équipe sera constituée de fidèles auxquels je donne priorité. Et puis gouverner c’est prévoir. Pendant les six ans de mandat vous exécutez ce que vous avez élaboré les six années précédentes et vous préparez la suite. Mon futur mandat est prêt. Mes priorités pour demain sont le logement des jeunes couples, la protection environnementale du territoire et l’intensification des activités primaires, agricoles et ostréicoles. Si je suis réélu, je rentre la tête la première et je plonge.
Voir les bilans de mandat à Ars, au Bois-Plage, à La Couarde , La Flotte, Loix, Rivedoux, Sainte-Marie, Saint-Martin, Saint-Clément
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