Luc Clément-Colas et Judith Hébert s’engagent autour des valeurs vertes et humanistes
Si l’une est adhérente à Europe Ecologie Les Verts et l’autre simple sympathisant, les deux candidats souhaitent porter dans ces élections départementales un programme conciliant écologie, social et solidarité
Vivant depuis près de trois ans à La Flotte, où ses grandsparents ont acquis une maison dès le début des années 1970, originaire de Charente, Luc Clément-Colas s’est très tôt engagé dans l’aide sociale à l’enfance et dans l’action humanitaire dans le domaine de l’enfance.
Un engagement pour la cité
Il a passé les concours pour rejoindre le Ministère des Affaires Etrangères où il travaille depuis 18 ans, a été Consul dans différents pays étrangers, avant de revenir s’installer en France, sur l’île de Ré, avec ses deux filles, pour une dizaine d’années. « Mon projet de m’engager pour la vie de la cité est arrivé à maturité, pour quelques années. J’ai répondu à l’appel à candidatures lancé à l’automne 2020 par EELV. Nous sommes à une période charnière pour l’île de Ré, j’ai envie de défendre un projet collectif, séduisant, axé sur l’écologie et la préservation environnementale, pour l’île de Ré, cette terre qu’on aime. »
Originaire de La Flotte, Judith Hébert a grandi entre cette commune et celle de L’Houmeau. Après des études à la Rochelle et Tours, et un début de carrière professionnelle, elle suit son mari en zone franco-suisse. Mère de trois enfants, après 20 ans dans l’agro-alimentaire, elle administre un musée, se présente aux élections municipales de Grilly dans l’Ain, où elle fait un mandat dans l’opposition, puis en devient maire de 2014 à 2020, avec un « bilan très vert ». Partie 26 ans de l’île de Ré, elle y revient à la mi-2020, est en transition professionnelle et adhère à EELV, afin de s’engager activement.
Le foncier et la solidarité, deux priorités
« L’île de Ré est un territoire pilote, sur lequel toutes les questions du Département sont concentrées : littoral, agriculture, pression foncière et urbanistique, logement… Nous sommes confrontés au changement climatique, tout le littoral est concerné. La vie associative est très dynamique sur l’île de Ré, où vivent de grands esprits, il y a moyen d’y mener une politique modérée moderne et écologique, une vraie politique environnementale et écologiste, grâce à l’écotaxe, pour l’utilisation de laquelle il faudrait dresser un bilan en vraie transparence. »
« En matière de préemption, une fois les espaces acquis, il faut agir de suite, dans les deux ans au maximum, soit démolir soit réfléchir à un projet et engager rapidement des travaux. »
Le binôme écologiste s’inquiète du départ à la retraite programmé de la moitié des agriculteurs de Charente- Maritime d’ici à 2030. « Il faut trouver des outils pour que les anciens puissent transmettre leurs terres, donner aux jeunes un bail pour cultiver les terres de façon écologique, et leur permettre de se loger. La politique foncière est liée à la politique de solidarité, afin de maintenir une agriculture sur l’île et une vie permanente. Le Département pourrait mettre à disposition des terres via un bail emphytéotique, monter un Office de l’habitat foncier, comme cela existe ailleurs. »
Pour favoriser la vie à l’année, le binôme EELV souhaite aider les primo- accédants à la propriété, revaloriser les métiers d’aide à la personne : « le Département a la main sur une partie des salaires des aides à domicile », favoriser le maintien à domicile, bref que le social soit une priorité.
« Je ne comprends pas que la Majorité départementale ne prenne pas conscience de cette nécessité, alors que la Charente-Maritime est un département où la proportion des personnes âgées est très importante », s’interroge Luc Clément-Colas.
Un plan de relance de proximité
Le binôme regrette aussi que les plans de relance, sollicités par l’Etat, soient axés sur des projets de travaux publics, portés par des grandes entreprises, et non pas sur la proximité, tout ce qui fait le quotidien des Rétais. « Un plan de relance de proximité, axé sur les commerces et services de proximité, sur l’économie sociale et solidaire, les associations, les TPE, serait bien plus utile à notre territoire. »
Protéger l’île collectivement
En matière de préservation environnementale et protection du littoral contre les submersions marines, les candidats écologistes estiment qu’il convient d’agit collectivement. Citant comme exemples les actions de l’association Dunes Attitudes, l’importance de l’entretien des écluses à poisson, patrimoine rétais qui sert de brise-lames et protège la côte, ou encore le rôle de tampon joué par les marais entretenus pas les sauniers, ils pensent qu’il faut associer les habitants à cette protection. « La Charente-Maritime est composée pour 1/7ème de marais, terres inondables, ceux-ci doivent constituer un outil de gestion pour une défense douce des côtes. »
« Small is beautiful, beaucoup d’actions peuvent être collectives, pas spectaculaires, mais très efficaces. Par ailleurs, il faut que le Département soit exemplaire en matière de sobriété énergétique. » Interrogés par Ré à la Hune sur leur position quant au projet de parcs éoliens au large de nos côtes, Judith Hébert et Luc Clément-Colas souhaitent que les décisions soient prises via des votations, que la démocratie participative soit exercée. Ils affichent toutefois clairement leurs convictions : « Il faut des projets éoliens à taille humaine, là on a explosé ce projet en termes de taille, on est sur du Green Capitalisme, qui va bénéficier à des entreprises étrangères et certainement pas à l’économie locale. L’éolien ne se fera pas sans débat et consultation citoyenne », estiment-ils.
Pont, voirie et pistes cyclables
Autre sujet sur lequel les écologistes souhaitent un vrai débat public : qui doit payer l’entretien des ponts du Département. Et pour l’île d’Oléron, la décision de réinstaurer un droit de passage via une écotaxe doit faire l’objet d’un débat public. « Un vrai débat doit avoir lieu sur Ré et sur Oléron. »
Le binôme souhaite aussi mettre l’accent sur la rénovation des routes en zones rurales, et le déploiement d’un réseau vélo-route qui suivrait la route départementale, permettant d’aller en toute sécurité à l’école et au collège. « Développer le réseau des pistes cyclables le long des RD est tout à fait possible, l’emprise des routes est bien plus large, et cela permettrait de réduire notre empreinte goudron. Enlever un mètre d’asphalte sur 1000 km (il y a 6000 km de RD) et dédier cet espace à des réseaux doux et à la nature, en apportant de la biodiversité sur les abords, permettrait de rééquilibrer et serait loin d’être anodin. »
Réaménagement du collège, centrale d’achat bio
« Il faut réfléchir à l’aménagement du collège, y poser des panneaux solaires, isoler les bâtiments et les ventiler, être exemplaire sur le réseau des eaux. La sobriété énergétique est le meilleur outil en matière de transition, les économies seront ainsi récurrentes, chaque année. Quant au projet d’internat, il faudrait y associer élèves et enseignants. La cour du collège doit être désasphaltée, afin d’y réintroduire de la biodiversité, et éviter que ce soit une cour « genrée » (les cours des écoles et collèges en France font la part belle aux jeux de ballons, plus pratiqués par les garçons, NDLR). Il faudrait aussi mettre en place une centrale d’achat départementale, avec priorité donnée au local et au bio, et non pas aux grandes exploitations agricoles. Le Département a un rôle à jouer avec la Région pour identifier les agriculteurs volontaires et les accompagner vers le bio, sur 3 ou 4 ans, grâce à des revenus constants toute l’année. Cette centrale d’achat servirait pour les collèges, les Ehpad et pourrait être ouverte aux directeurs d’achat de la restauration collective. »
Un projet alternatif pour Ré
En matière économique, le binôme écologiste souhaiterait que les activités touristiques soient davantage vers la découverte des milieux naturels et du patrimoine rétais.
Il fait partie du collectif « Charente- Maritime, cap vers un avenir écologique et solidaire »,composé d’acteurs de la société civile et de membres des partis EELV, Génération.S et Gauche républicaine & socialiste. Des binômes issus de ce collectif sont présents dans douze cantons sur les vingt-sept cantons que comporte la Charente-Maritime, et même dans vingt cantons si on inclue les remplaçants.
Favorable au non cumul des mandats, s’il est élu le binôme rétais se consacrera à son mandat de conseiller départemental et à rien d’autre. Il n’envisage pas ne pas être au second tour et de devoir appeler à voter pour un autre binôme.
« Nous portons un projet alternatif, enthousiasmant pour l’île de Ré » sera le mot de la fin de cette interview.
CONTACT
eelv17.departementales@gmail.com
LEUR BIOGRAPHIE EN BREF
Candidats
– Luc Clément-Colas, 47 ans, Ministère des Affaires Etrangères (en télétravail), vit à La Flotte
– Judith Hébert, 51 ans, en reconversion professionnelle, vit à Rivedoux-Plage
Remplaçants
– Marie-Helène Scotto La Masses, 57 ans, formatrice et dirigeante d’association, résidant à Sainte- Marie de Ré
– Paul Rivet, 32 ans, ouvrier en saliculture, résidant à La Rochelle
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