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Logement : « une situation extrêmement inquiétante »
La pénurie de logement inquiète les élus du conseil départemental de Charente-Maritime. Des idées de solutions ont été évoquées lors de la dernière assemblée pour tenter d’enrayer un phénomène accentué par les confinements.
La crise du logement qui touche les étudiants rochelais cet automne ne concerne pas que la jeunesse. Le mal semble ronger l’ensemble de la Charente-Maritime, du moins sa bande côtière, de La Rochelle à Royan, en passant par les îles. Partout les élus font le même constat : les Maritimes ont de plus en plus de mal à se loger. Trouver une location était déjà un parcours du combattant avant le Covid. Aujourd’hui, c’est quasi mission impossible. Quant aux biens à la vente, ils deviennent hors d’atteinte pour la plupart des locaux.
Depuis la fin des confinements, le conseiller départemental de Tonnay- Charente Lionel Pacaud constate un phénomène nouveau : « On voit tous les jours dans nos mairies des jeunes et des salariés modestes débarquer en nous demandant de l’aide parce qu’ils n’arrivent pas à se loger ». La conseillère départementale oléronaise Dominique Rabelle dresse un bilan encore plus tragique : « Sur l’île d’Oléron, il n’y a plus un seul bien à vendre. Les propriétaires demandent désormais à leurs locataires de quitter leur logement pour revendre leurs biens immobiliers à des résidents secondaires ». Dans certaines communes, ces derniers représentent désormais 70% des foyers. Un phénomène également constaté sur l’île de Ré (la part des résidents secondaires aurait progressé de +30 %) et à La Rochelle (+11%). Mêmes les programmes de constructions menées par certaines collectivités ne suffisent plus. « A Vaux-sur-Mer, on a construit 700 logements. Le problème, c’est qu’à 90%, ce sont des gens de Poitiers ou de Paris qui viennent s’installer et nos jeunes sont toujours en attente d’un appartement », témoigne le conseiller du pays royannais Patrice Libelli, où le foncier atteint désormais 5000 € le mètre carré.
Tous les logements concernés
La rochelaise Marylise Fleuret- Pagnoux n’hésite pas à qualifier la situation « d’extrêmement inquiétante », car la tension concerne tous les pans du logement, qu’il soit étudiant, social ou privé. « Il nous arrive, grâce ou à cause du Covid – vous choisirez – des télétravailleurs venus des grandes villes, avec un pouvoir d’achat plus élevé, qui font monter les prix », constate-t-elle. Elle explique que cette flambée des tarifs couplée à la pénurie de biens à des conséquences directes sur le logement social : depuis la rentrée scolaire, l’office HLM a enregistré 1000 demandes de logements supplémentaires, portant à 10 000 le nombre de foyers sur liste d’attente. Le phénomène est accentué par les nombreux achats d’investisseurs dans des logements de petite taille qu’occupent traditionnellement le public étudiant, pour faire de la location touristique en RBNB. « Aujourd’hui, nous en avons 6000 sur la plateforme rien qu’à La Rochelle, c’est autant de locations longue durée en moins », soulignet- elle. Elle rappelle qu’en parallèle, les entreprises locales recrutent mais peinent dans le même temps à trouver de la main d’oeuvre, faute de logements accessibles aux bas salaires. Face à ce constat, Marylise Fleuret- Pagnoux implore la présidente du Département Sylvie Marcilly de saisir la ministre du logement Emmanuelle Wargon. « Au premier semestre 2021, elle devait nous sortir un texte de loi pour encadrer ce type d’investissement. La situation devient critique, c’est urgent », plaide-t-elle.
DMTO, pas un cadeau
De son côté, l’élu du canton de Marennes Mickaël Vallet vient rappeler que la hausse des revenus du Département engendrée par l’augmentation des transactions immobilières et celle de la taxe qui va avec (les droits de mutation à titre onéreux ou DMTO, NDLR) n’est pas forcément un cadeau. Paraphrasant l’ancien maire de La Flotte Léon Gendre, il estime que « ce n’est pas une manne dont on doit se féliciter juste pour le plaisir, car elle produit autant d’obligations. La hausse des DMTO produit des effets induits pour une grande partie de la population, donc nous avons l’obligation de le réinvestir vers le logement, et pas seulement sur le social.»
Pour Dominique Rabelle, il faut maintenir l’aide à la construction de logements dédiés aux classes moyennes, mise en place sur l’île d’Oléron, « après quelques ajustements ». Pour elle, il ne faut pas que les propriétaires aidés puissent revendre à terme leurs biens en profitant de la spéculation immobilière, sinon le problème restera le même. Appuyant les propos de Marylise Fleuret-Pagnoux, elle estime qu’il faut saisir l’Etat afin de revoir la fiscalité des locations saisonnières et des locations à l’année. Elle souligne notamment que « les gros avantages fiscaux des locations saisonnières » n’encouragent pas les propriétaires à louer à l’année, la location longue durée étant plus contraignante et plus onéreuse. Pour le conseiller du canton rochelais David Baudon (maire de la Jarrie), il faut faire du logement « une priorité du Département » et saisir l’Etat pour l’inscrire dans le contrat de plan Etat-Région. L’élue rétaise Véronique Richez-Lerouge suggère que l’ensemble des départements concernés par le phénomène de spéculation immobilière, comme les Landes, se réunissent pour mener une réflexion commune afin de proposer « des mesures concrètes », voire « coercitives » pour la location touristique. « Malheureusement, la régulation des RBNB n’est pas de notre domaine de compétence », rappelle la présidente Sylvie Marcilly.
Pour l’élue saintongeaise Françoise de Roffignac, il faut prendre « la question à l’envers » et réinvestir les zones rurales de Charente-Maritime. Si elle entend bien les difficultés évoqués, à son sens l’arrière pays n’est concerné ni par cette spéculation ni par la pénurie de biens. Dans les villages du sud du département, on en serait plutôt à chercher des habitants. « Il va falloir qu’on se pose collectivement la question de ce qu’on veut ou pas en matière d’aménagement du territoire, à l’échelle du département », prévient- elle. Mais pour Lionel Pacaud, « le phénomène va bien au-delà des îles et des stations balnéaires », puisque les communes traditionnellement ouvrières du pays rochefortais sont désormais touchées. Pour David Baudon, il y a carrément une ligne de démarcation qui va de Rochefort à Saint-Jean d’Angély : « Au-dessus, on ne trouve aucun bien en dessous de 200 000 euros.»
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