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Lionel Quillet : « Une île où il fait bon vivre »
C’est un président de la Communauté de Communes résolument positif et dynamique qui a répondu à nos traditionnelles questions de début d’année.
Ré à la Hune : Dans quel état d’esprit êtes-vous, à l’aube de cette nouvelle année ?
Lionel Quillet : Je suis un homme heureux de vivre sur l’île de Ré et résolument optimiste pour notre île. Un homme de projets, qui sait faire abstraction d’un climat national quelque peu morose, pour avancer avec les dix communes. Il faut d’abord se réjouir de toutes les avancées de notre île, même si elle reste fragile, il y existe une vraie vie permanente, toute l’année. Certes l’île de Ré doit encore s’améliorer, nous y travaillons, tant au niveau de la Communauté de Commune que des Communes et des collectivités qui nous accompagnent. Mais nous bénéficions d’une qualité de vie exceptionnelle, tant pour nous que pour nos enfants, il suffit de se comparer à d’autres territoires… Et nous disposons désormais d’un niveau d’équipements remarquable.
L’île de Ré bénéficie d’une richesse citoyenne, associative, élective extraordinaire, tout cela sur un territoire construit seulement à 20 %. C’est une vraie réussite, de tous. Bien sûr, il y a quelques inconvénients encore à résoudre.
Comment se positionne la Communauté de Communes sur le territoire ?
En 2008, quand j’ai été élu président pour la première fois de la CdC de l’île de Ré, celle-ci était embryonnaire. En 2022, quatorze ans plus tard, elle s’est considérablement structurée et gère toutes les compétences que les communes ne veulent pas ou ne peuvent pas exercer. Ainsi que l’ensemble des dossiers stratégiques, au niveau de financement élevé, ou complexes à mener. Les communes sont avant tout dans un rôle de proximité, la CdC gère la mutualisation des projets, et les sujets problématiques, tels les déchets, les digues et autres aménagements du territoire pas les plus faciles à mener.
Depuis 2008, nous avons investi 80 M€ dans tous ces projets, en parallèle de tout le travail mené par les communes.
A vos yeux, quel est votre principal rôle en tant que président de la CdC ?
Mon rôle est de mutualiser, donner de l’énergie, faciliter les projets dans la concertation. L’île de Ré, c’est le territoire des Maires, je suis à 80 % dans la mise en musique, la négociation d’accords avec les Maires et leurs conseils municipaux. Je suis en permanence dans la diplomatie, pour que dix personnalités fortes parviennent à s’entendre et travailler ensemble, tout à la fois dans l’intérêt des communes et de l’île dans son ensemble.
Quelle est la première difficulté à laquelle sont confrontés les élus ?
Ils craignent toujours de ne pas parvenir à réaliser les projets, dans un contexte lourd financièrement et surtout en termes d’oppositions aux projets, qui se sont décuplées, à l’image de la société actuelle. Nous essayons tous de travailler dans la concertation, certains ne jouent pas le jeu en étant dans les polémiques incessantes. Il ne faut pas ensuite s’étonner que certains élus hésitent à se représenter.
Il est devenu aussi complexe d’aménager un city park qu’un programme de cent logements sociaux, la violence qui se déclenche est disproportionnée.
Quels sont les enjeux aujourd’hui ?
Ils restent sensiblement les mêmes : favoriser la vie permanente via le logement, l’économie, les jeunes, les infrastructures sportives et la vie associative dans tous les domaines ; préserver l’environnement et le cadre de vie ; protéger et aménager durablement le territoire ; et développer un service écoresponsable à l’usager, de proximité et performant.
Dans ce cadre, quels sont les principaux projets à mener sur ce mandat jusqu’en 2026 ?
Tout d’abord, la priorité est de finir le plan digues de 100 M€, en réalisant le Plan d’actions de prévention des inondations (PAPI 2) du Fier d’Ars. C’est une chance inouïe pour une île de 17 500 habitants de bénéficier d’un plan de protection des côtes à 100 M€, on trouverait presque cela normal, alors qu’il m’en a fallu de l’énergie, du travail et de la conviction, avec aussi la dose d’autorité indispensable, pour obtenir tous les accords et arracher les financements. Il s’agit clairement d’une exception nationale, ce PAPI doit être réalisé au plus vite avec le Département.
La mobilité constitue un autre sujet majeur pour l’avenir de notre île. Nous avions avec Dominique Bussereau élaboré le projet « Cap sur la mobilité », qui comprenait la voie prioritaire sur le pont, la voie sud et la passerelle du Belvédère (en cours de réalisation), celle-ci n’avait de sens que dans le cadre de ce projet global, elle n’a aucun intérêt sans le reste. La voie prioritaire sur le pont a été abandonnée, les nouveaux élus du Département peuvent retravailler la partie du projet concernant la voie sud, mais il va falloir que le Département et la Région reviennent vers la CdC de l’île de Ré pour proposer un nouveau projet.
Cela reste stratégique, au risque d’une île asphyxiée. Je suis prêt à m’investir auprès des collectivités partenaires sur ce projet Pour ma part, la seule solution que je vois est celle de la voie prioritaire sur le pont et la voie sud entre Rivedoux et Sainte-Marie, en allant jusqu’au Bois-Plage.
La préservation de notre environnement et un développement durable constituent une position définitive de ma part. On s’est tous battus, élus, présidents de la CdC, associations, citoyens pour aboutir à l’île la plus protégée de France, c’est notre ADN que nous devons maintenir, qui garantit notre qualité de vie mais aussi l’attractivité de l’île. Je n’entends pas que notre île se retrouve demain dans une zone industrielle avec une centaine de mats éoliens, en contradiction totale avec la politique environnementale menée depuis des dizaines d’années, avec l’Etat.
Je ne veux pas non plus que l’île se retrouve avec des équipements d’agglomération, comme les radars tourelles.
Quels sont aujourd’hui vos propositions en matière environnementale ?
Nous avons lancé une concertation très importante dans le cadre du Comité Consultatif Citoyen, dont il ressort à 80 % des dossiers environnementaux. Le Plan Alimentaire Territorial (PAT) est en cours d’élaboration. L’un des grands objectifs pour l’île de Ré est le déploiement de l’énergie solaire, en plus d’une plus grande sobriété énergétique. L’île de Ré s’est rapprochée de l’île d’Oléron, pour faire bloc et avancer sur ce sujet, ainsi qu’un certain nombre d’autres thèmes, sur lesquels nous rencontrons les mêmes difficultés auprès des Services de l’Etat.
Le confortement de la vie permanente reste-t-il toujours un sujet majeur ?
Nous étions 13 000 habitants avant le pont, 18 000 habitants en 2005, nous sommes aujourd’hui environ 17 400 résidents permanents. C’est le sens de notre combat pour préserver le foncier des lois économiques. Et de nouveaux programmes de logements locatifs sociaux vont arriver : Le Château à Rivedoux (en cours), Les Hirondelles à Sainte-Marie, La Poizière au Bois, Le Petit Noue à La Couarde, les Noues à Ars, Les Ouches à Saint-Clément.
Les projets de la nouvelle zone artisanale à Sainte-Marie, du bâtiment de La Criée à Ars, de la Maison des Arts au Bois-Plage, les fonds de concours pour les équipements sportifs des communes, la réouverture de la piscine, la prise de compétence Adolescence au 1er janvier 2022, l’ouverture de la nouvelle Maline en mars 2022 constituent autant de projets au service de la vie permanente.
A cet égard, La Maline est un symbole très fort pour l’île de Ré, car elle fut le premier projet communautaire. Symbole aussi, car il a fallu se battre pour mener ce projet public de réhabilitation en plein PPRL (Plan de prévention des risques littoraux). Elle constitue un outil extraordinaire pour un développement culturel au service des Rétais et des associations. Enfin, elle est annonciatrice de projets à venir, la demande est forte d’un Tiers lieu culturel, de studios d’enregistrement, l’équipement de La Maline constitue un socle de départ.
Justement, la CdC est la plupart du temps dans des projets structurants, ne devrait-elle pas aussi être davantage dans l’accompagnement des bonnes initiatives des acteurs de l’île ?
C’est clairement un axe de nos actions que nous devons et allons renforcer. Nous soutenons déjà de très nombreuses associations et évènements via des subventions et aides matérielles diverses. Notre diagnostic en cours sur le logement saisonnier a mis en évidence que sur environ quatre mille saisonniers sur l’île de Ré, 3200 ont de solutions, parmi eux il y a beaucoup de locaux, il y a une carence autour de 800 logements. Nous avançons bien et espérons commencer à proposer une première partie des solutions cette année.
Les projets, c’est bien, mais quid du fonctionnement et de la forme ?
Je souhaite apaiser les choses et c’est le message que j’ai passé à tous les élus lors du séminaire que nous avons organisé en décembre dernier. L’île est trop fragile pour que nous soyons désunis. Mon rôle, depuis trois mandats que je fais à la tête de la CdC, est très souvent conciliateur. Les élus ne subissent pas une autorité, ils la délèguent.
Nous devons encore nous améliorer en matière de gouvernance partagée, avec les conseils municipaux et la population. Nous avons mis en place deux nouvelles commissions sur les logements et les énergies renouvelables. Nous allons poursuivre la co-construction des projets avec le Comité consultatif citoyen, au-delà du Schéma de développement durable. Le Pacte de gouvernance est en cours de finalisation. Nous voulons poursuivre la consultation des acteurs du territoire sur des thématiques spécifiques. Et nous allons créer de nouvelles instances et outils de consultation avec le Conseil des Jeunes et les enquêtes participatives et de satisfaction, sans oublier la mise en place d’un Budget participatif.
Nous sommes aussi en train de retravailler nos modes de communication, afin que les résidents s’approprient davantage les projets.
Votre mot de la fin ?
Je suis avant tout un Maire de l’île de Ré, heureux de vivre à Loix et sur l’île. Je reste profondément îlien, je défends cet état d’esprit. Je me lève chaque matin positif et je reste positif. Ce territoire a une Histoire, une façon de vivre, il doit être respecté. Je suis fier d’être Rétais !
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