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Lionel Quillet : « On peut vivre à Loix à l’année »
Ré à la Hune : En piste pour un quatrième mandat, l’envie est-elle toujours là ?
Lionel Quillet : Oh oui, jamais trois sans quatre ! En 1995 il y avait 530 résidents à Loix, l’école allait fermer, le déficit du camping était chronique, la commune était appauvrie, il n’y avait plus d’investissements.
Un grand chemin a été parcouru. Les résultats se mesurent en trois paramètres. Deux s’évaluent en chiffres : les 706 résidents permanents au dernier recensement et la trentaine d’enfants à l’école maternelle. L’autre critère est l’esprit de village, l’image de Loix a changé. Nous y avons consacré beaucoup de temps. Mais ce n’est pas gagné les équilibres restent fragiles.
Une fierté pour ces six dernières années ?
La gestion de Xynthia. Les Loidais ont été unis, je les ai retrouvés solides comme on les aime. Nous étions une île dans l’île. Tout le monde était sur le pont, nous nous sommes débrouillés ensemble. Soixante maisons étaient en zone rouge, ensuite six ont été classées en zone noire. 2/3 des terres agricoles ont été impactées, les installations ostréicoles étaient ravagées. Il y avait des déchets partout, la digue de la Tonille était rudement touchée. Je n’avais jamais été confronté à cela.
Quelle réalisation vous a apporté le plus de satisfaction ?
La dune du Peulx, entre les Sailloux et le Pas de la Vette. Elle résume bien ce qui me touche. C’est une petite chose même à l’échelle de Loix, mais c’est une oeuvre de vie qui demande de l’imagination, du suivi et de la constance. La formation de cette petite dune représente quinze ans de travail. Tout a démarré en 1996. Sur les conseils de Monsieur Ravard de la DDE nous avons retiré les gros cailloux. J’ai rencontré une levée de boucliers. Nous avons fait un apport de sable et nous avons laissé la mer faire les choses naturellement. Sur ce point, Xynthia nous a aidé. Nous avons retravaillé les épis de défense, planté de l’arroche marine, interdit la circulation afin que tout se fixe bien. J’y ai même fait de la surveillance la nuit lorsque j’ai constaté que des plantations avaient été volées. Aujourd’hui c’est la plus belle dune du monde avec ses petites herbes ! Elle est devenue un lieu de prédilection des jeunes loidais. J’aime m’y promener en famille le dimanche. Nous continuons à l’entretenir, c’est du sur-mesure, du pointu et c’est captivant. Au départ personne ne comprenait ce que je souhaitais faire à cet endroit.
Qu’apportez-vous au bilan de ce mandat ?
Nous avons lancé la rénovation de l’église, le dernier bâtiment communal à restaurer, un engagement financier important, et un chantier à surprises. Façades, bas-côtés, parements, toiture, sacristie, vitraux, tout était à reprendre. Nous sommes enfin sortis du dossier du camping des Ilates, nous avons mis une énergie folle pour rééquilibrer son budget, sans recours à l’emprunt. J’ai refusé de le vendre, malgré les pressions. Fin 2011, nous avons signé un bail emphythéotique de 20 ans avec un gestionnaire, en contrepartie d’une redevance annuelle indexable de 200 000 € HT et la commune reste propriétaire du camping. Sur une des terres agricoles précédemment acquises, nous avons construit un hangar salicole afin que six sauniers et l’Écomusée y entreposent leur matériel. Côté mer, nous avons organisé la zone de mouillage du Grouin afin de permettre la cohabitation des plaisanciers, des baigneurs et des ostréiculteurs. Un nouveau chenal de navigation a été façonné. Ce site est classé Natura 2000, donc pas facile à gérer. En juin dernier, le nettoyage des friches ostréicoles a débuté, en partenariat avec la section conchylicole, les professionnels et la CdC. Le port est régulièrement désenvasé avec l’appui du conseil général, à qui il appartient. La passerelle du port a été refaite à l’identique.
Xynthia a bouleversé notre programme de voirie, cependant les participations accordées par l’Europe et l’État nous ont permis de réaliser un nombre considérable de chantiers en 2010 et 2011. Nous avons créé des ouvrages de second rideau pour la défense du village : des levées, des merlons, et des fossés, en plus de la réfection des digues de première défense, Le Clénandré, La Pierre blanche et La Tonille, que nous demandions depuis longtemps. Elles ont été terminées avant l’été 2011. Nous avons également fini les travaux d’enfouissement des réseaux, basse et moyenne tensions. Nous avons créé des liaisons douces pour les vélos et les piétons, entre divers points du village. Il ne reste plus que 14 rues à réhabiliter sur les 59 que compte Loix. La Piste du sel a été inaugurée en juillet 2011, elle a incontestablement ouvert le village sur l’extérieur. Avec la fibre optique qui passe en dessous, l’accès à internet est maintenant grandement facilité. La commune s’appuie sur les associations qui sont très actives. L’écluse La Verdonnais a été restaurée. L’office de tourisme a obtenu sa deuxième étoile, il est en outre la clé de voûte des multiples animations tout au long de l’année. Loix est candidat au label CittaSlow, synonyme d’art de vivre, de simplicité dans la qualité et de convivialité dans le partage. Nous en sommes à la deuxième tranche de la zone de loisirs. Après la création du Loix Tennis Club avec deux courts en terre battue et une école de tennis, bientôt sera construite l’aile pour le squash, les deux tennis couverts et la salle de gymnastique.
Il se dit que Loix est endetté. Qu’en est-il ?
J’ai fixé une règle : on ne vend pas les bijoux de famille, même si la situation est difficile. Quelle sera la valeur de nos bâtiments dans les futures années ? Nous avons tout misé sur les recettes non fiscales. La commune encaisse les loyers modérés des commerces du centre bourg. Les six logements communaux et la redevance du camping sont autant de rentrées. J’aurais pu céder à la tentation d’accepter d’implanter des activités qui auraient triplé la taxe professionnelle, mais je ne voulais pas que Loix se transforme en village de vacances. 25 projets, de nature purement touristique, sont restés dans les tiroirs. Loix dispose de peu de taxe de séjour avec un seul camping quelques chambres d’hôtes et de meublés et un petit hôtel. Parallèlement la commune est faiblement fiscalisée en raison d’une faible urbanisation. Nous devrions être à un taux plus élevé que celui actuel. C’est un tour de force.
Nous avons choisi de recourir à l’emprunt chaque fois que cela s’est avéré nécessaire pour investir en visant prioritairement à assurer les équilibres sociaux économiques de Loix. Nos choix d’investissements, création du centre bourg et le village artisanal, en sont des illustrations directes. Il n’est pas question de nier l’endettement, mais les risques sont pris en fonction des recettes et de la capacité à rembourser dans des délais courts. La recette fiscale n’est plus une réponse d’avenir, et parallèlement les dotations faiblissent. Nous nous sommes endettés sur ce qui allait rapporter, ces emprunts ont généré des richesses. Pour les prochaines années, le recours à l’emprunt sera plus modéré car une grande partie de nos projets sont déjà aboutis. Et puis la gestion d’une commune est plus facile que la gestion d’une entreprise, on en connaît les rentrées à venir ce qui permet d’avoir une vision à long terme.
Vous êtes maire, président de la CdC, conseiller général, vous dirigez une entreprise. Comment conciliez- vous toutes vos vies ?
Je suis très organisé. Le soir je prépare ma journée du lendemain. Je délègue beaucoup à des personnes de confiance et bien formées. Je ne lâche rien, chaque jour je remets en cause, je corrige, je ne laisse rien passer. Mais je suis aussi exigeant pour moi-même. Je bénéficie d’une unité de temps, de travail et de lieu, j’habite à 200 mètres de mon entreprise et à 200 mètres de la mairie. Tous les jours je déjeune à Loix, où je croise les uns et les autres. Je reconnais que lors du premier mandat, je n’étais pas aussi disponible et abordable. Je me sens plus serein qu’avant, sans doute moins dans l’urgence et plus dans la prospective et l’avenir.
Comment voyez-vous Loix dans 20 ans ?
En 1997, j’avais écrit un plan à quinze ans pour Loix. Il s’avère que tout a été mené à terme. Avec 706 habitants nous ne sommes plus le plus petit village de l’île de Ré. J’espère que dans vingt ans nous serons 800 permanents, idéalement 1000, mais pas plus. Les logements sociaux de la Colonie P&T devraient permettre de maintenir au moins la vie permanente pendant dix ans, une fois qu’ils seront livrés. Il faut continuer à acquérir du foncier pour la suite, en dépit du coût que cela représente. Loix c’est mon village, j’ai choisi de m’y installer, j’aimerais que mes enfants y vivent aussi. Loix c’est une perle, je n’ai pas droit à l’erreur, du coup ça me motive.
Voir les bilans de mandat à Ars, au Bois-Plage, à La Couarde , La Flotte, Rivedoux, Sainte-Marie, Saint-Martin, Saint-Clément
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