Lionel Quillet : « Il nous faut veiller au moral des Rétais »

Une poignée de statistiques, une bonne dose de gestion du territoire, un zeste de suivi économique… et beaucoup d’attention aux Rétais, notamment aux seniors, voilà la « recette » proposée par le président de la CdC, pour passer au mieux ce nouveau confinement, en lien étroit avec les municipalités rétaises, très proches de leur population. La ruralité et la proximité sur notre territoire constituent deux atouts majeurs dans le contexte sanitaire actuel

Lundi 3 novembre en début d’après-midi, le Préfet de Charente-Maritime a fait un visio-point avec l’ensemble des présidents d’intercommunalités et le Département, il le fera chaque lundi. L’occasion pour les médias reçus juste après par le président de la CdC de l’île de Ré d’avoir communication des dernières statistiques disponibles.

Un territoire encore raisonnablement préservé, même si le taux d’incidence augmente

On le sait, si le département de Charente-Maritime fait partie des territoires les moins touchés, avec la Charente et les Côtes d’Armor, ses indicateurs sont à la hausse. Notre taux d’incidence de 130,4 pour 100 000 habitants, bien que parmi les plus bas de France, progresse. Lundi matin, 90 personnes étaient hospitalisées sur l’ensemble de la Charente-Maritime, dont 11 en réanimation. Le Covid-19 a provoqué 68 décès dans notre département depuis le début d’année, dont 12 en EHPAD. L’ARS ne communique pas de chiffres à l’échelle des communes ni des intercommunalités, même si une carte de France existe désormais, avec zoom possible au niveau d’une commune, pour voir si elle est plus ou moins colorée…

Lionel Quillet pense que l’on part pour a minima six semaines de confinement – ce sont les discours officiels – en réalité plusieurs mois : « Il sera intéressant de voir comment le Gouvernement communiquera auprès des Français, ce sera une grande leçon de politique pour moi » a ironisé le président.

Exit les polémiques déplacées

Au niveau de la population, les grands perdants de ce confinement nettement plus souple que le premier, sont « les personnes âgées, que l’on ne pouvait décemment ni légalement confiner, et ainsi on y est parvenu. Les écoliers et collégiens, les actifs ne sont pas confinés, ceux qui perdent le plus sont les seniors, qui ont beaucoup moins de possibilités de sorties et de visites familiales ou amicales ».

Évidemment les commerçants et TPE paient un lourd tribut également, même si le Président pense que « ce sont les plus grandes Entreprises du département et de l’île de Ré qui courent le plus de risque économique, on va avoir des surprises. Ainsi que les Entreprises rétaises ouvertes à l’année, car tous les commerces saisonniers ont profité d’une extraordinaire saison et ferment habituellement en novembre pour n’ouvrir qu’au printemps ». (lire ci-dessous).

Pour Lionel Quillet, la forte concentration de population cet été, sans qu’il n’y ait eu aucun cluster sur l’île de Ré, évacue définitivement les débats enflammés et parfois très choquants, qu’il y a eu au Printemps autour des citadins venant se confiner sur l’île de Ré et susceptibles d’y apporter le virus… Seuls pourraient être mis en cause certains comportements, émanant de tous types de populations.

Pourquoi l’île a-t-elle été jusqu’ici relativement préservée de l’épidémie ? Le président n’a pas de certitude, bien qu’il mette en avant la « ruralité » du territoire, « assez peu construit », la vie tournée vers « le plein air », ainsi que les « bons comportements ».

Les personnes âgées, grandes perdantes de ce nouveau confinement

« Nos discussions entre Maires portent avant tout sur la vigilance que nous devons avoir par rapport au moral des Rétais, ce second confinement est extrêmement compliqué pour les personnes âgées, qui sont dans une tristesse absolue, mises à l’écart, notre vrai travail est d’y être très attentif, nous ne sommes qu’au début de l’hiver cela va être long. »

Lionel Quillet a tenu à rappeler l’importante réponse médicale de proximité dont bénéficie l’île de Ré, avec près de 140 services médicaux et paramédicaux, depuis l’ostéopathe jusqu’au médecin généraliste, en passant par les infirmières. « Il y a actuellement 26 médecins généralistes sur l’île, c’est la plus grosse concentration médicale de Charente-Maritime » (le taux de médecins rapportés à la population, NDLR). Voilà pour une photo de la situation.

En matière de gestion du territoire, « tous nos services restent ouverts, toutes les mairies ainsi que la CdC sont ouvertes, les crèches, les déchetteries – sujet de préoccupation de bien des habitants ! – restent ouvertes. Le collège a eu quatre nouvelles inscriptions, passant de 599 à 603 collégiens en cette rentrée de la Toussaint, certaines écoles rétaises accueillent des enfants de nouveaux habitants venus se confiner sur l’île, le télétravail ouvrant souvent de nouvelles perspectives. Les transports sont aussi maintenus. »

Seuls quelques évènements prévus par l’intercommunalité, à l’image des Assises Agricoles qui devaient se tenir le 24 novembre et regrouper une cinquantaine de personnes, sont reportés à des jours meilleurs. Le Comité Consultatif Citoyen – dans le cadre du Schéma de Développement Durable qui a fait l’objet d’une délibération favorable lors du conseil communautaire du 15 octobre (lire notre article sur realahune.fr) – pourrait être maintenu, le Président y réfléchit, pour le moment le tirage au sort des citoyens candidats est maintenu au 20 novembre.

Toute la programmation culturelle de .Ré Domaine Culturel La Maline a été évidemment annulée. Toutefois, l’ensemble des chantiers en cours (centre aquatique AquaRé, extension/rénovation de La Maline, protection des côtes, remise en l’état de la voirie modifiée pour le passage du Tour de France, etc.) ne devrait pas enregistrer de retard, sauf à ce que les Entreprises manquent de personnel.

« Il faut relativiser l’impact du confinement sur les activités rétaises »

Côté associations, celles de l’île de Ré tiennent le coup, même si certaines suspendent leurs activités, et la CdC sera encore là cet hiver pour les accompagner financièrement. L’occasion pour le président Quillet d’enfoncer le clou : « Nous avons été très interventionnistes, heureusement car ce sont les grosses associations qui rencontrent les plus grandes difficultés, heureusement nous avons intégré le tourisme dans une SPL Destination Ré et La Maline a été reprise en régie directe par la CdC dans notre offre culturelle rebaptisée. Ré Domaine Culturel – La Maline, mettant ainsi à l’abri les activités de ces anciennes associations ».

Côté économique, le coup est rude, le président en convient d’autant plus facilement que sa propre Entreprise loidaise subit de plein fouet ce second confinement. Il relativise toutefois fortement l’impact économique de ce confinement sur l’île de Ré.

« La saison a été exceptionnelle de juin à octobre, ce qui devrait mettre à l’abri la plupart des activités, certains ont enregistré + 20 à + 30 % d’activité, ce qui a pour eux compensé l’ensemble des mois perdus. Et tous ceux-là sont fermés entre novembre et mars. L’île de Ré du tourisme est bien maîtrisée. Celles qui vont souffrir sont les activités moins tournées vers le tourisme, axées sur la vie permanente, ouvertes toute l’année comme les livres, les jouets, la presse locale, certains services de proximité, pour ces professionnels cela va être plus compliqué ».

Une bonne nouvelle a été annoncée relayée par la CdC, les PGE (Prêts bancaires garantis par l’Etat) contractés lors du premier confinement ne seront remboursables qu’à partir du printemps 2022, au lieu de 2021, sachant que les Entreprises peuvent étaler leur remboursement sur cinq années.

Soutien aux activités économiques

La CdC vient de rouvrir sa cellule nommée « Réouverture » lors du confinement du printemps, destinée à accompagner les activités économiques, à les guider dans le labyrinthe des aides étatiques et régionales aux Entreprises (le dispositif que le Département souhaitait mettre en place pour venir en aide aux TPE passées à travers les mailles du filet régional, a été retoqué par Mme Gourault et le Préfet, au prétexte que la collectivité n’a pas la compétence économique. Il travaille à d’autres propositions). Il est toutefois à noter que lors du premier confinement la CdC de l’île de Ré n’a enregistré qu’une vingtaine de demandes d’accompagnement, qu’une petite dizaine de demandes de soutien financier, trop peu selon Lionel Quillet pour mettre en place un dispositif d’aides aux TPE à l’image de ce qu’a fait la Communauté d’Agglomération de La Rochelle…

Interrogé sur l’initiative de certains Maires ayant pris des arrêtés – ou menacé de le faire – visant à autoriser les commerces de proximité à ouvrir, Lionel Quillet a expliqué sa position : « Il s’agit d’un problème national, qui ne peut se résoudre au niveau local. L’arrêté préfectoral prévaut sur les arrêtes municipaux. Faire une demande locale ne sert à rien, il faut faire une demande groupée, au niveau de l’île de Ré et du Département, dans l’espoir que l’État assouplisse ses positions à l’égard des TPE et prenne en compte la réalité locale. Pour cela nous devons nous présenter unis, être crédibles et donner de la lisibilité à notre demande. Nous devons faire bouger les choses ensemble. »

Quant au calendrier électoral des départementales et des régionales sur lequel il a été questionné, bien que cela ne soit pas le souci premier des Français, Lionel Quillet a précisé que les discussions allaient bon train entre les représentants nationaux de ces collectivités et le Gouvernement : « Elles peuvent être maintenues en mars, je n’y crois pas trop. Elles peuvent être décalées en juin, ou encore en septembre, pas après puisque sinon le calendrier percuterait celui de l’élection présidentielle (printemps 2022). Sinon elles seront reportées sans doute à fin 2022, dans deux ans. », avant de conclure en forme de pique à peine voilée à l’encontre de ceux qui se seraient déjà lancés dans la campagne des élections départementales : « En politique il faut savoir ne jamais partir trop tôt ! »

Nathalie Vauchez

La CdC a ouvert une page Facebook Communauté de Communes de l’île de Ré, qui publiera uniquement des infos institutionnelles et factuelles environ deux à trois fois par semaine. Le 1er post concerne le maintien de l’ouverture des déchetteries.

Le Facebook .Ré Domaine Culturel La Maline avait ouvert cet été