- Environnement & Patrimoine
- Observatoire du littoral
L’île de Ré, vrai laboratoire d’expérience du littoral
Dans le cadre de l’axe 1 du PAPI*, « Amélioration de la Connaissance et de la Conscience du Risque », la CdC a mis en place, avec la collaboration du bureau d’études Casagec Ingénierie, un observatoire du littoral de l’Ile de Ré. Le rapport final de synthèse des résultats 2013-2016 est public**.
Didier Rihouey, président de Casagec Ingénierie est venu récemment présenter celui-ci aux médias, en présence de Lionel Quillet, président de la Communauté de Communes de l’île de Ré. Le cabinet a fait un gros effort de vulgarisation, afin que la teneur et les résultats de ces recherches soient accessibles au grand public.
30 km soumis à l’érosion sur l’île de Ré
Si l’île de Ré est d’abord concernée à 80% par le risque de submersion, et a engagé un programme de travaux de digues inégalé, un travail très complexe est mené en parallèle sur l’érosion dunaire. L’île de Ré est protégée par 66 km de digues, 19 km de dunes et 11 km de falaises, ce sont donc 30 km soumis à l’érosion qu’il faut protéger, et qui ne sont pas éligibles au Fonds Barnier finançant les PAPI. Alors que le Législateur a plus réfléchi au financement d’un repli stratégique et que le « ne rien faire » est ce qui coûte le plus cher il est apparu important à Lionel Quillet et à Casagec Ingénierie d’étudier les solutions à mettre en place pour se protéger de l’érosion dunaire. La défense est même obligatoire à certains endroits, comme au Peu Ragot à La Couarde. Béatrice Abollivier avait d’ailleurs déclaré que « dune vaut digue » quand il n’existe pas d’autre défense.
Ce projet d’observatoire intégré dans un marché public de 300 K€ sur trois ans, s’inscrit dans le cadre de trois projets complémentaires dont les deux premiers sont prévus dans le cadre du PAPI pour l’Île de Ré : un projet de création d’un observatoire des risques littoraux ; un projet de réalisation d’un programme de définition de la vulnérabilité des cordons dunaires jouant un rôle de digue et avec enjeux arrières face aux tempêtes extrêmes ; un projet d’amélioration de la connaissance du comportement hydro sédimentaire du littoral de l’Île de Ré.
Il concerne plus particulièrement l’érosion des plages et la dynamique des cordons dunaires de l’Ile de Ré qui constituent une problématique majeure en termes de risques de submersion.
Mieux connaître et comprendre pour mieux protéger
Les actions menées dans le cadre de l’observatoire consistent en : Un suivi pluriannuel (levés topographiques et photographiques) de l’ensemble des plages et cordons dunaires de l’Ile de Ré. Les levés sont réalisés deux fois par an lors des grandes marées d’avril et octobre et suite à des évènements exceptionnels ; Un suivi bathymétrique dans l’optique d’appréhender l’évolution des fonds et ainsi établir des liens avec l’évolution du trait de côte. Quatre secteurs sont concernés par ce suivi (pointe de Sablanceaux, Banc du Bûcheron, Fosse de Loix, Fier d’Ars) ; Une étude de modélisation numérique hydro-sédimentaire du littoral de l’Ile de Ré permettant d’interpréter les processus d’évolution des secteurs faisant l’objet des suivis. Ce modèle devra ainsi permettre : de proposer des prévisions en « temps réel » de houle, de caractériser précisément les niveaux d’eau dynamiques sur la façade exposée aux vagues et d’appréhender les efforts sur les ouvrages, enfin d’améliorer les connaissances relatives à la dynamique des sédiments non-cohésifs des plages exposées aux vagues et des baies du Fiers d’Ars et de la Fosse de Loix ; L’installation de stations météorologiques et d’un marégraphe permettant de suivre les conditions climatiques et océanographiques en temps réel. L’ensemble de ces données sera envoyé à l’Etat et servira à anticiper les mesures à mettre en place. Sur 2017-2019 l’Observatoire permettra de continuer à acquérir des données et élaborer un plan de gestion des sédiments.
* Plan d’Actions de Prévention Inondation
** Consultable et téléchargeable sur www.cdciledere.fr
L’observatoire de l’Ile de Ré
Les travaux de l’observatoire s’articulent en sept axes :
Axe 1 : Bibliographie, collecte et synthèse des données existantes.
Axe 2 : Suivi topographique et photographique du littoral de l’Île de Ré
Axe 3 : Suivi bathymétrique des secteurs de Rivedoux-Plage, de la Fosse de Loix, du Fier d’Ars et du banc du Bucheron.
Axe 4 : Modélisation numérique hydro-sédimentaire du littoral de l’Ile de Ré.
Axe 5 : Installation de stations météorologiques et d’un marégraphe
Axe 6 : Développement d’une plateforme internet permettant d’accéder aux données temps réel des stations météo et du marégraphe et aux résultats des modèles de houle et de courant en temps réel.
Axe 7 : Maintenance des systèmes opérationnels, exploitation et analyse des résultats, rapports, préconisations de gestion.
Géomorphologie de l’île de Ré
Le substratum de l’île de Ré est constitué de 4 môles calcaires du Jurassique. Ces môles, qui affleurent principalement sous forme de falaises au Sud de l’Ile, se prolongent en mer par des platiers rocheux. Ils forment en réalité 4 îles (l’île des Portes, l’île de Loix, l’île d’Ars, l’île de Saint Martin) reliées postérieurement par des cordons dunaires. Les zones dépressionnaires entre les îles septentrionales se sont colmatées pour former des marais et des estrans vaseux : la Fosse de Loix et le Fier d’Ars.
Sur cette base, des formations dunaires se sont développées :
– Au Nord sur le cordon rejoignant l’île d’Ars à l’île des Portes (forêts du Lizay et de Trousse Chemise).
– Sur la façade Sud-Ouest, aux abords d’Ars-en-Ré (forêt de la Combe à l’Eau), de La Couarde sur Mer (forêt Henry IV) et du Bois-Plage-en- Ré.
Les dunes face à l’érosion côtière
Lors des tempêtes, les dunes constituent une réserve de sable face à l’érosion des vagues : l’attaque directe des déferlantes entaille la dune et le sable érodé transite dans les petits fonds. Il remonte normalement lors des périodes de calme sous l’action des houles. Ainsi, les dunes sont des outils naturels de protection de la côte face aux risques et aléas côtiers. Cependant, la pression exercée par le tourisme avec notamment le piétinement, entraine une dégradation de la végétation. En étant ainsi fragilisées, les plantes dunaires ne peuvent plus, ou moins bien, piéger le sable essentiel à la pérennité de la dune, entrainant alors une perturbation du fonctionnement naturel et la rendant plus sensible à l’érosion.
Le cas de l’île de Ré
Sur l’Ile de Ré, les cordons dunaires s’étendent sur près de 20 km soit presque un tiers du littoral : Au Nord au niveau de la Conche des Baleines et de Tousse Chemise.
Sur la façade Sud-Ouest, aux abords d’Ars-en-Ré (forêt de la Combe à l’Eau), de La Couarde sur Mer (forêt Henry IV) et du Bois-Plage-en-Ré.
Les estrans sableux sont relativement étroits et les surfaces de déflation éolienne sont donc limitées. Par ailleurs les tempêtes récentes (Xynthia en février 2010 et hiver 2013-2014) ont fortement attaqué l’avant-dune. Ainsi, les faciès de haut de plage et de dune embryonnaire sont inexistants et la dune-blanche présente un profil en falaise faiblement végétalisé.
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