L’île d’Oléron partagée entre péage et gratuité du pont
Les 21 000 habitants permanents et les résidents secondaires de la grande soeur oléronaise sont agités par un débat bien connu sur l’île de Ré : pour ou contre la gratuité du pont ?
L’île d’Oléron est reliée au continent par un pont routier, long de 2 862 m qui est le plus vieux pont de France à relier une île au continent. Entré en service le 19 mars 1966, le pont d’Oléron était payant. A la fin de son amortissement financier, 26 ans plus tard, il est devenu gratuit.
Les élus communautaires oléronais votent pour le retour au péage du pont
Depuis 1991 on roule gratis sur le pont d’Oléron, mais avec l’exemple du pont de Ré qui a toujours connu le péage, la question d’instaurer un droit de passage à l’entrée du pont d’Oléron revenait de façon récurrente dans l’esprit de certains élus. Par 23 voix pour et 11 voix contre, les élus de la Communauté de Communes de l’île d’Oléron ont adopté mercredi 17 décembre 2014 le principe d’un droit départemental de passage dont doit maintenant se saisir le Conseil Général de Charente- Maritime.
Les accélérateurs de décision
15 000 véhicules en moyenne chaque jour et 25 000 en été franchissent le pont d’Oléron. Comme pour Ré, l’importance du trafic routier est dommageable pour la protection de l’environnement fragile de sites classés pour la qualité de leurs paysages, sans oublier l’empreinte humaine d’une surpopulation sur les milieux naturels. C’est sur la volonté de protéger l’environnement remarquable de l’île d’Oléron que s’est prise cette décision qui ne fait pas l’unanimité dans la population, ni parmi les commerçants et professions liées à la fréquentation touristique, entre autres. Rappelons que pour les mêmes raisons de protection de l’environnement les élus de l’île de Ré ont pu déplafonner l’écotaxe en 2011, qui se substituait au péage, selon la législation applicables aux îles maritimes.
Autre élément de décision invoqué : pallier la baisse des dotations de fonctionnement de l’Etat qui met les communes devant des choix financiers. La manne potentielle de la recette du droit de passage, dédiée à la protection de l’environnement, est fortement tentante pour éviter l’augmentation des impôts locaux. Les risques de dommages collatéraux du retour du péage C’est une décision difficile à prendre et qui fracture aujourd’hui l’île d’Oléron. Le Président du Conseil Général, Dominique Bussereau, qui saisira l’assemblée départementale sur le retour du droit de passage à l’entrée du pont d’Oléron, serait tenté d’organiser un référendum. Car l’opposition au retour du péage mobilise 74% de l’opinion dans les sondages de presse, et une pétition lancée sur le Net par l’« Association pour la gratuité du pont d’Oléron », atteint déjà le seuil des 15000 signatures en moins d’un mois.
Si touristes et Oléronais, ne contestent pas que l’économie insulaire repose en grande partie sur ces milieux naturels, le tourisme mais aussi la pêche et l’ostréiculture, certains s’interrogent cependant sur l’image projetée d’une île réservée aux riches : « exit le tourisme social et populaire qui a façonné l’île d’Oléron et créé des emplois ! ». Comment évoluera la vie permanente si les jeunes ménages sont obligés de se loger sur le continent ? Autant d’interrogations qui animent la toile et les cafés, sans oublier l’interactivité réciproque entre l’île d’Oléron et le Pays de Marennes, qui s’invitera rapidement dans un débat loin d’être clos.
Pour prendre une décision souveraine et sereine, l’observatoire voisin que peut représenter l’île de Ré aiderait les Oléronnais à appréhender et à transposer à leur situation les effets bénéfiques ou restrictifs d’un péage, ses conséquences sociales et économiques, son impact sur la protection de l’environnement. Cela, dans le respect de l’histoire, des traditions, de l’état d’esprit propre aux habitants de chaque île.
Mais l’instauration de l’écotaxe oléronaise dépendra de la décision du nouveau Conseil général qui sera élu en mars 2015.
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