L’île de Ré porte haut les couleurs de la démocratie !
Dans une atmosphère politique nationale délétère, qui n’inspire guère plus de respect de nos élites ni de confiance dans les partis politiques et ce jusqu’au sommet de l’Etat, les élections municipales dans les zones rurales et les petites communes semblent faire figure d’exception.
Très peu politisées, ces élections de proximité y restent un moment fort de la vie démocratique, et ne sont « confisquées » ni par les appareils politiques, ni par les médias, autant d’ « intermédiaires » entre les candidats et les électeurs des grandes villes – ou lors des scrutins nationaux – qui interfèrent parfois fortement sur la transmission des messages…
On nous dit que de nombreuses communes se retrouveraient sans candidat, tant la fonction de maire est devenue lourde en responsabilité, et difficile à exercer dans le cadre de contraintes financières qui se resserrent fortement, sans oublier l’ingratitude des administrés plus prompts à dégainer leur mécontentement qu’à couvrir leurs édiles de louanges !
Et pourtant, sur l’île de Ré, comme partout en France, les élus municipaux, avec à leur tête les maires et leurs adjoints, font non seulement de la résistance, dans une abnégation quasi quotidienne, mais témoignent aussi souvent d’un fort engagement et d’un volontarisme constant. Sur le terrain.
L’expression des sensibilités différentes au sein des conseils municipaux sera limitée
Avec 18 listes et 334 candidats aux municipales 2014, l’île de Ré porte haut les couleurs de la démocratie, même si ça et là le ton se durcit et les attaques « volent bas ». Il est vrai toutefois que certaines listes ont été bouclées non sans difficultés ou que certaines candidatures ont été dévoilées bien tardivement. On peut regretter que seules deux têtes de liste soient des femmes, à Sainte-Marie et à Saint-Clément… ce qui confirme que la parité ne se décrète pas. On peut aussi trouver dommage que – résultat une fois de plus d’élucubrations technocrates ou de calculs politiques ? – le nouveau mode de scrutin qui concerne 7 communes rétaises sur 10 ne favorise guère l’expression démocratique des oppositions au sein des conseils municipaux. En effet, pour les communes de + de 1000 habitants n’ayant que 2 listes en lice, les élections ne comporteront qu’un seul tour et la liste arrivée en tête, même avec une très infime majorité, raflera la mise, l’opposition étant réduite à la portion congrue. L’élection au « suffrage direct » des délégués communautaires, puisqu’ils apparaîtront sur le même bulletin de vote que celui des conseillers municipaux, ouvrira – a contrario – davantage l’expression de sensibilités diverses…
Mais il y a « opposition et opposition » tant la signification de ce terme peut varier, selon la taille des communes, et aussi de la conception que se fait chacun de son rôle. Ainsi, au détour d’une rencontre rochelaise, qu’elle ne fut pas notre surprise de nous entendre dire par une éminente journaliste politique locale « Quelle opposition ? Mais il n’y a pas d’opposition sur l’île de Ré, tout le monde y vote à droite ! ». Comme quoi, il n’y a pas que les journalistes parisiens pour avoir une vision caricaturale de notre territoire ! Il fut difficile de lui suggérer que l’opposition pouvait revêtir bien des habits, au-delà des couleurs politiques, et que, malgré tout, des sensibilités de gauche étaient aussi en course dans ces élections rétaises… Car dans nos petites communes, il s’agit le plus souvent d’oppositions d’idées et de personnalités. La conception de chacun est aussi importante, puisque comme on l’a vu sous ce mandat qui s’achève, certains opposants – élus minoritaires ou non élus – ont su respecter la vie démocratique voire y participer de façon constructive, même si ce ne fut pas le cas de tous.
Comment s’annonce ce prochain mandat municipal ?
Même s’il serait présomptueux de vouloir tirer dès maintenant des plans sur la comète, avec 9 maires sortants sur 10 qui se présentent, et des têtes de liste d’opposition ayant le plus souvent exercé un rôle d’adjoint ou de conseiller impliqué, on imagine que la plupart des maires élus pour ce prochain mandat auront déjà une expérience significative de la « chose publique » ce qui n’était pas le cas lors du précédent mandat où une bonne partie des maires expérimentaient pour la 1ère fois cette fonction.
Il est également frappant de voir que la grande majorité des équipes en lice sur l’île de Ré dans cette campagne 2014 évoquent la concertation avec la population. Bien au-delà d’un simple argument électoral, cette incantation à une expression citoyenne continue tout au long du prochain mandat tend à conforter l’idée que nos édiles – confrontés à des conflits administratifs durs mais aussi à la gravité de la situation socio-économique sur le terrain et aux difficultés liées à l’appauvrissement d’une partie croissante de la population – vont avoir de plus en plus besoin du soutien de leurs administrés. Une parfaite illustration en a été donnée depuis les étés 2012 et surtout 2013, où la mobilisation par la CdC des Rétais a largement porté ses fruits, même si elle a pu « crisper » le débat.
Une autre contrainte forte de ce prochain mandat pour les communes rétaises sera liée à leur taux d’endettement relativement élevé : ayant souvent surévalué leur richesse, elles vont devoir exercer un mandat de gestion plus que d’expansion, comme ce fut le cas ces 6 dernières années.
Évidemment, le débat qui a agité l’île de Ré depuis 2 ans, lié à la révision du PPRL, aura un impact fort puisque les élus vont être confrontés à une économie îlienne bouleversée par la culture du risque… ou plus exactement par le principe de précaution, qui se ressentira entre autres sur l’instruction des permis de construire y compris pour les projets collectifs.
Chapeau bas à nos élus municipaux d’aujourd’hui et de demain !
Le transfert de compétences communales vers la Communauté de Communes de l’île de Ré et la mutualisation des politiques et des services à la population s’en trouveront encore renforcés, par l’Acte de décentralisation certes et par le fléchage de nombre de subventions vers les intercommunalités, mais aussi parce que les communes n’auront plus les moyens de mener seules la plupart de leurs actions, tant en termes de compétences techniques et humaines, qu’en termes financiers. Enfin, c’est sous ce prochain mandat que l’île de Ré deviendra un seul et unique canton, mené par un binôme « chabada ». Même si les compétences des Départements vont probablement se réduire comme peau de chagrin, celles de l’action sociale et des infrastructures restent prééminentes. Il est fort à parier qu’en 2015 ou en 2016 – l’échéance pourrait être retardée d’une année – le combat sera rude entre les prétendants à cette fonction. Et soit on assistera à une concentration forte du pouvoir, soit la bi-polarité Président CdC – Conseiller général risque d’être source de radicalisation des positions. Mais l’enjeu crucial pour l’île de Ré sera aussi et surtout, avec le basculement possible de la majorité du Conseil général, d’obtenir le maintien d’un niveau d’écotaxe « dissuasif » au passage du Pont, ce qui passe par une offre de transports alternatifs à la voiture irréprochable, afin que l’île de Ré, tout en continuant de se préserver, s’offre à tous.
Ré à la Hune, simple spectateur et commentateur de la vie rétaise, en profite pour « tirer son chapeau » à tous ces candidats qui se sont lancés dans cette campagne des municipales, allant ainsi au bout de leurs convictions, et à tous ces élus d’hier, d’aujourd’hui et de demain, dont l’engagement jamais ne faiblit, malgré les obstacles et souvent au détriment de leur vie personnelle. RESPECT !
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