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- Bilan de la 9e édition du salon du livre - Le Bois-Plage-en-Ré
L’île aux Livres crée des passerelles
Après trois jours de salon, qui ont vu défiler de façon plus fluide que d’habitude 15 000 visiteurs venus à la rencontre des auteurs régionaux et nationaux, pour des dédicaces ou pour échanger lors des quatorze tables rondes et conférences-débats, organisateurs, auteurs, bénévoles et élus étaient toujours aussi contents de l’état d’esprit et de la motivation de chacun.
Le public est vraiment fidèle et captif, malgré toutes les tentations de la mer et de la plage il vient non seulement pour acheter et faire dédicacer les ouvrages de ses auteurs préférés ou découverts grâce au salon, mais aussi pour suivre les différentes interventions et poser des questions très pertinentes » s’enthousiasment Joschi Guitton et Stéphane Guillot. « La totale gratuité du salon contribue évidemment à son succès » précisent-ils.
Les organisateurs du salon sont ainsi satisfaits d’avoir étendu la durée du salon sur trois jours, dimanche compris, ce qui a permis d’une part de fluidifier et lisser les pics de fréquentation, mais aussi de toucher à la fois les vacanciers terminant leurs vacances et ceux arrivant tout juste, et de permettre aux Rétais et saisonniers qui travaillent dur en saison d’avoir une opportunité de venir rencontrer les auteurs.
Un public fidèle et impliqué, de nouveaux talents qui émergent…
Les conférences-débats toutes organisées dans une seule salle, sans simultanéité entre elles, ont été extrêmement suivies, le public participant largement avec de nombreuses questions, les auteurs appréciant de leur côté cet espace d’expression et d’échanges avec leurs lecteurs.
L’invité d’honneur, David Foenkinos, a été très apprécié par tous pour son implication, sa gentillesse et sa bonne humeur, tandis que l’invité international, Jonathan Coe a permis d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur la Grande-Bretagne.
Cette année encore, l’île aux Livres a permis de découvrir et valoriser de nouveaux talents, à l’image de Miguel Bonnefoy, lauréat du prix littéraire « L’île aux livres / la Petite Cour » pour son magnifique roman « Le Voyage d’Octavio », de Jules Gassot, lauréat du Prix des lycéens de La Rochelle pour « On a tué tous les indiens » ou encore de François- Henri Désérable, dont l’ouvrage « Evariste » a été très remarqué (lire ci-contre). Le prix « île de Ré » est revenu lui à Stéphane Bahic pour son très bel ouvrage « Le sel de Ré » (lire nos articles parus sur ces auteurs sur www.realahune.fr).
… et des auteurs régionaux qui bénéficient de cet engouement
S’il est trop tôt pour connaître le bilan des ventes de livres, qui cette année sont passées via les éditeurs et un grossiste et non un magasin de presse rétais, certains auteurs nationaux et régionaux ont fait l’objet d’un vrai engouement, comme – outre les auteurs primés qui ont été très appréciés – David Foenkinos avec « Charlotte », Daniel Massé pour « La grande cuisine de l’île de Ré », Richard Texier avec « Nager », Léon Gendre pour « La Flotte en fêtes », Jacques Boucard avec « île de Ré » ou encore David Canard dédicaçant ses différents ouvrages dont « Je découvre l’île de Ré »… Impossible de citer tous les auteurs présents, mais il est évident que « la présence d’auteurs nationaux de fort talent et du parrain et de la marraine drainent beaucoup de visiteurs qui découvrent aussi sur place à cette occasion des auteurs régionaux moins ou pas connus d’eux » explique Joschi Guitton.
Car « l’île aux Livres crée des passerelles, entre les âges, entre les éditeurs, les écrivains et les lecteurs, entre les pays avec la présence d’Hassan Benmansour, poète, journaliste et directeur du centre culturel de Marrakech, qui va accueillir les 24 et 25 octobre prochain un premier salon du livre organisé par les deux compères rétais, ou encore de Jonathan Coe, le plus talentueux des actuels auteurs britanniques. Il faut planter ainsi de nouvelles graines, pour que les petits enfants aiment les livres puis la littérature, qu’ils acquièrent ainsi un esprit de liberté, d’évasion, de découverte, que tout cela se perpétue » a estimé Patrick Poivre d’Arvor tant lors de l’inauguration que de la clôture du Salon.
Nathalie Vauchez
Voir l’article consacré à l’édition 2015 et ceux dédiés à Richard Texier, Michel Bonnefoy et Jules Gassot
Un salon du livre à Marrakech
Joschi Guitton et Stéphane Guillot organisent le premier salon du livre de Marrakech, les 24 et 25 octobre 2015, en partenariat avec Hassan Benmansour, directeur du centre culturel Dar Attakafa. Le président d’honneur sera Pierre Bergé (président de la Fondation Majorelle) et une trentaine d’auteurs marocains contemporains, ainsi qu’une dizaine de français y participeront. PPDA en sera le parrain et viendra y projeter et présenter son film « Une maison, un écrivain : Yves Saint-Laurent à Majorelle ». Sapho devrait être la marraine, aux côtés de trois invités d’honneur, Mahi Binebine (Marocain), Yanick Lahens (Haïtienne) et Vénus Khoury-Ghata (Libanaise).
Encore un talent détecté par le salon du livre rétais
Évariste, de François-Henri Désérable est probablement le plus vivifiant des romans à lire cet été.
Parmi la centaine d’auteurs présents sur l’île en ce début de mois, le salon nous a réservé de belles surprises, avec entre autres, On a tué tous les indiens de Jules Gassot et Le voyage d’Octavio de Miguel Bonnefoy, les deux jeunes auteurs ont prouvé que la littérature a de beaux jours devant elle.
Après un recueil de nouvelles très remarqué sur les dernières heures de quelques guillotinés de la Terreur, (Tu montreras ma tête au peuple, éd. Gallimard, 2013, et en poche chez Folio), François-Henri Désérable (28 ans), présentait au Bois : Évariste, un premier roman réjouissant, frénétique et drôle ! Le destin d’Évariste Galois, immense génie, qui révolutionna l’algèbre par ses théorèmes au XIXème, est fulgurant. L’auteur ressuscite pour nous ce héros romantique, dont on ne sait que très peu de choses, si ce n’est qu’il mourût en duel à l’âge de 20 ans, après avoir laissé une théorie considérée aujourd’hui comme fondatrice des mathématiques modernes. Une vie brève et intense que François-Henri Désérable assume d’avoir romancée, puisque : « écrire, c’est tenir le monde en 26 lettres et le faire ployer sous sa loi… ».
S’il manie les mots avec l’habileté d’un magicien, l’écrivain n’entend rien aux équations. C’est sur l’exceptionnelle précocité, et le talent pur de ce prodige engagé, qu’il se penche. Évariste, dont le Maître à Louis Le Grand disait qu’il était « dominé par la fureur des mathématiques, de la République, et de l’amour », fréquenta Alexandre Dumas, s’engagea aux côtés des républicains, après les journées révolutionnaires de juillet 1830 (qui lui valurent neuf mois d’emprisonnement à Sainte- Pélagie), et mourût en duel pour avoir connu l’Amour. Plutôt que de s’entrainer, la veille de ce qui fût son dernier jour, le tempétueux, rédigea en toute hâte son testament mathématique, avant de prendre une balle dans le ventre.
Les nombreuses références historiques et la richesse du vocabulaire servent une plume alerte et frondeuse. Le récit est adressé à une mystérieuse « Mademoiselle » que le narrateur invite à s’immiscer avec lui dans l’intimité d’Évariste.
En vingt chapitres (vingt, comme l’âge auquel mourût Évariste) le jeune Désérable nous restitue la trajectoire flamboyante de ce génie, encore trop méconnu. Ce premier roman audacieux confirme qu’un écrivain prometteur est né.
Marie-Victoire Vergnaud
Évariste, de François-Henri Désérable, Gallimard, 166 pages, 16,90 €.
« Frangin » d’Agnès Soral, un cri de révolte
Elle a publié au printemps dernier un livre chez Michel Lafon : Frangin, dans lequel elle dénonce la dérive de son frère Alain Soral, le polémiste d’extrême droite et revient sur son enfance difficile.
Talentueuse comédienne révélée à dix-sept ans par Claude Berri, elle a ensuite crevé l’écran avec son rôle de punkette blonde dans le film « Tchao pantin » aux côtés de Coluche, qui a connu un immense succès. Agnès Soral connaît depuis une carrière très remplie, au cinéma et au théâtre. L’évolution de son frère, faite d’antisémitisme, de racisme et de xénophobie, l’a entraînée dans une longue dépression dont elle sort à peine.
« Tiens tu fais la couverture d’un magazine avec Dieudonné et Zemmour. En dessous du trio, les mots « antisémitisme, racisme » et en rouge sang « voyage dans une France xénophobe ». Tu n’en es pas arrivé là ?! J’ai envie de m’allonger par terre, de pleurer, vomir, ou hurler ; je ne sais plus. Déjà je cours me réfugier à la maison où, sur ma porte à peine refermée, j’alterne les pleurs de rage, de colère, et surtout de chagrin… Ça va trop loin. Ça va s’arrêter où ? »
A travers son parcours, ses souvenirs d’enfance, ses blessures, l’actrice dont la famille n’est pas antisémite, dresse en filigrane le portrait de son frère pour essayer de comprendre comment il a pu en arriver là. « Je sais que la mémoire est sélective et fluctuante mais c’est comme cela que je l’ai vécu et ressenti » précise-t-elle en préambule.
Agnès Soral raconte sa jeunesse difficile entre son frère violent et son père maltraitant. Parmi les raisons de la dérive dénoncée de son frère, elle avance l’éducation violente qu’il a subie et qui a joué fortement sur son tempérament, sa célébrité rapide à elle, mal vécue par son frère, et plus encore le manque de reconnaissance pour ses premiers projets. Elle évoque ainsi la brouille de son frère et d’Éric Walter dit Hector Obalk avec lequel il a écrit un livre sur les mouvements de mode des années 1960 à 1980 et dont le succès éditorial ne profitera qu’a Hector Obalk : Alain Soral s’enfoncera, dès lors, dans sa rancune envers son ami, de confession juive. Plus tard, l’échec d’un film sera vécu par Alain Soral comme le rejet d’un milieu où il fantasme une communauté d’intérêts juifs.
« De tout cela, mon frère ne s’est jamais remis, il est intelligent mais il ne s’est pas libéré de notre père dont il possède beaucoup de traits de caractère » explique-t-elle. Ce sont ces déceptions et cette amertume qui auraient provoqué ses positions radicales pour se faire entendre des médias. Elle dénonce d’ailleurs le rôle des médias et des réseaux sociaux qui encouragent son frère dans sa radicalisation, faute de lui opposer des contradicteurs. N’ayant plus aucun contact avec son frère, elle est persuadée qu’il est « suicidaire », et aimerait aider les gens dans son sillage à ouvrir les yeux. « Je pense que mon frère entraîne avec lui dans une espèce de spirale des gens, sous prétexte qu’il est intelligent. Et c’est très négatif ».
Agnès Soral qui met en avant ses engagements humanistes ne partage rien avec son frère, Alain… et crie sa saturation d’entendre son nom raisonner comme l’appellation d’une idéologie d’extrême-droite et susciter des amalgames gênants tant dans sa vie privée qu’au plan professionnel.
Tour à tour drôle, révoltée ou tendre, elle signe un récit fort, très intime, et rappelle que si l’on ne choisit pas sa famille, on ne doit pas non plus en devenir la victime.
Nathalie Vauchez
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