“Les Volets ouverts” : un Collectif pour le logement
Des habitants du nord de l’île s’emparent de la problématique du logement permanent et saisonnier. Le Collectif des volets ouverts est né.
Qui n’a jamais discuté des problèmes de logement sur l’île et des répercussions sur la vie permanente ? C’est à force d’avoir cette conversation régulièrement qu’un groupe de personnes s’est décidé à passer le pas et à agir pour tenter de faire évoluer la situation. Rencontre avec quatre d’entre eux, Cyril, Laurence, Marie-Hélène et Michelle.
“L’homme a ce choix : laisser entrer la lumière ou garder les volets fermés.” Henry Miller, romancier.
Voilà plusieurs mois que, petit à petit, une quarantaine de personnes a rejoint ce collectif, composé essentiellement d’habitants du canton nord, de tous âges, actifs et retraités. Pour l’instant, le groupe s’est constitué à partir des réseaux respectifs de chacun et très vite ils ont mesuré l’intérêt général du problème.
Tous se sentent concernés par la vie à l’année sous tous ses aspects : logement, travail, crèche, loisirs. La problématique principale étant la difficulté à se loger, le collectif se concentre dans un premier temps sur cet aspect.
Cyril nous explique la démarche : « Depuis trop longtemps, nous sommes spectateurs d’une situation qui ne fait qu’empirer, en tant que citoyens, on a envie d’inverser les choses. On constate que le taux de résidents secondaires est en croissance permanente, ce qui ne fait qu’accroître le déséquilibre. Pour l’avenir de nos villages cela devient un sujet sensible ». Pour rappel, une étude de 2018, révèle qu’il y a 62 à 84% de résidences secondaires dans les quatre communes du nord et 167 logements à loyer modéré sur les 950 de l’île.
Ils ne sont pas contre les résidents secondaires, ils prônent juste un meilleur équilibre entre les vacanciers et les résidents permanents. L’un d’entre eux ajoute : « Les résidents secondaires s’étonnent parfois que des commerces soient fermés mais tout est en lien, les commerçants et leur personnel n’arrivent pas à se loger et la population de permanents diminue, rendant le commerce plus difficile. Nous connaissons tous des couples ou des personnes seules qui finissent par partir faute de locations à l’année, il y a aussi une vraie difficulté pour acquérir des biens. Si le nombre d’habitants continue de diminuer, les services à la personne, les écoles, les commerces vont fermer et même la Communauté de Communes pourrait disparaître, fusionnée dans l’Agglomération Rochelaise ».
Enfin parmi les constats, le collectif ajoute la spéculation immobilière trop importante ainsi que la progression d’achats immobiliers pour des locations de courte durée.
« Sous cette meurtrière ironie, la petite maison restait les volets clos, émouvante de silence et de tristesse. » Maurice Barrès, écrivain et homme politique.
Vous l’aurez deviné, le nom du collectif vient du constat qu’en période creuse, il y a de plus en plus de volets fermés.
Leur action se veut avant tout solidaire et citoyenne et parmi les moyens mis en oeuvre, notons une veille sur les logements et terrains constructibles susceptibles d’être disponibles à la vente ou à la location. Des annonces circulent déjà entre les habitants grâce à des propriétaires soucieux de préserver la vie permanente et qui priorisent les Rétais. Attention, le mot est dit, « Rétais », le collectif nous en livre sa définition « Cette définition est fondamentale pour nous, il ne s’agit pas d’avoir tant d’années de présence sur l’île ou plusieurs générations derrière soi ; on considère qu’un Rétais est une personne y habitant déjà ou souhaitant y élire domicile”.
Les autres moyens seraient d’avoir une démarche militante auprès de tous les habitants permanents ou non afin de les sensibiliser mais aussi de rechercher des solutions pour augmenter le parc de logements locatifs. De surcroît, s’informer sur les pratiques d’autres territoires confrontés, eux aussi, à la pénurie de logements, favoriserait le lancement d’une dynamique qui pourrait aboutir à une législation avantageant la résidence permanente.
Ainsi, après s’être réunis plusieurs fois, ils ont rencontré les maires des villages du nord, Les Portes, Saint-Clément, Ars et Loix, et un rendez-vous avec le Député Olivier Falorni devrait se concrétiser prochainement. Constat est fait que les élus sont conscients de la problématique, qu’un travail en concertation est possible pour trouver des solutions, sachant que pour eux, il est important que la prise de conscience vienne aussi des citoyens. Le collectif est là pour leur apporter de l’énergie et des propositions. « A nous d’être un soutien et une assise pour nos élus de manière à obtenir une unité sans laquelle les choses ne pourront pas bouger, quelle que soit notre étiquette politique » ajoute Michelle.
A partir d’octobre, des commissions seront formées pour rentrer dans le coeur du sujet. Avant, c’est donc la phase de sensibilisation qui commence pour fédérer encore plus. Une charte a été établie et les personnes intéressées peuvent se manifester par mail : les.volets. ouverts17@gmail.com
« La tante Marie alla frapper aux volets d’un voisin, qui possédait un boghey et un petit cheval. C’était une époque bénie, où les gens se rendaient service : il n’y avait qu’à demander. » Marcel Pagnol, La Gloire de mon père (1957).
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