Les vertus de l’atelier iCycle à la Maison centrale
Depuis 2021, un nouvel atelier a pris place au sein de la Maison centrale de Saint-Martin : l’atelier de réparation de vélos insufflée par l’association iCycle et largement soutenu par les structures représentantes de l’administration pénitentiaire (la DISP, l’ATIGIP et le SPIP). Un projet vertueux pour de nombreuses personnes en lien avec la prison et qui propose un cadre de travail unique pour les détenus en fin de peine.
Lancé par la team Shoodrik
L’idée de créer ce chantier est née au coeur de l’atelier Shoodrik géré par Coralie Morel et son compagnon Cédric Surmin spécialisé dans la création artistique en métal et le recyclage de vélos. Ces deux créateurs de projets aux valeurs artistiques et sociales fortes ont alors créé un premier lieu dédié à leur artisanat en 2020.
C’est à ce moment-là que les liens avec la Maison centrale ont commencé à se tisser et que l’idée de créer un atelier d’insertion au sein même de la prison a germé. Son idée : aménager un atelier de réparation de cycles dans un local au sein même de la prison où plusieurs personnes en fin de peine (- de 3 ans) peuvent travailler et être accompagnées sur le plan professionnel, social et humain. Coralie, qui porte ce projet avec tout son coeur, confie « toutes les connexions étaient alignées pour créer ce projet. Tout s’est mis en place au bon moment, avec les bonnes personnes et au bon endroit ».
La création d’une SIAE pour « se remettre en selle »
Les structures en lien avec la sécurité, le social, et l’insertion ont tout de suite été sensibles à cette idée innovante sur le territoire. Elles ont alors décidé de suivre les deux porteurs de projet dans cette aventure, les amenant à la création de la première SIAE de Charente-Maritime (Structure de l’insertion par l’activité économique). Une structure qui permet de remettre le pied à l’étrier à des personnes qui sont en demande de travailler via des chantiers d’insertion notamment.
Au côté des autres ateliers de fabrication au sein de la prison, un local a donc été dédié à l’association iCycle, rénové avec l’énergie débordante de la team Shoodrik. Le lieu s’est transformé en véritable atelier avec des espaces dédiés au démontage, à la réparation, aux outils et aux stockage de vélos. Un travail de longue haleine souligné par Guillaume Goujot, directeur de la DISP (direction interrégionale des services pénitentiaires) « Mme Morel donne du sens à la prison avec toute son humanité à l’égard des personnes qui ont pris le mauvais chemin. Certaines sont en difficulté sociale, et si nous n’avons pas de structure sociale adaptée, on les laisse sur le bord du chemin ».
Les détenus possèdent un véritable contrat de travail de 30 heures et sont rémunérés au SMIC pénitentiaire. Ils ont été choisis sur la base du volontariat et ont dû passer un entretien d’embauche puisque l’atelier peut aujourd’hui accueillir cinq personnes, avec l’objectif d’en accueillir sept à termes.
Un projet tourné vers l’humain
Le lieu est désormais encadré par Stéphanie Choncero, ancienne éducatrice spécialisée, qui a effectué une formation de réparateur cycle, et pour qui le projet a tout de suite raisonné. Avec l’aide très régulière de Coralie et de Cédric, elle accompagne les travailleurs, les forme et les encourage vers l’apprentissage du métier. Car s’il y a bien un travail qui se fait par étape pour comprendre le processus de démontage, la fonction des pièces et la rénovation, il y a également un accompagnement avec chacun d’entre eux pour réapprendre le travail d’équipe et la cohésion. Des mots qui raisonnent peu dans les couloirs de la prison et que Stéphanie, Coralie et Cédric tiennent à faire évoluer dans le cadre de ce chantier d’insertion. Un pari réussi au regard de l’ambiance de travail agréable et bienveillante que relatent les trois encadrants et l’entraide entre les travailleurs qui s’y opère. L’une des autres particularités de ce chantier réside aussi dans la manière dont les détenus ont à coeur de prendre soin de l’atelier et de trouver de nouvelles idées pour en améliorer régulièrement les conditions de travail.
Cédric qui était présent tous les jours les six premiers mois du chantier confie : « Il y a une vraie entraide qui se développe, les plus anciens apportent leur expérience aux nouveaux. lls acquièrent de nouvelles compétences, des notions de savoirêtre et savoir-faire, une revalorisation de l’estime de soi. La notion de se rendre utile très importante pour eux aussi, de faire du beau et de créer des choses qui vont être utile à l’extérieur. On travaille dans une ambiance détendue, de respect et d’échange ».
Un chantier riche de sens qui fait parler de la vie de la prison parfois méconnue, en collaboration forte avec le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation). Pour Frantz Pineaud, directeur fonctionnel du SPIP de Charente Maritime, ce type d’atelier constitue « un projet innovant pour contrer la récidive et permet de travailler avec les détenus sur l’estime de soi, la confiance, la capacité à entrer en relation, travailler en équipe avec des objectifs en commun. La SIAE représente une structure qui leur permet de les orienter peu à peu vers un projet professionnel, dans un cadre bienveillant. »
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