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Les trésors de l’estran
La pêche à pied était pour les Rétais un complément aux activités de production agricole, un moyen de subsistance. Cette forme de cueillette se pratique à marée basse, quand l’estran se découvre. Coquillages et crustacés peuvent alors être pêchés selon des gestes traditionnels.

A chaque grande marée, la mer en se retirant permet l’accès à certains coquillages ou crustacés très prisés des amateurs. La pêche à pied est une activité traditionnelle de l’île. Sur la côte, les pêcheurs peuvent ramasser des coquillages (palourdes, coques, huîtres, bigorneaux) et des crustacés (crabes, crevettes, araignées de mer). La pêche à pied est réglementée (taille des coquillages ou crustacés, poids total de la pêche) et les écogardes de la Communauté de Communes de l’île de Ré veillent au respect des règles tout en menant une campagne de sensibilisation. Il s’agit là de préserver les ressources pour éviter le pillage de l’estran et s’assurer que la pêche à pied puisse exister encore à l’avenir.
Avant d’être un loisir, cette pratique était un réel moyen de subsistance. Les Rétais se nourrissaient ainsi de coquillages et de crustacés. Sur une grande partie de la côte, des écluses à poissons permettent également de pêcher à marée basse. Elles sont faites de pierres entassées, sans béton ni ciment. Ce sont les huîtres qui se collent naturellement sur les pierres qui tiennent les constructions. Ce patrimoine rare et parfois méconnu remonte au Moyen Âge. Dans les années 1970, il restait soixante-dix écluses en état sur l’île de Ré, contre une douzaine aujourd’hui. Ces « murs dans l’océan » permettent de retenir les poissons à la marée descendante, grâce à des ouvertures laissant s’écouler l’eau. La pêche dans les écluses n’est autorisée qu’à certaines personnes. Pendant des lustres, ces pêcheries ont nourri les Rétais, mais évidemment de nos jours, il existe d’autres moyens plus simples pour trouver du poisson. Ce qui n’empêche pas des passionnés de perpétuer la tradition et surtout de réparer les écluses à poissons après les tempêtes hivernales.

UNE MATINÉE DE PÊCHE AVEC TROIS PASSIONNÉS
Nous avons suivi le temps d’une marée Daniel Massé, célèbre chef cuisinier rétais, Lionel Quillet, président de la Communauté de Communes et passionné de pêche à pied, ainsi que son fils Olivier. Le rendez-vous était donné à Loix, un froid matin d’hiver. Car la météo n’arrête pas les amateurs de cette pratique. Scrutant les flaques, observant l’écoulement de la mer descendante, nos guides de pêche d’un jour étaient concentrés, pour saisir les crabes en train de se cacher prestement ou pour repérer les coquillages cachés dans les rochers. Munis de sabres pour soulever les pierres (mais sans les retourner et en les reposant au même endroit) et de paniers traditionnels, nos trois spécialistes étaient satisfaits de leur pêche en remontant vers la côte. Et surtout ils ont respecté la taille minimale des coquillages et crustacés. Il s’agit d’éviter de pêcher des animaux trop juvéniles et garantir ainsi la reproduction ainsi que la pérennité des espèces. Hors de question également de pratiquer une pêche trop intense : il ne faut prélever que des quantités raisonnables que l’on va consommer pour éviter de nuire à la ressource naturelle. Au passage, cette sortie de pêche s’est aussi transformée en une matinée de découverte, avec la possibilité d’observer des étoiles de mer. Elles ne se pêchent pas mais sont le signe d’une eau de bonne qualité et sont passionnantes à regarder.


LES OBJETS TRADITIONNELS DE LA PÊCHE
Le panier traditionnel du pêcheur à pied est fait en osier. Baptisé « gourbeuille » en patois rétais, il se porte en bandoulière sur le dos. Aujourd’hui, quelques insulaires fabriquent encore des gourbeuilles qui servent parfois plus pour la décoration que pour aller à la pêche. Les pêcheurs utilisent un sabre qui permet d’assommer le poisson ou de soulever les pierres pour déloger les crabes. Pour la pêche à l’écluse, en plus de la gourbeuille et du sabre, les pêcheurs utilisent le treillas, un filet tendu entre deux baguettes de bois.
Pour en savoir plus : la Maison du Magayant à Sainte-Marie-de-Ré (La Noue), écomusée qui permet de découvrir les écluses à poissons et la pêche à pied à travers des visites et animations.
Des visites guidées sur l’estran ont également lieu à marée basse, détails sur le site de l’office de tourisme www.iledere.com
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