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Les sauniers à l’heure de l’industrialisation
Après une année 2020 satisfaisante malgré la crise sanitaire, la Coopérative des sauniers de l’île de Ré investit cette année dans une machine à plus de 500 000 euros, souhaitant poursuivre son développement. Le point avec Nicolas Bécaud, le nouveau président de la structure
Ré à la Hune : La Coopérative tenait son assemblée générale le 1er juillet dernier. Quel bilan dressez-vous de l’année 2020 ?
Nicolas Bécaud : Comme tout le monde, nous avons démarré l’année avec un confinement mais nous avons eu la chance d’avoir des salariés qui n’ont pas eu peur et qui ont maintenu leur activité au sein de la Coopérative. En tant que producteurs et vendeurs de sel, nous avons été considérés comme « commerce essentiel », ce qui nous a permis de maintenir le cap et les objectifs que nous nous étions fixés. Si le chiffre d’affaires de la fleur de sel a baissé, conséquence directe de la fermeture de certains magasins, celui du gros sel a quant à lui augmenté. Cela est dû à une forte demande de la part de la grande distribution ainsi qu’à la fermeture des frontières. Le manque à gagner sur la fleur de sel au printemps a ainsi été compensé par une augmentation des ventes de gros sel. 2020 constitue donc un exercice plutôt favorable. En 2019, la Coopérative présentait un résultat à 0 et en 2020, nous sommes parvenus à un résultat à + 60 000 euros.
Un résultat positif donc, pour la première fois. Quelles sont vos objectifs pour 2021 ?
Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 3,7 millions d’euros en 2020. L’objectif est d’atteindre les 4,2 millions cette année. La Coopérative remonte, nous souhaitons donc continuer dans cette dynamique et continuer à réaliser des gains.
La Coopérative va se doter cette année d’une ligne de transformation. Que va vous apporter cet investissement ?
Il s’agit en effet d’un important investissement, d’un montant de plus de 500 000 euros. Cette ligne de transformation, qui sera installée d’ici la fin du mois de septembre, va cribler, sécher et broyer le sel. Cette machine vient remplacer notre matériel vieillissant et surtout nous donner la possibilité de valoriser le gros sel en le transformant en sel fin (jusqu’alors, le gros sel est criblé et directement vendu en sachet, NDLR). Cela va nous permettre de vendre davantage de volume et d’obtenir une meilleure rentabilité grâce à un flux continu de transformation. Notre défi pour cette fin d’année, c’est donc de finaliser l’installation de cet outil et de bien le maîtriser.
Que souhaitez-vous impulser à la Coopérative en tant que nouveau président ?
Avant toute chose, il faut mettre en place la nouvelle direction. Denis Pinoit prend en effet ses fonctions de directeur cet été. Il a longtemps été directeur industriel puis directeur d’une autre coopérative. Son profil correspond donc tout à fait à notre projet d’industrialisation. Il s’agit de bien gérer cette passation, d’installer le nouveau directeur dans de bonnes conditions afin qu’il s’intègre bien dans l’entreprise.
Le mot de la fin ?
Notre ambition pour la Coopérative, c’est qu’elle continue à gagner en rentabilité. Nous avons connu des difficultés économiques ces dernières années, liées à différents facteurs comme la tempête Xynthia par exemple, mais nous sommes en train de reconsolider les bases. La situation se stabilise. Il nous faut maintenir le stock et maintenir un prix au producteur, sans bien sûr oublier les salariés. Pour les récompenser de leur travail, ils bénéficient d’une prime à l’intéressement. C’est cela la philosophie d’une coopérative !
Saunier, métier passion
Nicolas Bécaud, originaire de La Jarne (commune située près de La Rochelle) vit sa première expérience de saunier dès l’âge de 16 ans. Après avoir travaillé une saison chez Jean-Yves Beau en 1999, le métier de saunier ne le quittera plus jamais. « Je suis tombé amoureux du métier. Très jeune, j’ai voulu être saunier… mais mes parents ne voyaient pas tout à fait les choses comme ça ! Ils voulaient que je fasse des études. J’ai donc obtenu mon Bac puis un BTS Maintenance industrielle et, une fois que j’ai eu rempli ma part du contrat, je suis allé me former au métier de saunier paludier dès l’année suivante », raconte Nicolas.
Il s’installe à son compte en 2005, intègre la Coopérative et fait aujourd’hui partie des plus gros producteurs de l’entreprise. Membre du Conseil d’administration de la Coopérative de longue date et Viceprésident durant une dizaine d’années, il succède à Loïc Abisset en tant que président, depuis le 5 juillet dernier. « Je connais bien la Coopérative et à l’aube de mes 40 ans, j’ai pensé que c’était le bon moment ». Il fait également partie du Conseil d’Administration de l’AEMA (Association des Etangs et Marais de l’Ile de Ré).
Nul doute que ce saunier passionné, qui semble avoir du sel coulant dans ses veines, saura continuer à défendre son métier et les saliculteurs rétais.
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