- Patrimoine
- Journées européennes du patrimoine
Les Rétais aiment et honorent leur patrimoine
Cette année encore les journées du patrimoine ont attiré beaucoup de visiteurs sur toute l’île de Ré, où le panel de visites, conférences, animations, spectacles était particulièrement riche et varié.
Les « Jardins de Sensations, parcours sonore et poétique » par la Cie Akousthéa complétés par une déambulation musicale nocturne dans le jardin et la grande salle de la Communauté de Communes, ont constitué une façon très originale d’apprécier cette ancienne aile de l’hôpital, abordable tant par les adultes que par les enfants captivés par les sensations, les sons, le toucher…
L’Alambic de Sainte-Marie a été pris d’assaut par une foule de visiteurs, tandis que les visites du chantier de la Digue du Boutillon ont connu un succès tel que la demande fut le double de la capacité d’accueil, ce qui a contraint les organisateurs à refuser nombre d’inscriptions.
Bien sûr le Musée Ernest Cognacq et les maisons de Pays n’ont pas désempli. Autre facette fort intéressante du patrimoine, les artisans d’art qui ouvraient leurs portes à cette occasion ont rencontré un franc succès. La Rédaction de Ré à la Hune vous propose une petite sélection de visites.
Dossier réalisé par Jean-Baptiste Le Proux,
Marie-Victoire Vergnaud et Jacques Buisson
Les Greeters de Loix au rendez-vous des Journées du patrimoine
Toute l’équipe de l’office de tourisme avait la ferme intention de participer aux journées du patrimoine et d’en faire profiter les Loidais.
La décision de faire visiter l’église et de monter en haut du clocher a été prise par les responsables de l’OT qui, en limitant le nombre d’inscriptions, a rapidement affiché « complet ».
Samedi 19 septembre, dès 10 heures, Séverine, conseillère en séjour accueillait les visiteurs sur la place de l’église. Elle était accompagnée de deux « greeters* » : Chantal et Jacques.
C’est d’ailleurs lui qui est intervenu le premier pour aborder le côté historique. On ne dispose d’aucune date, on sait simplement que la construction a été commanditée par l’abbaye de Saint-Michel en L’Herm, pendant la guerre de cent ans. La première mention de l’existence du bâtiment remonte au 7 juillet 1379, à la fin du règne de Charles V.
A ce propos, notre greeter a ouvert une parenthèse faisant état d’une ordonnance (1372) dans laquelle le roi a donné le nom de Loys à l’île située juste à côté de Ré, fort probablement en raison d’une présence très importante d’oies sur les lieux. Or, un pouillé (un pouillé est un dénombrement des bénéfices ecclésiastiques sur une paroisse sur une abbaye ou sur un diocèse) du diocèse de Saintes datant de 1404 fait mention du nom de l’église : Sancta Catharina de Legibus (ablatif pluriel du mot latin lex qui signifie la loi). L’origine du nom du village est incertaine. N’y aurait-il pas eu confusion, dès le moyen âge, entre les deux homonymes : L’Oie et la Loi ?…
L’église a été détruite, en partie, par les huguenots rochelais en 1622. A cette époque, de 1622 à 1627, l’île de Ré et celle de Loix ont été le théâtre de violents affrontements entre les Anglais soutenant les protestants et les forces royales. La bataille des « Prises » a mis fin, en 1627, à l’ « occupation anglaise » et c’est à partir de cette date que l’église Sainte-Catherine a été restaurée.
Jacques a donné une information concernant la présence protestante dans le village, à l’époque des guerres de religion. Le 5 juin 1663, Monseigneur Henri Laval de Boisdauphin, Evêque de La Rochelle, s’est déplacé dans la paroisse de Loix. L’objet de sa visite était, entre autre, de recenser le nombre de protestants. Ce dernier note, dans son compte-rendu, la présence de 25 familles de « religion prétendue réformée », soit une centaine de personnes sur les 600 âmes qui peuplaient le village.
De l’histoire à la légende
Chantal a ensuite pris la parole pour présenter la légende de Sainte- Catherine. En effet, l’église possède un tableau représentant Catherine d’Alexandrie avec les attributs de son martyr : palme, roue de son supplice, épée de sa décapitation et un livre illustrant son érudition.
Née à Alexandrie vers 290, elle se convertit très jeune à la religion chrétienne. L’empereur Maxence, séduit par sa jeunesse, sa beauté et son érudition la défie de porter la contradiction devant 50 savants. Elle argumente et relève son défi. Elle subit le supplice de la roue, encore vivante, elle est décapitée par l’épée. Ses reliques sont transportées dans le Mont Sinaï.
Sainte-Catherine est la patronne des métiers mécaniques (utilisant la roue) et de l’intellect. Elle est aussi invoquée pour préserver des naufrages, ce qui expliquerait peut être la présence de deux églises portant le nom de la sainte sur notre île : La Flotte et Loix…
Les participants se sont ensuite rendus en haut du clocher pour admirer le panorama ainsi que la cloche (acquise par le conseil municipal en août 1864).
Jacques Buisson
*Les greeters (de l’anglais to greet qui signifie accueillir) sont des bénévoles qui font découvrir leur village, ses caractéristiques, ses endroits pittoresques, son histoire. Les greeters sont répandus sur les cinq continents. Ils ont vu le jour à New York. Le groupe de greeters Loidais est le seul sur la région Poitou-Charentes.
L’atelier d’ébénisterie « Terre d’Océan » n’a pas désempli
Les journées du patrimoine nous offrent la possibilité de visiter nos monuments, mais également de découvrir des métiers qu’on connaît parfois mal.
C’est le cas de l’ébénisterie, profession apparue au XVIè siècle, après que les grands explorateurs, eurent découvert de précieuses essences, telles que l’ébène. Il fût alors d’usage d’embellir les meubles par des placages de bois nobles. Aujourd’hui pourtant, il est très difficile de différencier ce métier de la menuiserie, tant ces deux arts se confondent en un socle commun. Si l’on sait que l’ébéniste restaure des meubles anciens, on ignore souvent qu’il propose également des créations contemporaines. Tout comme Didier Courmont, qui partage actuellement son temps, entre la restauration du meuble de sacristie de l’église de Sainte-Marie, et la réalisation de commandes sur-mesure. Véritable décorateur, il expliquait aux groupes de curieux qui se sont succédés samedi 19, qu’il n’engage jamais un projet sans s’être rendu sur place. Ceci pour percevoir le style du meuble désiré, mais également pour évaluer les contraintes techniques qui conditionnent sa réalisation.
En 30 ans d’expérience, Didier Courmont est devenu Docteur en « science du bois »
L’expert en connaît toutes les essences, maîtrise ses fragilités, et le travaille au millimètre près. C’est pour cette raison, qu’il intervient bien souvent en dernier dans la chaîne des artisans, lors de chantiers plus importants, tels que l’église Notre Dame de l’Assomption. Tandis qu’un couple l’interroge sur le souhait d’aménagement d’un bureau, Didier Courmont avoue être « booké » jusqu’à la fin de l’hiver. Délai qui s’avère nécessaire, pour porter à maturation ce projet familial. C’est donc la période idéale, pour pousser la porte de cet atelier, qui perpétue un savoir-faire ancestral. Bien que ce mot semble annoncer la déconvenue d’une facture imposante, Didier Courmont a convaincu son auditoire sur la qualité et la beauté des oeuvres réalisées, qui (si l’on en juge par le peu d’écart de prix), compensent largement l’obsolescence des meubles industriels.
Marie-Victoire Vergnaud
Ébénisterie Terre d’Océan
14 petite rue de l’Abbaye, à Sainte-Marie.
06 30 41 32 19
www.ebenisterieterredocean.com
Un Bourguignon sur l’île de Ré
Monsieur de Vauban a bien de la chance ! En 2015, encore, on recrute pour entretenir et combattre sur ses fortifications ! Tout l’été, et à nouveau pendant les Journées du Patrimoine, un sergent-recruteur, et son épouse Marcelline, ont battu le rappel de la garde.
Drôle de troupe ! Spectateurs, touristes ou Rétais, petits et grands, au garde-à-vous, ont eu l’honneur de servir dans les armées de Sa Majesté, «pour le Roi, pour la France, et… pour la guerre !» Voilà comment la Compagnie l’Îlot- Théâtre, installée au Bois Plage, depuis dix ans, a choisi de présenter, à la demande de la Communauté de Communes, les fortifications du Marquis bourguignon qui a consacré son existence à voyager de par le royaume pour, à la requête de Louis XIV, en affermir les frontières ! «M’est avis que le roi se doit soucier d’abord de faire son pré carré», conseilla-t-il au Roi-Soleil. Et pour ce faire, il mit la main à l’équerre et au compas.
Cinq siècles plus tard, le bâtisseur, le sergent, sa femme, le joueur de musique, reviennent sur le théâtre des opérations. Objectif : expliquer l’architecture des remparts, l’intérêt des fossés, les positions des canons,… Costumes d’époque, perruque comprise, instrument de musique, beauparler du Grand siècle : tout est là pour lever de nouvelles cohortes, par le truchement talentueux, tonitruant, et convaincu, des comédiens de l’Îlotthéâtre. Alors, Rétais et touristes se sont facilement laissés convaincre de reprendre l’arquebuse contre l’Anglais ou le Hollandais ! Résultat de la mobilisation : quatre cents soldats pour rire cet été ! Désormais classées au Patrimoine mondial de l’Humanité, grâce au travail de l’association des Amis des Remparts, les fortifications sont donc entre de bonnes mains ! Preuve que le patrimoine est bien vivant ! Et Saint-Martin, bien défendue !
Mais il y aura toujours besoin de grossir les troupes pour défendre la capitale rétaise ! Alors rendez-vous aux prochains recrutements !
Jean-Baptiste Le Proux
Une visite de la digue du Boutillon très courue
Les digues représentent pour l’île l’un des principaux symboles de son patrimoine et les Rétais ne s’y sont pas trompés au vu du nombre très important de demandes d’inscription aux visites guidées.
En effet, cette année, à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, les services de la Communauté de Communes de l’île de Ré ont proposé, les samedi 19 et dimanche 20 septembre, une visite guidée du chantier de la digue du Boutillon.
Une histoire ancrée dans les mentalités
Depuis le XVIIème siècle, des levées de terre et des digues ont été construites sur le Martray pour protéger la population mais aussi les champs et les marais des risques de submersion. C’est à cet endroit que l’île a été, à de nombreuses reprises, coupée en deux. Stéphanie Le Lay, animatrice de l’architecture et du patrimoine, et Hélène Gaudin, médiatrice du patrimoine, nous ont fait découvrir un vestige de digue datant du XVIIIème siècle, probablement construite par les ingénieurs du Roi. En effet, à cette époque, la construction et l’entretien des digues étaient assurés par les services de l’intendance royale, jusqu’alors réservés aux agriculteurs et aux sauniers.
La visite s’est poursuivie, le long de l’estran, où l’on a pu observer un chantier colossal : la digue du Boutillon représente 700 mètres de génie civil et les travaux en cours s’élèvent à six millions d’euros.
La visite s’est terminée par l’intervention de monsieur Navarre, responsable du chantier, qui a donné une foule de renseignements sur tous les secrets techniques de cette gigantesque construction.
Le Président de la CdC a évoqué lors du dernier conseil communautaire son souhait que des visites de chantiers de digues et autres travaux de protection soient régulièrement organisées, afin que toutes les demandes puissent être honorées et curiosités satisfaites, ce qui ne fut pas le cas lors des JEP, où les demandes d’inscription ont été deux fois plus importantes que la capacité d’accueil.
Jacques Buisson
Voir les journées du patrimoine 2016 sur l’île de Ré
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