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Les radars tourelles arrivent sur l’île de Ré au grand dam des maires et de la CdC
Jeudi 16 décembre les Rétais perplexes et les Maires furieux ont vu débarquer de très grands panneaux installés le long des routes départementales de l’île de Ré, dès la descente du Pont à Rivedoux, annonçant des radars sur 28 km. Jusqu’ici il n’y avait aucun radar fixe sur l’île de Ré, juste un mobile.
En Conseil Communautaire en septembre dernier (lire sur realahune.fr et encadré ci-dessous), Lionel Quillet avait expliqué que, saisi de ce dossier en 2019/2020, lorsqu’il était 1er vice-président du Département, il avait fermement refusé l’installation de tels radars sur l’île de Ré. Il avait ainsi demandé aux nouveaux conseillers départementaux une grande vigilance et de les refuser, puisque si le Préfet/l’État les propose, il faut un accord du Département s’agissant de routes départementales.
Patrice Raffarin avait expliqué qu’il ne pouvait les refuser, s’agissant d’une volonté de l’État partout en France, et avait annoncé une réunion de concertation qu’il solliciterait avec le Préfet et tous les Maires de l’île de Ré.
Plusieurs Maires : « Des méthodes qu’on désapprouve »
Quelques mois après, point de réunion, point de refus, et voilà ces radars qui débarquent sur l’île de Ré. Ils sont susceptibles de sanctionner l’excès de vitesse, le non port de la ceinture de sécurité, le téléphone portable au volant et le non-respect des distances de sécurité. Les radars dernière génération contrôlent même à double sens… Avec 5 radars sur 28 km, cela fait un radar tous les 5 km presque : « L’île de Ré va être le territoire le plus contrôlé de France » a déploré Lionel Quillet, « aucun autre n’a une telle densité de radars »
Une manne financière lors des bouchons d’été et des grands WE, sur des routes saturées, où les distances ne pourront être respectées ? Ou au contraire un outil de sécurité routière indispensable sur l’île de Ré, qui n’est pas un territoire à part du reste de La France ? Les avis des Rétais divergent.
Quoi qu’il en soit, en fin de Conseil Communautaire de jeudi 16 décembre 2021 les Maires ont exprimé leur forte désapprobation sur ce sujet… et sur plusieurs autres sujets. Patrice Déchelette, Maire de Saint-Martin de Ré, Lina Besnier, Maire de Saint-Clément des Baleines, Gisèle Vergnon, Maire de Sainte-Marie de Ré et Lionel Quillet, Maire de Loix et président de la CdC sont notamment fortement montés au créneau quant à « des méthodes qu’ils désapprouvent ». Patrice Déchelette a aussi déploré la pose du panneau « à proximité de la Porte Thoiras, défigurant l’entrée de Saint-Martin et la vue sur les remparts. » Alain Pochon, Maire des Portes, a de son côté réagi le lendemain, sur notre page Facebook, déplorant la pose de ces radars qui vont particulièrement sanctionner les habitants du Nord de l’île de Ré et risquent de rendre encore plus difficiles les recrutements. Lina Besnier a aussi publié un post déplorant les conséquences de ces radars pour les habitants du Nord.
Lionel Quillet : « On doit tous faire des efforts pour travailler ensemble »
Patrice Raffarin était ce jeudi absent du Conseil communautaire. Lionel Quillet a fait savoir qu’il a demandé une audience d’urgence à la présidente du Département, Sylvie Marcilly : « Je la connais bien. Pour elle comme pour moi, cela ne correspond pas à notre fonctionnement. Il faut recadrer la façon de travailler des deux conseillers départementaux. Ce n’est pas pour rien que huit Maires refusent de les recevoir en conseil municipal officiel. Le Phare des Baleines* (qui risque fort d’échapper à la commune de St Clément pour passer au Département – NDLR), les radars tourelles, l' »affaire des arbres »*, la remise en cause par les conseillers départementaux du Maire de Saint-Martin dans la gestion des remparts Vauban*, cela commence à faire beaucoup, il faut arrêter ces règlements de comptes, au détriment de l’île de Ré. Le Département joue un rôle majeur dans l’île de Ré, que ce soit pour sa protection environnementale, les tarifs du Pont, dans nombre de ses aménagements. On y est toujours arrivé, que ce soit Léon Gendre ou moi, il faut que les projets se réalisent, pour le moment ils bloquent. Il faut une gestion tripartite de l’île, Les Conseillers départementaux ne peuvent pas oublier que chaque commune est administrée par son Maire. Ni qu’ils font partie d’une majorité départementale et qu’ils engagent le Département.
Il y a pour ma part trois dossiers qui m’inquiètent : celui de la protection du Fier d’Ars, je suis extrêmement inquiet sur son lancement, or il faut qu’on le lance… A ce sujet on ne peut faire passer une piste cyclable dans les marais et on va faire 12 km de digues dans les marais… Second sujet : la suppression des navettes dans les villages, sans aucune concertation. Enfin, j’ai entendu parler d’une baisse du tarif du Pont, s’il n’y avait pas concertation avec l’île de Ré sur ce sujet, ce serait inadmissible. C’est pourquoi j’ai demandé à rencontrer la présidente du Département au nom des élus rétais, afin d’évoquer les difficultés que rencontre notre territoire, pour qu’on se recadre rapidement et qu’on oublie les petites bisbilles rétaises. Tout le monde doit faire un effort » a-t-il conclu.
Véronique Richez-Lerouge : « Nous n’avons pas de comptes à régler »
Lundi 20 décembre au matin, Patrice Raffarin et Véronique Richez-Lerouge ont convié les médias, afin d’apporter leurs arguments, très sûrs de leur fait.
« Nous souhaitons apporter des réponses à des contre-vérités et apaiser les choses. Nous n’avons aucune raison de régler des comptes, puisque nous avons été largement et démocratiquement élus, nous avons la volonté de travailler tous ensemble, y compris à Saint-Clément bien que les prises de parole de Lina Besnier soient un déni de démocratie. Nous avons écrit à tous les Maires, le 10 septembre 2021, pour leur dire que nous souhaitions rencontrer leur conseil municipal et assister à l’une de ses réunions, pour nous présenter, parler des missions que nous avons au Conseil départemental et en quoi on peut les aider, poser des bases de travail. Seuls les Maires de La Flotte – qui nous a reçus en Conseil municipal – et du Bois-Plage, qui va nous recevoir en réunion, ont répondu » a expliqué Véronique Richez-Lerouge. « Ainsi que celui de La Couarde, qui doit nous communiquer une date de conseil municipal courant janvier, et celui des Portes qui prévoit de nous inviter à une réunion de travail », complète Patrice Raffarin.
« Concernant le courrier adressé à l’Architecte des Bâtiments de France au sujet de l’entretien des remparts Vauban de Saint-Martin*, le Maire en a reçu une copie. Il y a un trou béant côté mer, au Vert Clos, qui se creuse au fil des marées, cela fragilise tous les remparts face aux assauts de la mer, nous avons été alertés par l’Association des Fortifications de Vauban présidée par Lucette Noviel, qui interpelle le Maire à ce sujet depuis 2018, sans réponse », a expliqué Véronique Richez-Lerouge. « Nous avons demandé à la DRAC d’organiser une réunion avec le Maire, nous sommes à la disposition de celui-ci pour l’aider, faciliter le processus, y contribuer, bien que le Département ne soit pas concerné. Les remparts Vauban sont un bien commun Unesco, en tant qu’élus et citoyens nous nous devons d’être vigilants, cette lettre n’avait pas vocation à être publiée, le Maire a fait le choix de la rendre publique. »
« Le Département dans le cadre de son Plan Patrimoine mais aussi des subventions & aides allouées aux communes peut accompagner celles qui le demandent. Mais quand le Département finance une partie, la Commune doit aussi abonder », complète Patrice Raffarin, en précisant : « Et cela peut aussi rentrer dans le budget de défense des côtes ».
« On a, par ailleurs, été saisis par une administrée de Saint-Clément sur l’installation de la fibre. Nous avons interrogé les services du Département sur l’aménagement de la fibre et avons invité les dix Maires, par mail du 9 décembre, à une réunion de présentation de l’avancée du déploiement de la fibre optique sur l’île de Ré. A ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse », enchaîne Véronique Richez-Lerouge.
« Nous avons soutenu jusqu’ici toutes les demandes de subventions des communes et des associations, il n’y a pas eu de rupture, toutes ont été honorées. Il va falloir, à un moment donné, que nous posions la question de confiance : sont-ce les règlements de comptes ou l’intérêt général qui priment ? » conclue-t-elle, avant de laisser la parole à Patrice Raffarin sur le dossier des radars tourelles.
Patrice Raffarin : « Radars tourelles, un dossier remontant à 2017 »
« J’ai retracé toute la chronologie. Début septembre, j’ai rencontré les services des infrastructures routières départementales pour évoquer les différents dossiers, dont la séquence 6 (aménagements routier et cyclable entre Rivedoux et La Flotte – NDLR) qui m’intéressait particulièrement. Ils ont évoqué le projet de l’Etat de pose de radars tourelles, le long de l’axe La Flotte – Saint-Clément. J’en ai parlé lors du Conseil municipal de Rivedoux et Lionel Quillet m’a interpellé lors des questions diverses du Conseil communautaire qui suivait, me demandant de bloquer ces radars, comme il l’avait fait. J’ai répondu que pour moi il était compliqué de m’opposer aux radars, volonté de l’Etat, et que je souhaitais mettre en œuvre une rencontre entre les Maires et la Préfecture, nous voulions une concertation. J’ai demandé aux services du Département de se rapprocher de la préfecture pour ce temps de travail, j’ai relancé trois fois, il m’a été répondu qu’un courrier serait très probablement envoyé aux Maires. Or j’ai découvert jeudi matin, comme tous les Rétais, les panneaux d’information sur les radars. J’ai appelé la préfecture, qui ne savait pas, le projet venant du Ministère de l’Intérieur, le dossier devant être très avancé puisqu’il y avait eu la pose des panneaux. J’ai donc interpellé les services départementaux, qui m’ont communiqué des éléments d’information vendredi 17 décembre au soir. Si un tel projet relève de l’Etat et de ses services, notamment la DDTM, la procédure est très compliquée. Pour les itinéraires départementaux, le Département, en tant que gestionnaire de la voirie, est sollicité pour un avis. Un courrier du Département daté du 6 janvier 2017 (adressé par l’élu départemental en charge des infrastructures – NDLR) adressé au Préfet stipule que « le Département est favorable à la protection des itinéraires suivants : RD 137 entre Sainte-Soulle et Marans, RD 735 entre La Flotte et Saint-Clément des Baleines, RD 150 entre Saintes et Saint-Jean d’Angély et RD 14 entre Saujon et La Tremblade… ».
Patrice Raffarin : « Le projet bloqué en mars 2021, pas avant »
« Ensuite il ne se passe rien, aucune trace écrite, en 2018, 2019, 2020, aucun compte-rendu de réunion qui stipulerait que Lionel Quillet et Gisèle Vergnon s’opposent à ce projet. Puis un courrier du 22 mars 2021 (du même élu en charge des infrastructures, NDLR) qui rappelle les quatre mêmes itinéraires, plus un cinquième sur la RD 733 entre Royan et Rochefort et stipule que deux de ces itinéraires (RD 137 et 150) sont déployés en 2021, que ceux des RD 14 et 733 sont à l’étude. »
Le courrier précise : « S’agissant de l’itinéraire de l’île de Ré, dont le déploiement est programmé cette année, le Département du Contrôle automatisé a choisi d’expérimenter le principe de positionner plusieurs radars tourelles à demeure sur des emplacements prédéfinis (9 propositions initiales, non consolidées), activés à tour de rôle pour les contrôles.
Outre le fait que ces équipements posent question en termes d’intégration dans ce paysage d’une île classée, le Département, en cours d’étude de plusieurs aménagements, notamment cyclables, dans les emprises routières départementales qui impacteront d’éventuelles implantations de radars mais auront surtout une influence sur les vitesses de circulation et leurs limites, vous demande de surseoir à la mise en place de tout itinéraire protégé dans l’île de Ré.»
Patrice Raffarin brandit aussi un mail du Ministère de l’Intérieur daté du 6 avril 2021, adressé au Conseil départemental, qu’il ne peut communiquer aux médias, qui dirait en substance : « Suite à différents échanges sur différents terrains protégés, le Préfet a finalement décidé de faire droit à la demande du Conseil départemental, précisant que le déploiement sera réalisé à partir du mois de septembre prochain. »
« Quand ils m’ont interpellé, Gisèle Vergnon et Lionel Quillet ne pouvaient pas ignorer que le Département ne s’était pas opposé au déploiement, mais avait demandé un sursis », commente Patrice Raffarin.
« C’est quand même curieux de bloquer juste en mars 2021, quelques mois avant les élections, c’était une décision électorale, c’est évident », estime Véronique Richez-Lerouge.
Les deux Conseillers départementaux affirment ainsi avoir découvert jeudi 16 décembre, comme tous les Rétais, le déploiement des panneaux. « C’est dommage, des radars classiques auraient été suffisants, on aurait pu en discuter avec les Maires. Là depuis quatre ans, l’Etat a travaillé à la phase d’exécution, c’est très long, cela prend des années. » Et ils vont se renseigner sur les modalités pratiques et modes de fonctionnement de ces radars, que personne ne connaît à ce stade sur l’île de Ré, sinon qu’ils devraient être installés et mis en service en début d’année 2022.
Lionel Quillet : « Il fallait faire bloquer à nouveau ce projet »
Interrogé par nos soins, quelque peu interloqué par la faiblesse, à ses yeux, des arguments exposés, Lionel Quillet répond sans aucune hésitation : « J’ai fait bloquer ce projet plusieurs fois verbalement en 2019, 2020 et en 2021 par écrit, j’ai demandé aux services du Département de trouver les bons arguments pour faire surseoir ce projet. J’ai informé publiquement Patrice Raffarin dès le mois de septembre 2021 qu’il fallait à nouveau bloquer le projet, il ne l’a pas fait. Des schémas généraux, nationaux, départementaux, il en existe une multitude, et on fait bloquer la partie qui nous concerne, cela arrive sans cesse au Département. J’avais alerté le conseiller départemental… Qui ne pouvait pas ignorer l’arrêté du Département, en date du 26 novembre 2021 (NDLR : Arrêté N° 21-07262 signé le 26 novembre 2021 et concernant spécifiquement les communes de Rivedoux, La Flotte, Saint-Martin, La Couarde, Ars et Saint-Clément. Ré à la Hune se l’est effectivement procuré), autorisant les travaux dans le cadre de la pose de radars tourelles sur l’île de Ré. En effet, comme je l’avais expliqué, si les travaux sont à la charge de l’Etat, l’autorisation est délivrée par le Département, puisque les panneaux et les radars en question se trouvent sur le domaine public routier départemental ».
Chacun de nos lecteurs se forgera donc – ou essaiera de se forger – son intime conviction, entre les arguments des uns et des autres.
L’avenir
Patrice Raffarin a conclu ce point presse ainsi : « Je ne continuerai pas à me justifier, ma seule motivation est de travailler sur le territoire, avec tout le monde, derrière les élus il y a des villages, il est hors de question de les sacrifier, s’il le faut nous travaillerons directement avec les adjoints, les administrés, il s’agit d’un déni de démocratie. On soutiendra 99 % des demandes, des dossiers, il se peut que sur une demande de préemption de terrain, par exemple, nous ne partagions pas l’avis du Maire, mais comme cela a pu arriver à Léon Gendre ou Lionel Quillet. Le Conseil départemental va mener un projet extraordinaire pour notre territoire à l’ancien Point P de Saint-Martin, j’ose espérer que le Maire va accepter de travailler avec nous, nous avons la volonté de travailler avec tous les partenaires, y compris associatifs. Après celle de La Couarde, nous avons aussi prévu une seconde réunion publique d’information le 19 janvier 2022 à 18 heures (lieu restant à préciser). »
Interrogés par Ré à la Hune sur l’appel d’offres pour la gestion du Phare des Baleines, sur lequel le Département a répondu au grand dam de la Commune de Saint-Clément, qui a également candidaté, les conseillers départementaux répondent : « Le Département a fortement investi sur le parking du Phare des Baleines, il n’est pas incongru qu’il s’intéresse à la DSP (délégation de servicepublic – NDLR) qui arrive à échéance, et il porte un formidable projet autour du Phare, les Phares et Balises examinent actuellement les offres déposées. Le Département exposera son projet. » A notre connaissance, celui-ci s’intègre dans le projet de Sylvie Marcilly et Stéphane Villain d’un « plan de tourisme Mer-Terre », visant à faire découvrir la Charente-Maritime depuis la mer, puis en allant vers les terres.
« Nous voulons que les Rétais se disent que la Maison est bien tenue » conclue Véronique Richez-Lerouge.
Propos recueillis par Nathalie Vauchez
*Lire sur notre site les articles sur les derniers conseils municipaux de Saint-Clément et Saint-Martin, celui à venir sur le Conseil communautaire complet, ainsi que notre article et notre post Facebook sur le pin de La Maline.
Encadré
Petit rappel des échanges lors du Conseil CdC du 30 septembre 2021 (à retrouver facilement dans Ré à la Hune 232 et sur realahune.fr)
5 radars tourelles
Lionel Quillet a mis en garde le Conseiller départemental, Patrice Raffarin, sur « la fermeté à adopter face au projet de déploiement de 5 radars tourelles sur l’île de Ré, qui s’ajouteraient au radar tronçon du Pont, faisant que l’île aurait un radar tous les 5 km » (lire page 18).
Il a dit s’être fermement opposé à ce projet il y a deux ans et a souhaité que le Département soit très vigilant et dans la concertation avec les élus du territoire de l’île de Ré.
« C’est la volonté de l’Etat de déployer ces radars tourelles sur le territoire national et sur l’île de Ré, dans une logique beaucoup plus répressive. Le Préfet nous a dit qu’un radar est actionné de façon aléatoire sur les cinq et non les cinq en même temps. Il nous expliquera le projet » a précisé Patrice Raffarin.
« L’Etat ne mettra pas des radars le long des RD si le Département s’y oppose, il faut les bloquer, je ne suis pas encore dans la polémique mais dans la vigilance, il nous faut des radars raisonnés » a conclu Lionel Quillet.
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