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Les professeurs contre le « choc des savoirs »
La réforme dite du « choc des savoirs » entrera en application au mois de septembre pour les classes de 6e et 5e. Dans une lettre adressée aux parents d’élèves, les enseignants du collège Les Salières détaillent point par point les conséquences de cette réforme.
C’est un évènement assez rare pour être noté. Les enseignants du collège Les Salières s’expriment collectivement et officiellement contre une réforme. Dans une lettre diffusée par voie électronique à tous les parents, ils expriment leurs craintes quant aux répercussions qu’aura cette réforme sur l’organisation des cours et l’enseignement dispensé aux élèves.
Dès la rentrée 2024, les élèves de 6e et de 5e devront en effet être regroupés en français et en mathématiques dans des groupes constitués en fonction des besoins des élèves. La généralisation aux élèves de 4e et 3e est prévue pour la rentrée 2025.
Une stigmatisation préjudiciable
« Concrètement, un élève aura cours en classe entière dans toutes les matières, mais pour le français et les mathématiques, il sera dans un groupe de niveau. Les élèves les plus en difficulté seront extraits de leur classe pour intégrer un groupe dit « à besoins » », explique Marie-Noëlle Mounier, professeure d’histoiregéographie et représentante du Conseil d’administration du collège. « Mais c’est absolument illusoire de penser que des élèves tous rassemblés dans un groupe dit « faible » pourront monter dans le groupe du dessus. C’est l’hétérogénéité qui permet de tirer vers le haut. »
Pour Isabelle Baussay, professeure d’anglais et membre également du CA du collège, même son de cloche. « Cela revient à condamner certains enfants à porter l’étiquette de « mauvais élève » pendant toute une année, voire plus. Cette stigmatisation ne va pas les aider. Ce qui fonctionne, c’est le travail en groupe hétérogène où les élèves qui savent peuvent aider ceux qui ne savent pas. Cette réforme va à l’encontre de tout ce que démontrent les recherches scientifiques en matière d’éducation. Je suis à trois ans de la retraite, j’en ai vu passer des réformes. Mais une réforme catastrophique comme celle-ci, jamais. »
Valérie Inguimberty, professeure de français, se retrouvera au coeur de ces changements. « Casser le groupe classe va complexifier le travail d’harmonisation de la programmation pédagogique. Il faudra une synchronisation des apprentissages mais comment s’y prendre pour faire avancer tous les groupes au même rythme ? Ça va être très compliqué. Et puis de manière plus pragmatique pour nous, profs de maths ou français, nous ne pourrons plus être professeur principal. Or, c’est un lien qui est très riche, auquel nous tenons. Moi je me sens très frustrée. Je coordonne un projet innovant de « cogni-classe » où on travaille autour des neurosciences. Comment faire vivre ce projet sans groupe classe ? »
Suppression du travail en groupe
Sur la forme, créer ces groupes de niveau en maths et français entraînera par répercussion la suppression de plusieurs autres heures d’enseignement. Car la dotation horaire globale par établissement, elle, ne changera pas, tandis que le volume des heures enseignées en français et en maths va augmenter. Chaque établissement devra donc faire des choix et sacrifier d’autres heures d’enseignement.
Ainsi, les conséquences annoncées pour le collège Les Salières sont nombreuses. La totalité des élèves de 6è auront moins d’heures de français et de mathématiques (25 h de cours par semaine contre 26 précédemment). Les élèves n’auront plus la possibilité de commencer l’allemand ou le latin en 5e, il faudra attendre la 4e. Les heures de travail en groupe passeront également à la trappe, que ce soit en sciences ou en langue, et les groupes bilangues et LV2 se retrouveront mélangés en 4e et 3e. Sont également menacés le maintien de la chorale et de l’école du spectateur.
« Pour toutes ces raisons », explique Marie-Noëlle Mounier, « nous avons refusé de voter la répartition de dotation lors du Conseil d’administration à deux reprises. Concrètement, cela aura peu d’effet, sauf celui de signifier notre désaccord, mais nous n’avons pas d’autres moyens d’action. Le principal, lui, n’a pas d’autres alternatives que d’appliquer la réforme. »
Les conséquences de cette réforme se feront d’autant plus ressentir aux Salières que deux classes devraient être supprimées à la rentrée 2024, alourdissant les effectifs des classes restantes.
Une opération « collège mort » était également organisée par les enseignants du collège Les Salières le 29 mars, comme dans de nombreux établissements sur le territoire. Aucun cours n’a été assuré. Les parents d’élèves avaient été appelés à garder leurs enfants à la maison en solidarité au mouvement.
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