Les présidents des îles d’Oléron et de Ré ensemble
Les présidents des Communautés de Communes, Michel Parent et Lionel Quillet, partagent une complicité mutuelle, tissée de longue date au travers de leurs importantes responsabilités au sein du Conseil départemental et d’une défense commune des spécificités insulaires. Dans une nouvelle configuration, ils entendent prolonger et amplifier cette alliance.
Depuis juillet 2021, l’un et l’autre ne sont plus au Conseil départemental, Michel Parent ayant été élu en 2020 à la présidence de la CdC d’Oléron et ayant – dans le cadre d’un accord politique pour les élections départementales de juin 2021 – cédé sa place de vice-président au Département à Christophe Sueur, autre homme fort d’Oléron. Lionel Quillet s’est, de son côté, recentré sur la CdC de Ré, après sa défaite aux élections départementales.
« Nous sommes deux présidents qui s’apprécient, avec une vraie entente et complicité, déclinée tout au long d’une grande expérience l’un et l’autre au Département », explique Lionel Quillet.
Une complicité de longue date
Les îles de Ré et d’Oléron se sont longtemps regardées en « chiens de faïence », l’une souffrant d’une image d’ « île bobo » et parfois « hautaine », l’autre des contradictions entre ses spécificités insulaires et son alliance tumultueuse avec le bassin de Marennes, avec pour point d’orgue le débat sur l’opportunité de l’instauration d’un droit départemental de passage sur son pont.
« Je n’acceptais pas le Pays Marennes- Oléron et le PETR*, aujourd’hui que nous avons retrouvé notre « liberté » nous avons la volonté de partager nos problématiques communes avec d’autres îles, telles l’île d’Aix et l’île de Ré », confirme Michel Parent.
Si la nouvelle configuration politique y fait beaucoup, les deux hommes ayant été élu ou réélu à la présidence de la Communauté de Communes, le facteur humain est aussi essentiel pour qu’un tel rapprochement prenne forme.
Après une première rencontre « avortée » du fait d’embouteillages estivaux, Michel Parent et six des sept autres Maires de l’île d’Oléron (Christophe Sueur étant ce jour-là mobilisé ailleurs), ainsi que le directeur général des services de la CdC d’Oléron, Joseph Hugues, ont accueilli Lionel Quillet et le DGS de Ré, Hung Do Cao, en ce mois de novembre.
Problématiques et spécificités communes
Il s’agissait, dans un premier temps, « de recenser les problématiques communes telles que la gestion des ordures ménagères – Oléron est sur une taxe incitative, nous sur une autre fiscalité – les digues et l’érosion côtière, le logement ou encore la culture. Puis de voir quels sujets nous pouvions mettre en commun avant de demander audience commune aux services de l’Etat, afin d’obtenir une écoute attentive. Nos deux territoires ont de fortes spécificités insulaires, qu’il faut savoir faire entendre. Le premier sujet commun est celui du logement permanent et saisonnier. Il nous faut avoir des possibilités beaucoup plus adaptées, pouvoir gérer le foncier et construire des logements permanents de façon plus simple et pour le logement saisonnier, besoin éphémère, voir s’ouvrir des solutions aujourd’hui non conformes à la réglementation. Nos deux territoires sont sous forte tension », développe Lionel Quillet.
« Autre sujet commun, la mobilité, notamment le réseau de pistes cyclables – la trans-oléronaise et la trans-rétaise – qui doivent servir le déplacement à l’année et ne pas seulement être tournées vers les loisirs et touristes. Toutes nos pistes cyclables passent dans des marais, forêts, sites environnementaux, on doit pouvoir utiliser des revêtements mieux adaptés…
Nos financements sont différents, Ré bénéficie de l’écotaxe, Oléron de Cap Oléron 2021 qui va devenir Cap 2025 ou 2026 (financements départementaux, NDLR), les sujets sont les mêmes. Nos deux directeurs généraux vont travailler ensemble.
Autre sujet majeur, le projet de parc industriel éolien au large de nos îles. Qui constitue pour Oléron une menace pour la pêche, avec le port de la Côtinière et ses pêcheurs qui naviguent à plus des 50 km des côtes, nos craintes sont complémentaires. Nous prendrons une position ensemble sur ce projet.
Tout ce que mène l’une des deux îles peut servir d’expérience à l’autre, voire de jurisprudence, je pense aussi aux solutions en matière d’érosion côtière et d’architecture résiliente », précise le président de la CdC de l’île de Ré.
Une position partagée face à l’Etat
Michel Parent confirme cette complicité et apporte sa vision complémentaire : « En tant que conseillers départementaux, nous avons développé une complicité insulaire sur des problématiques comparables, aujourd’hui au titre de nos fonctions de présidents de CdC nous voulons renforcer les relations inter-îles, ave Ré et Aix, mais aussi la Bretagne.
Sur la dimension culturelle, nous avons déjà le festival M L’Arts commun à Saint-Martin de Ré et au Château d’Oléron, mais l’un des sujets majeurs de nos territoires insulaires est celui du logement, avec les contraintes financières, techniques, réglementaires, nous allons rédiger un document commun à l’intention des services de l’Etat, mais aussi pour solliciter des financements de la Région, du Département. Ré l’a fait depuis longtemps, Oléron est en train de constituer des réserves foncières et immobilières pour 10 M€, sur le Château, Saint-Georges, Saint- Pierre et La Brée-les-Bains.
J’ai aussi rencontré le président du Syndicat Mixte de l’île d’Aix, qui partage la même problématique que Ré et Oléron sur l’agriculture et la valorisation des produits locaux, l’application brutale de la Loi Littoral a un impact sur l’agriculture. »
Les deux présidents Quillet et Parent envisagent-ils de formaliser d’une façon ou d’une autre cette alliance ? « Non nous ne voulons pas l’institutionnaliser, c’est une entente informelle, pour partager nos retours d’expérience, pour expérimenter chez les uns puis en faire bénéficier les autres. Oléron est avancée en termes d’érosion et submersion marine avec la démarche Oléron qualité littoral, stratégie locale de gestion côtière, pour laquelle nous avons eu la 1ère réunion avec la Région Nouvelle-Aquitaine. A contrario, Ré a une longueur d’avance en matière de logements… Et nous avons les projets communs, comme les réseaux de piste cyclable. Pour l’installation de photovoltaïque nous rencontrons de gros blocages de la part des services de l’Etat, les friches agricoles sont un autre sujet commun… »
Michel Parent devrait, à son tour, venir à la rencontre des maires rétais d’ici trois mois.
Au-delà des deux présidents de CdC, qui s’apprécient et partagent cette volonté de se serrer les coudes, il faudra que les maires d’Oléron et de Ré, ainsi que les habitants, apprennent à se connaître, et dépassent les clichés et tabous, qui ont la vie dure.
Alors qu’a trop longtemps été jouée la partition de la rivalité, l’heure est à la solidarité entre deux îles à la fois si différentes et si proches, qui doivent faire front commun pour espérer faire entendre leurs particularités.
*Pôle d’équilibre territorial et rural, alliant les deux intercommunalités
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