Les Portes-en-Ré, une commune atypique qui se bat pour vivre à l’année

Par Nathalie Vauchez - 17/08/2016

La rue commerçante du centre bourg

Avec Les Portes-en-Ré, Ré à la Hune poursuit sa série d’articles sur la vie économique et l’attractivité commerciale de chaque commue rétaise.

Avec 637 habitants permanents et une capacité d’hébergement « de la population non permanente » de près de 11 000 personnes (dont 8150 dans les 1630 résidences secondaires), la Commune des Portes a un profil de population très déséquilibré, comme plusieurs communes du nord de l’île de Ré.

Ici comme ailleurs, les élus se battent pour maintenir une vie permanente tout en gérant les pressions liées à la très forte proportion de résidents secondaires (82 %) et de vacanciers. Avec un seul hôtel offrant 16 chambres (32 vacanciers hébergés), six chambres d’hôtes (12 personnes), 337 meublés (capacité de 1348 personnes) et deux campings, l’un de gestion municipale avec 140 emplacements, l’autre de gestion privée proposant 310 emplacements (soit au total 1362 personnes hébergées), les capacités d’hébergement touristique hors résidences secondaires, de 2750 personnes sont « raisonnables ».

Les Portes sont, on le sait, la commune rétaise la plus « huppée », sa situation à l’extrême nord de l’île renforce ce côté atypique, et les résidents secondaires constituent le socle de la vie économique. Hormis les 2750 vacanciers hébergés, nombreux sont les touristes « de passage » pour une journée…

Une vie économique décuplée en saison

Ainsi, à l’entrée et dans le centre-bourg seulement une poignée de commerces alimentaires sont ouverts à l’année, ainsi que quelques rares magasins et deux restaurants, qui constituent des références incontournables, ceci depuis plus de 20 ans. Le nombre de commerçants à l’année diminue. Toutes les autres activités sont saisonnières, voire ouvertes uniquement en été.

Le supermarché et quelques magasins phare sont ouverts à l’année, à l’entrée de la commune des Portes en Ré. Les autres commerces sont saisonniers — Le supermarché et quelques magasins phare sont ouverts à l’année, à l’entrée de la
commune

La place de la Liberté aux Portes en Ré, ses cafés-restaurants, son magasin de presse, ses agences immobilières… — La place de la Liberté, ses cafés-restaurants, son magasin de presse, ses agences
immobilières…

En plein été, onze commerces alimentaires & caves à vin, un fleuriste, douze restaurants traditionnels et rapides, quinze magasins de vêtements et décoration, deux antiquaires/ brocantes, six galeries/ ateliers d’artistes, trois loueurs de vélos, un magasin de presse/tabac, un bouquiniste et un magasin nautique sont ouverts, tandis que deux agences immobilières, parmi les plus anciennes de l’île de Ré, une laverie/ pressing et un taxi proposent leurs services. L’Entreprise Bricophone, installée aux Portes mais qui travaille via Internet dans le monde entier, emploie une douzaine de salariés, mais est confrontée à un problème d’espace devenu trop exigu. Le maire Michel Auclain et son adjoint Michel Oger essaient de trouver des solutions, tant pour l’espace professionnel que pour le logement des salariés.

Le marché, ouvert d’avril/mai à septembre, sur la place centrale du village, comporte une quarantaine d’étals alimentaires et non alimentaires, et constitue en saison le pôle d’attractivité commercial principal.

Le marché des Portes en Ré est très prisé l’été, avec ses commerçants — Le marché des Portes est très prisé l’été

Côté artisans, outre deux architectes, douze d’entre eux travaillent en BTP dans et en dehors de la commune, cinq font de l’aménagement paysager et deux de la réparation et du multiservices.

Au nord de la commune, le golf de Trousse-Chemise, actif toute l’année, emploie six salariés permanents et tourne à plein régime en saison. Le Centre nautique géré par une association fonctionne toute l’année, tout comme le club de tennis, complétés l’été par un club de plage.

Les activités primaires se résument à la saliculture avec quatre sauniers venus s’installer, et à l’ostréiculture via un seul exploitant. La commune n’abrite plus d’agriculteur.

Des projets de vie fortement impactés par les cartes d’aléas…

Les projets de la commune et la vie économique sont fortement impactés par la révision du Plan de Prévention des Risques Littoraux et le zonage réalisé par l’Etat dans le cadre de l’élaboration des cartes d’aléas, une grande partie de la commune, y compris le centre-bourg, étant classée en aléa fort, ce que les élus communaux et intercommunaux contestent. En attendant, nombre de permis instruits par la CdC et délivrés par la mairie sont déférés par l’Etat auprès du Tribunal Administratif, laissant ainsi aux juges le soin de « gérer » le territoire, une situation qui n’est guère tenable et qui pénalise fortement propriétaires et professionnels.

Les projets communaux et intercommunaux visant à pérenniser une vie permanente sont considérablement retardés voire compromis pour certains par ce principe de précaution poussé à l’extrême. Ainsi en est-il des 21 logements à « La Françoise », pour le moment en stand-by à la CdC, et de la zone artisanale à l’entrée du village, prévue depuis plusieurs mandats et sans cesse retardée. Désormais conditionnée à la réalisation préalable des travaux de protection des côtes prévus dans le Plan d’Action et de Protection Inondation (PAPI), elle permettrait d’attirer/stabiliser une dizaine d’artisans sur la commune.

…Et des projets qui avancent

Les dix logements à loyers maîtrisés qui seront situés à côté du cimetière, projet cette fois-ci communal (car inférieur au seuil intercommunal des 20 logements) et non impacté par le PPRL, devraient eux être livrés fin 2018/début 2019. Ils viendront compléter les 54 logements sociaux actuels, situés à côté de la salle polyvalente, route de la Prée et route de Trousse-Chemise.

Une maison médicale verra aussi le jour d’ici à fin 2017 : la Commune a acheté une maison, l’architecte sera choisi sur appel d’offres d’ici fin août. Elle abritera un médecin, deux infirmières et un kiné et vise à garantir la proximité des soins.

Outre les travaux de réfection et aménagement de la voirie qui se poursuivront en 2017, sont prévues la rénovation de la mairie, la construction d’un skate parc en dur au Gros Jonc, l’amélioration des accès de plages. Le classement de la commune touristique en station tourisme permettra aussi de récupérer les droits de mutation (1,20 % des ventes immobilières). Une association Les Portes en fête a été créée, afin d’organiser les animations de la commune en lieu et place de l’office de tourisme devenu simple bureau d’accueil touristique, depuis le transfert de la compétence « promotion touristique » à l’intercommunalité rétaise au 1er janvier 2016.

Parmi les bonnes nouvelles de cette rentrée figure l’ouverture d’une classe de maternelle (RPI Les Portes-Saint-Clément) et pour la rentrée 2017/2018 la création d’un point chaud qui permettra aux enfants scolarisés sur la commune de ne plus faire le déplacement tous les midis à la cantine située à Saint-Clément, ce qui est loin d’être optimal pour des petits. La vie scolaire est essentielle à la pérennité d’un village, condition sine qua non pour que de jeunes couples envisagent de s’y installer…