Les « petits » professionnels de la plaisance veulent se faire entendre
L’Association des professionnels navigants rétais, l’APNR, est en cours de création. Elle réunit plusieurs professionnels de la plaisance qui veulent faire entendre leur voix dans toutes les décisions prises par le Département. Point de crispation : la gestion des ports de La Flotte et de Saint-Martin passés dans le giron départemental en janvier 2020
Sur le port de La Flotte, Yves German de Blue Note n’en démord pas : le ponton sur lequel son catamaran est amarré part à vau-l’eau. Selon lui, si des travaux ne sont pas rapidement entrepris, c’est toute l’activité du port qui pourrait être mise en danger. « Depuis que le Département a repris la gestion du Port, les travaux se font au compte-goutte. Il y a pas mal de choses à faire, notamment la rénovation des barreaux des échelles qui sont en très mauvais état. »
Même constat à Saint-Martin où Florent Renard, le gérant de Île de Ré Nautisme, constate de nombreux défauts d’entretien. « Les barreaux des échelles, oui, qui ne sont pas aux normes et mettent en danger notre personnel, mais aussi la station de carburant qui nous a causé de nombreux ennuis cet été avec des pannes à répétition. Le 16 août j’ai même dû annuler une sortie ! »
Des problèmes qui passent d’autant plus mal que le Département a, à son arrivée, instauré une nouvelle taxe. « C’est une taxe par passager qui existait certes déjà dans les autres ports gérés par le Département, mais qui se traduit concrètement pour nous par une augmentation de 30%, en 2 ans, des taxes à payer » estime Yves German. « On nous répond d’augmenter nos prix. C’est hors de question. Nous voulons être accessibles au plus grand nombre. L’élitisme, ce n’est pas notre vision de notre activité. Nous voulons rester des petits bateaux pour une plaisance à taille humaine. L’arrivée de cette taxe s’est faite sans concertation et elle met clairement en danger des petites entreprises comme les nôtres, contrairement aux hypermarchés de la mer qui peuvent plus facilement encaisser de telles augmentations. »
Défendre une certaine vision du nautisme
C’est un évènement survenu cet été qui a mis le feu aux poudres et provoqué la création de l’APNR : l’arrivée d’un catamaran d’Inter-îles sur le Port de Saint-Martin. Florent Renard explique : « Au mois de juin, alors qu’Inter-îles n’était pas sur liste d’attente, on a dégagé mon bateau et celui de Dream’on pour faire une place à un de leur gros catamaran. On a été déplacé, avec toute la maintenance que cela implique, alors que nous étions placés là depuis longtemps ! On sent qu’il y a « 2 poids 2 mesures », une vraie différence de traitement entre nous, les petits, et les plus gros. »
Pour les sept entreprises adhérentes de l’APNR*, il s’agit donc de faire entendre leur voix. De peser un peu plus dans la balance des décisions. « Nous nous regroupons pour non seulement avoir un discours commun sur l’utilisation des ports de l’île de Ré, mais aussi pour augmenter notre influence. Nous voulons avoir notre mot à dire sur le développement nautique de l’île de Ré », explique Yves German. « C’est toute une vision du tourisme nautique que nous voulons défendre. Celle d’une plaisance à taille humaine, sur des petits bateaux misant sur la proximité, le sur-mesure et la convivialité à bord, avec des petites capacités d’embarquement, entre dix et quinze passagers. »
Le Département se défend de tout favoritisme. Guillaume Métayer, Directeur départemental de la mer et du littoral, précise qu’Inter-îles ne s’est pas vu accorder un ponton mais simplement une place de visiteur. « Pour les visiteurs, explique-t-il, les tarifs sont de 5 à 10 fois supérieurs, de surcroit sans aucune garantie de pérennité. Il n’y a eu aucun favoritisme. En revanche, le rôle d’un port est bien d’accueillir un maximum de bateaux et de faire une place à tout le monde, quitte à ce que parfois on doive réorganiser au mieux, afin d’optimiser l’espace. Je rappelle que personne n’est propriétaire d’une place en particulier ! »
Sur la question des travaux, Guillaume Métayer recadre le débat. « Nous respectons un plan pluriannuel d’investissement, et certains travaux ont déjà été réalisés. En 2 ans, nous avons déjà remis en état le mole de la Barbette et le quai Clémenceau, et nous avons commencé en 2020 la remise en état des échelles. »
Autre priorité pour le Département, la réfection du brise lames à l’entrée du port de Saint-Martin. En tout, la collectivité table sur un programme d’investissement de plusieurs millions d’euros. « Pour cela, nous devons lancer des consultations. Cela sera fait d’ici la fin de l’année. Le Département est dans une vraie dynamique de travaux sur le port de Saint-Martin depuis deux ans, mais les procédures sont longues et ça demande du temps. »
En parallèle, Guillaume Métayer défend une politique de transparence dans la gestion de tous les ports qui lui sont confiés. Une politique d’écoute aussi, où « chaque professionnel peut être entendu. »
Le Département n’a d’ailleurs pas attendu la création de l’APNR pour en apporter la preuve. Les petits professionnels navigants rétais possèderont désormais un représentant au Conseil portuaire via Benoit Borie, qui en avait fait la demande en début d’année. Cela devrait être acté à l’automne. Le temps, encore une fois, que la procédure suive son cours…
*Les adhérents actuels sont : Blue Note, Bateau École PC, Boat Event, Dream’on, Fantomas en mer, Ile de ré Nautisme et l’Ecole de pilotage des Pertuis. Deux autres professionnels seraient déjà intéressés : Ship and Fish à Ars en Ré, ainsi que le Jemapa, l’un des derniers bateaux de pêche professionnel de l’île de Ré.
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