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« Les Huîtres de l’île de Ré » : une marque et bientôt une IGP ?
Une vingtaine d’ostréiculteurs de l’île de Ré ont créé il y a près d’un an un groupement ostréicole.
La marque a été déposée il y a deux mois et le cahier des charges en vue de l’obtention d’une IGP* est en cours d’élaboration. Sébastien Réglin nous présente le sens de cette démarche.
« Tous les produits du terroir de l’île de Ré se sont organisés, que ce soit le vin, la pomme de terre ou encore le sel, avec des collègues nous avons trouvé intéressant de davantage valoriser les huîtres de notre île. Et aussi, parallèlement, de se regrouper et s’organiser, face notamment aux élus, afin qu’ils aient un interlocuteur commun. », explique l’ostréiculteur flottais.
« Créer de la diversité »
« L’Association des Producteurs d’Huîtres de l’île de Ré » (APH-Ré) a ainsi déposé au début du printemps la marque « Les Huîtres de l’Île de Ré », avec pour objectif d’obtenir une IGP*, à l’instar de celle obtenue il y a plusieurs années par Les Huîtres Marennes-Oléron et plus récemment par Les Huîtres de Normandie.
Cette marque rétaise vient-elle concurrencer celles des Huîtres du bassin de Marennes et de Charente-Maritime ? « Pas du tout, nous souhaitons créer de la diversité et en aucun cas faire de l’ombre à ces marques, il s’agit de nous recentrer et de surfer sur un label porteur. En relation avec l’INAO* avec qui nous avons eu une première rencontre au cours de laquelle il a pris très au sérieux notre demande, nous avons commencé à travailler sur notre cahier des charges des Huîtres de l’Île de Ré. Celui-ci exigera évidemment qu’une partie au moins de l’élevage d’huîtres soit fait sur l’île de Ré, nous avons choisi comme critère que la dernière année d’élevage des huîtres doit impérativement se faire sur l’île, et certains parcs d’huîtres seront prédéfinis. Toute notre production n’a pas vocation à revendiquer l’IGP. »
« Prouver la spécificité du goût de nos huîtres »
Si seulement une vingtaine de producteurs rétais (sur une cinquantaine), ayant le siège social de leur entreprise sur l’île de Ré, a pour le moment adhéré, l’association veut s’ouvrir à tous les producteurs du continent (Fouras, les Boucholeurs, etc.) qui viennent produire sur l’île de Ré et les intégrer dans la démarche IGP. L’élaboration du cahier des charges et l’obtention de l’IGP devraient prendre plusieurs années, a minima cinq ou six ans d’après Sébastien Réglin, avec des justifications et preuves fournies à la clé, quant à la spécificité de l’huître de Ré et de son goût unique. La volonté des producteurs rétais est d’ouvrir cette IGP à tous les modes de production, y compris celui de l’huître triploïde.
Corollaires du récent dépôt de marque, la communication et le marketing vont se mettre en place, un logo est en cours de création, les outils de communication et le design des bourriches, ainsi que la signalétique, suivront.
Deux commissions ont été créées au sein de l’association, l’une autour de la communication, l’autre autour des finances, chargée notamment de récolter les budgets nécessaires à cette démarche : adhésions, cagnotte en ligne, dons privés, financement des collectivités…
Un contrôle strict
Mais alors que cette IGP ne concernera que certains producteurs intégrés dans la démarche et qu’une petite partie de leur production, comment éviter les récupérations « marketing » ? Comme dans tous les domaines, la marque « Île de Ré » faisant toujours vendre mieux… et plus cher, elle pourrait là aussi aiguiser des appétits peu scrupuleux. « Lors de la création du Groupement, nous avons élaboré des statuts qui lui permettront d’évoluer en ODG, organisme de gestion et de contrôle, dont l’une des missions essentielles sera justement d’assurer un contrôle strict et régulier, avec un organisme d’inspection et de contrôle indépendant. », rassure Sébastien Réglin.
Outre l’intérêt d’une marque fédératrice des producteurs rétais, sur les salons, par exemple, ce regroupement permet aussi une approche plus cohérente des collectivités. « Nous avons reçu un très bon accueil de la grande majorité des Maires de l’île de Ré à qui nous sommes allés expliquer le sens de notre démarche, ils vont nous suivre, et nous avons aussi des discussions avec l’intercommunalité, notre dossier deviendra forcément intercommunal. »
L’association est ouverte à tous les producteurs, rétais et continentaux, faisant de l’élevage sur l’île de Ré, elle espère bien fédérer le maximum des ostréiculteurs concernés.
Nathalie Vauchez
*IGP : Indication Géographique Protégée, au niveau européen / INAO : Institut National de l’Origine et de la qualité
APH-Ré
Président : Sébastien Réglin (La Cabane Océane)
Vice-président : Didier Fournier (Ré Ostréa)
Secrétaire : Jana Rose (La Réthaise)
Trésorier : Sébastien Henry (Huîtres Henry)
Contact : leshuitresdere@gmail.com
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