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Les élus rétais stupéfaits des nouveaux projets éoliens
A la suite de la publication de nouvelles cartes de l’Etat et des industriels délimitant des « zones propices » d’implantation d’une vingtaine de parcs et de 1500 éoliennes*, le Collectif NEMO a organisé le 23 avril une réunion publique à Sainte-Marie, à laquelle ont participé près de 150 personnes.
Après avoir présenté ces cartes, Dominique Chevillon, Philippe Favreau et Claude Rieg ont tour à tour exposé les risques technologiques, juridiques, écologiques et socio-économiques de « l’industrialisation destructrice de la mer », avant de donner la parole à Lionel Quillet, qui a annoncé que les dix maires de l’île s’apprêtaient à signer un courrier destiné au président de la Commission nationale du début public (CNDP) « La mer en débat ».
Des cartes publiées en fin de débat public
Ces cartes ont été publiées fin mars, alors que ce débat public a débuté en novembre et s’achevait le 26 avril ! « Cela enlève au débat public sa pertinence, puisque les gens qui se sont prononcés n’avaient pas connaissance de ces « zones propices » et d’ailleurs les cartes des industriels écartant les aires marines protégées donneront corps à nos arguments dans un contentieux futur », a précisé le vice-président de la LPO et président de Ré Nature Environnement. Parmi les risques technologiques exposés par Claude Rieg on relèvera le caractère de « prototype » de « ces gigantesques mâts (plus de 150 m au-dessus de l’eau) avec nacelle de 700 tonnes, qui seraient implantés dans des hauteurs d’eau jusqu’à 70 m dans le golfe de Gascogne », ainsi que « la distance de raccordement jusqu’à Granzay, d’au moins 150 km, inédite avec les risques liés à l’atterrage. » Il a aussi évoqué les risques des parcs flottants ainsi que ceux liés à la concentration de ces parcs en Atlantique.
L’Etat a-t-il le droit de déroger à Natura 2000 ?
Philippe Favreau a pour sa part rappelé la richesse naturelle exceptionnelle, reconnue depuis plus de 50 ans, de la mer des pertuis charentais, avec deux zones Natura 2000, un parc naturel marin et sept réserves naturelles nationales. « L’Etat renie ses engagements antérieurs… peut-on sacrifier la biodiversité – et donc la vie sur notre planète – sur l’autel de la lutte contre le réchauffement climatique ? Non ce serait une aberration, ils sont totalement interdépendants. », a-t-il estimé.
Il a précisé l’existence de la procédure d’« évaluation d’incidences » Natura 2000 (code de l’environnement), alors qu’ « aucune évaluation préalable sérieuse n’a été réalisée à ce jour ». Par la Loi d’accélération des énergies renouvelables, l’Etat a notamment supprimé plusieurs niveaux de recours possibles. Il reste toutefois la jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui établit deux grands critères : l’intérêt public et l’absence de solutions alternatives… Les atteintes à l’intégrité d’une zone spéciale de conservation ne sont autorisées que si elles sont réellement inévitables. « En ignorant les impacts de l’éolien sur les Aires Marines Protégées, en n’écoutant pas les élus ni les citoyens, en contournant la doctrine « Eviter/ Réduire/Compenser », l’Etat s’expose à un désaveu judiciaire, des actions sont déjà engagées devant le Conseil d’Etat et la Commission Européenne. »
Dominique Chevillon a confirmé qu’à l’image de ce qui a été fait pour la protection des dauphins, La LPO travaille sur l’éolien avec des associations européennes, dans le but de faire condamner l’Etat, qui s’affranchit de directives européennes transcrites dans le droit national.
Où sont les études d’impact ?
Lionel Quillet a rappelé qu’en France, dans un Etat de droit, aucun projet ne peut se faire sans étude préalable d’impact. « L’Etat est le seul à annoncer que les études seront faites après ! », qui plus est par les industriels eux-mêmes… « Nous ne sommes pas contre l’éolien, mais contre cette procédure et le risque de privatisation du domaine public maritime et de la mer. »
Ainsi, comme il l’avait annoncé lors de cette réunion, les dix maires de l’île de Ré ont-ils signé et envoyé le 25 avril un courrier au président de la CNDP, exprimant leur « forte inquiétude », et leur « stupéfaction en découvrant la façade de Charente-Maritime et ses zones dites propices. » « Nous ne souhaitons pas devenir le lieu de la plus grande implantation d’éoliennes industrielles en Europe et sommes toujours particulièrement inquiets de ces projets pour lesquels nous n’avons eu de cesse de réclamer des études d’impact sur les écosystèmes et la biodiversité, ainsi que sur les activités socioéconomiques. A ce jour ces études n’existent pas ou leurs résultats ne nous ont pas été communiqués », écrivent-ils. Les élus de l’île d’Oléron devraient faire de même.
*Lire dans Ré à la hune N° 276 ou sur : www.realahune.fr/les-cartes-de-letat-et-desindustriels- viennent-de-sortir/
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