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Les écologistes de Charente-Maritime défavorables à l’actuel projet éolien marin
Le pôle écologiste de Charente-Maritime* a récemment déposé sa contribution au débat public sur le développement des énergies renouvelables sur notre territoire.
Si les écologistes se disent favorables au développement d’un parc éolien en mer, d’une puissance entre 500 MW et 1GW, il estime que le projet actuellement envisagé n’est compatible ni avec les activités de pêche arti-sanale et durable, ni avec l’incontournable préservation de la biodiversité et notamment les populations d’oiseaux migrateurs. Aussi « les écologistes ne peuvent pour l’instant pas être favorables au projet éolien offshore au large de l’île d’Oléron tel qu’envisagé aujourd’hui. »
« Un développement anarchique »
Parmi les raisons fondant cette position, figure le manque d’approche globale de la transition énergétique, avec « une prospective territoriale inexistante ». Ainsi, s’opposent-ils au « développement anarchique, sans document cadre validé et sans participation citoyenne. »
« Pas de concertation avec les habitants et élus locaux »
Le déploiement des éoliennes est soumis à autorisation préfectorale. L’aval des élus locaux sur ces pro- jets n’est pas requis, et ils sont pla- cés devant le fait accompli, quand les industriels ont déjà sécurisé le dimensionnement de leur projet et l’emplacement des éoliennes. Il est impératif de reprendre la main sur notre transition énergétique locale !
Localement, il est indispensable avant tout d’élaborer notre PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial). Ce document peut permettre d efiltrer les projets selon des critères et des objectifs que nous aurons établis de façon concertée. Pourtant obligatoire depuis 2017, certaines agglomérations ne l’ont à ce jour mis en débat ni en Conseil communautaire, ni dans une assemblée citoyenne.
Sur le parc éolien offshore
Pour les écologistes, « les zones Natura 2000 doivent rester des sanc- tuaires de biodiversité.
La zone retenue par l’État, porteur du projet, se situe dans le Parc naturel marin (PNM) de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis, et dans deux zones Natura 2000 protégées au niveau européen par les directives Oiseaux et Habitat. Les associations de défense de l’environnement, parmi lesquelles France Nature Environnement et la Ligue de Protection des Oiseaux, ont raison d’en faire un point dur de ce projet.
Outils fondamentaux de la politique européenne de préservation de la biodiversité, les sites Natura 2000 visent une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité dans les activités humaines. Ces sites sont désignés pour protéger un certain nombre d’habitats et d’espèces représentatifs de la biodiversité européenne.
Si les activités humaines ne sont pas interdites de facto dans les zones Natura 2000, une étude d’impact documentée est donc nécessaire afin de garantir la préservation des espèces protégées. Or, à ce jour, aucune analyse de ce type n’a été réalisée ; en outre, la localisation éloignée en mer rend très difficile la mesure des impacts et rend impossible l’application de la séquence « Eviter, Réduire, Compenser » qui est pourtant la base de la politique environnementale européenne et française, et inscrite dans la loi pour la biodiversité.
Par ailleurs, la classification en zone Natura 2000 est le fruit d’études scientifiques longues, précises et complexes. Ce statut ne peut être balayé d’un revers de main, même pour produire de l’énergie dont nous avons besoin, au risque de rendre caduc cette protection environnementale sur le long terme. »
Les écologistes ne veulent pas que les pêcheurs artisanaux locaux soient « les grands sacrifiés de l’installation d’un parc éolien offshore. La zone d’étude actuelle pour l’installation du parc éolien offshore est aujourd’hui une zone de pêche pour les pêcheurs qui pratiquent une pêche artisanale et durable. Si le parc éolien offshore doit les priver de zones de passage ou de zones de pêche, les pêcheurs doivent être des parties prenantes centrales dans la définition de la localisation du parc… »
4 conditions d’acceptation
Pour les Ecologistes, « le premier critère est une communication transparente, avec appels à projets portés par les collectivités locales, avec communication et écoute des élus et des habitants tout au long de l’élaboration et mise en œuvre du projet. »
Leur second critère est « l’investissement participatif citoyen, qui est un levier d’incarnation et qui place les habitants comme co-porteurs du projet. Cela incite ainsi à une communication accrue entre l’Accompagnateur du projet (souvent de gros investisseurs avec la connaissance technique) et les citoyens. »
Le troisième critère est « une obligation d’anticiper la fin de vie du parc, soit avec du renouvellement, soit avec un démantèlement dont le financement sera provisionné. Nous recommandons à ce sujet la création d’un Fonds National pour le démantèlement des éoliennes pour provision- ner les coûts de démantèlement. »
Enfin, la préservation inconditionnelle de la biodiversité constitue le quatrième critère. « Il faut considérer les zones Natura 2000 comme des zones inaccessibles pour un parc éolien. En effet, si on commence à déroger à cette règle sur ces zones pour de l’éolien, cela fera jurisprudence : pourquoi pas demain pour tout autre activité industrielle ou commerciale, voir pour une centrale nucléaire ou un « petit » EPR ? »
En tout état de cause, « les éoliennes posées doivent aussi bénéficier de détection / bridage automatique pour réduire leurs impacts sur les oiseaux. »
Des propositions
« La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a ignoré le rôle des collectivités territoriales et des citoyens dans la définition et le déploiement de parcs photovoltaïques ou d’éoliennes sur les territoires.
Ainsi, les collectivités ne sont pas consultées et découvrent les projets quand ils sont déjà définis, voire autorisés en préfecture. Cette situation n’est plus possible et la loi doit changer !
Les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) doivent être à l’impulsion du développement des énergies renouvelables (EnR) sur leur territoire. Les cahiers des charges devraient être débattus au sein d’assemblées citoyennes, permettant de définir les gisements d’EnR ainsi que le mix énergétique choisi par les habitants. »
« Pour que chaque territoire prenne sa part dans la lutte contre le dérèglement climatique, le développement des moyens de production d’énergie renouvelable doit être à la fois global, c’est-à-dire qu’il doit prendre en compte, les différents type d’énergies renouvelables que notre territoire peut développer ; en l’occurrence, le solaire, l’éolien, la géothermie ; et territorial, c’est-à-dire qu’il doit prendre en compte les potentiels énergétiques de notre territoire, les besoins industriels spécifiques, les impossibilités liées à des servitudes (ex. espaces militaires) ainsi que l’avis de ses élus et ses habitants. »
Privilégier un parc éolien flottant plus au large
« Les conditions spécifiques pour l’éolien offshore impliquent de se tourner vers des technologies nova- trices comme les éoliennes flottantes semi-submersibles. Pour les implantations en mer et tout particulièrement le parc Oléron-Ré, les sites doivent impérativement être en dehors des sites Natura 2000 et donc beaucoup plus loin des côtes, ce qui permet de préserver cette réserve à la biodiversité exceptionnelle et la pêche artisanale.
Cet éloignement des côtes implique un changement de technologie par rapport au projet initialement pré- senté. Les écologistes privilégient ainsi la piste d’un parc éolien flottant semi-submersible, permettant à la fois stabilité et prise du vent. Cette technologie est en cours de développement mais les premiers parcs sont très prometteurs. Le parc Windfloat Atlantic au Portugal, donne des résultats de rendements intéressants, avec des coûts d’installation moindres. En effet, cette technologie d’éolienne semi-submersible ne nécessite pas d’installer des fondations ou d’avoir recours à des navires spécialisés comme l’éolien posé. Les opérations d’assemblage, les grosses réparations ou le démantèle- ment des machines sont réalisées au port, ce qui permettra de développer une filière vertueuse d’emplois.
Compte tenu de l’envergure du projet, les écologistes sont convaincus que nous pouvons nous donner les moyens de développer notre production d’énergies renouvelables, sans compromettre la biodiversité présente sur le site Natura 2000 et la pêche artisanale. »
*Ce pôle regroupe les équipes d’Europe Ecologie-Les Verts, Génération.S, Génération écologie et le Mouvement des progressistes.
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