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- AG de l’Association de défense des écluses à poisson de l’île de Ré
Les écluses, un patrimoine maritime pérennisé
Le président de l’Adépir, Dominique Chevillon, a évoqué, lors de l’AG du 29 juin, « un grand cru » pour 2023 et un développement dynamisé des écluses, lié au nouveau régime administratif et juridique souhaité par la préfecture de Charente-Maritime.
Créée en 1995 par Lucien Joubert qui l’a présidée durant dix ans, tout comme Robert Barrère ensuite, auquel Dominique Chevillon a succédé il y a neuf ans, l’Adépir est passée de six écluses en activité en 1995 à quatorze aujourd’hui et une quinzième en reconstruction. Hormis Ré et Oléron, qui a dixsept écluses en activité, ces pêcheries en pierre millénaires ont quasi disparu de la côte atlantique. Il n’en reste plus qu’une à La Tranche sur Mer, deux dans le sud de la Manche, les trois dernières de Noirmoutier ont disparu depuis 2022.
« 2023, un grand cru »
Le président de l’Adépir a dépeint 2023 comme une grande année pour trois raisons. A l’instar de 2013/2014, l’automne 2023 et l’hiver 2023/2024 ont été redoutables, avec sept tempêtes successives, dont plusieurs de grande intensité, jusqu’à fin mars/ début avril. Les sérieux coups de houle, les dépressions très fortes sur les côtes, ont entraîné de multiples brèches, sur 50 mètres. Malgré cela, « La Chiouze a quasiment terminé les travaux, grâce à un collectif très costaud et l’ensemble des écluses ont vite réagi. » Autre fait faisant de 2023 une année spéciale, le nouveau régime juridique et administratif suite aux anomalies constatées par la DDTM autour de Moufette. Cette écluse a ainsi été la première à s’engager dès 2023 dans ce processus, avec un arrêté préfectoral en juillet 2023 la classant au patrimoine maritime (elle ne dépend plus des affaires maritimes) avec une concession de trente ans, au lieu des cinq ans précédents. Toutes les écluses Adépir lui ont emboîté le pas. « En ce mois de juin 2024, Ré voit le bout du tunnel du processus, alors qu’Oléron a simplement débuté les démarches. » Autre motif de satisfaction pour le président, le renouvellement des membres du Conseil d’Administration, avec l’arrivée de Stéphane Giraudeau et Alain Guionnet.
Avant un rapide tour d’horizon de l’état des pêcheries par les chefs d’écluse, Gisèle Vergnon, maire de Sainte-Marie, commune où se tenait l’AG et qui dispose du plus grand nombre d’écluses en activité (8 écluses), a souligné la ténacité et la solidarité des membres de l’Adépir et annoncé que pour les 30 ans de l’association sa commune facilitera les festivités. Le président de la Communauté de Communes, Lionel Quillet, a informé avoir écrit une lettre au préfet donnant son avis favorable au renouvellement des concessions et soulignant le volontarisme de l’Adépir et des élus en la matière. La CdC sera en soutien financier pour l’anniversaire des 30 ans et pour contribuer à en faire un évènement exemplaire au plan national. Il a annoncé avoir réactivé les brigades bleues pour les petits travaux sur les digues et a demandé à ce que celles-ci puissent venir aider à colmater les brèches des écluses au lendemain des tempêtes.
Du tour de piste des chefs d’écluses, on retient que certaines d’entre elles sont particulièrement exposées aux assauts de l’océan et des tempêtes, tandis que d’autres sont plus épargnées. De même si certains chefs d’écluses sont très entourés, d’autres bataillent un peu seuls. A force de travail et de détermination, la plupart des brèches auront été colmatées en cette fin juillet. La Chiouze (les Portes), Le Grand Port (Sainte-Marie) et bien sûr Moufette (Saint-Clément) – exposée en trois points cardinaux – font partie des ouvrages les plus attaqués, au contraire de La Verdonnais (Loix), site extrêmement protégé.
La Brizère (Sainte-Marie) a été précurseur dans l’utilisation de gabions (dans des poches à huîtres), pour bloquer les brèches notamment, installés au centre des murs et qui font gagner en volume. Ces nouvelles techniques permettent d’avancer dans la défense des écluses. La Belle Pointe (Sainte-Marie) fait quant à elle l’objet d’une surveillance constante et très pointilleuse, qui permet de réagir très vite pour colmater les débuts de brèches.
Sur toutes les écluses, le contrôle, surtout lors des marées de nuit, est très important. On mesure l’engagement que demande aux éclusiers la défense de ce patrimoine maritime.
Le Conseil d’Administration a vu le renouvellement de Michel Gallot et Alain Belloc et l’arrivée de Philippe Penaud, chef d’écluse de La Grande Ecluse (les Portes). Portingalais de naissance, celui-ci « traîne depuis qu’il est enfant dans les écluses », il a appris avec son père et son oncle et transmet aujourd’hui à son fils et son petit-fils, la relève est assurée ! Voilà de quoi réjouir le président !
Le nouveau régime des écluses à poisson
A la suite des discussions « très constructives » avec la DDTM, les écluses à poisson de l’île de Ré vont passer sous le régime du patrimoine maritime. Après Moufette, qui a déclenché ce changement de régime et pour laquelle l’arrêté a été pris en juillet 2023, les arrêtés pour les autres écluses de l’île de Ré devraient être pris en septembre/octobre 2024.
A l’origine de cette mutation des Affaires maritimes vers le Patrimoine maritime, qui induit des changements conséquents, la circulation d’un tracteur sans autorisation sur l’estran de Moufette. La DDTM souligne alors que la situation des écluses n’est pas conforme aux réglementations d’usages du Domaine public maritime (DPM) et qu’elle doit être régularisée.
Ainsi l’usage du DPM pour les pêcheries en pierre doit passer par deux concessions : l’une de l’ouvrage pêcherie (murs, claies, etc.) et l’autre pour la circulation d’engins autorisés pour son entretien, cartographie à l’appui. Désormais gérées par le service Patrimoine maritime de la Direction Mer et Littoral et non plus par les Affaires maritimes de la DDTM, les écluses bénéficieront d’une ficalité allégée, d’une concession de 30 ans au lieu de 5 ans, et les codétenteurs d’écluses seront soumis au régime des pêcheurs plaisanciers pour les espèces de poissons pêchables et autres modalités de pêche. Il n’y aura plus de déclaration des captures annuelles par écluse.
Il y aura un arrêté préfectoral par commune possédant au moins une écluse, un seul arrêté préfectoral concernera donc toutes les écluses d’une même commune. L’Adépir sera l’interlocuteur des services de l’Etat, le fonctionnement de l’écluse ne change pas.
Après Moufette en 2023, l’ensemble des écluses dont le titre est détenu par l’Adépir bénéficieront de ce nouveau régime en ce début d’automne 2024.
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