- Patrimoine
- Origine et évolution
Les différents ports de La Flotte
Depuis le Moyen Âge, le port de La Flotte a transité par trois sites avant de se fixer définitivement sur le quatrième, le site actuel. Construit en 1765, il a successivement été un port de commerce pour l’export du sel et du vin, un port de pêche et enfin un port de plaisance abritant de nombreux bateaux.
Des traces d’occupation à l’époque gallo-romaine
Au IIIe siècle, à un moment où Ré est encore un archipel constitué de quatre îlots, on ne trouve pas de vestiges gallo- romains sous la ville de Saint-Martin, alors que l’emplacement de La Flotte fait preuve d’une activité importante autour d’un havre fréquenté, comme en témoignent les nombreuses pièces (monnaies à l’effigie d’empereurs romains, sépultures, vase en bronze, etc.) retrouvées lors des fouilles effectuées. A l’époque de la fondation de l’abbaye des Châteliers, le port Chauvet est mentionné dans un texte par Eble de Mauléon. Le port Chauvet était proche de l’abbaye à l’est, dans l’échancrure au sud de l’actuel fort La Prée. Il ne s’agit pas alors de ports avec des quais maçonnés, mais des baies, éventuellement des chenaux avec un échouage sur la vase. C’est là que se trouvait le lieu d’accostage des barques transportant le public voyageant entre l’île et le continent. « La mer pénétrait profondément dans ce synclinal qu’elle a colmaté formant les « Marchais » (marécages). C’est probablement à son embouchure sur le Pertuis qu’était le port des pêcheurs évoqué à la même époque. » (1)
XIIe siècle : les moines cisterciens boostent l’activité du port
Différents documents attestent des ports successifs que connut La Flotte : du port Chauvet, puis port La Prée et port Vieux, au port actuel installé au XVIIIe siècle au point le plus bas de la commune. A partir du XIIe siècle, la production de sel et de vin se développant, grâce à l’installation des moines cisterciens dans la proche abbaye des Châteliers et à leur travail de défrichement de la forêt, l’activité du port se déploiera parallèlement. Destinés à accueillir des navires, les ports flottais sont équipés de façon à permettre les opérations de chargement, déchargement et réparations nécessaires. Le nom de La Flotte viendrait d’ailleurs des rassemblements de bateaux au large, attendant qu’une place se libère pour venir décharger leurs cargaisons puis embarquer des marchandises.
Le port trouve sa place définitive au XVIe siècle
Le port de Saint-Martin aurait été creusé en 1589. C’est à peu près à ce moment-là que celui de La Flotte est transféré du lieudit « le marais » à son emplacement actuel. L’aménagement du bassin sera réalisé dans la décade 1586 à 1596. Les habitations se construisent autour de ses quais, des commerces apparaissent et progressivement le havre change de physionomie. Les usagers insulaires ont la charge des « bians » ou corvées concernant entre autres le « curement », le « radoub » du port, ou le nettoyage du chenal. Cependant, les travaux importants, telle la consolidation ou la réfection des rives, sont confiés à des entreprises. Deux assemblées se préoccupent du « radoub des coix » et de l’entretien des fontaines permettant aux navires en escale de se ravitailler en eau fraîche.
1698 : premier projet d’aménagement
Les actes des assemblées qui nous sont parvenus donnent une image du port de La Flotte « terreux, vaseux, un peu obstrué et en continuelles réparations. » En 1698, la paroisse de La Flotte, s’adresse à l’intendant Michel Bégon(2) pour obtenir une aide royale afin de procéder aux travaux indispensables au fonctionnement du port. La Flotte n’a pas suffisamment de revenus pour faire face à ce genre de dépenses et les caisses du royaume sont vides. Dans ce cas de figure, un arrêt du Conseil du Roi, sollicité par l’intendant, est indispensable pour faire exécuter les travaux et le 11 novembre 1698 un arrêt du Conseil autorise la levée de 5 955 livres sur deux ans pour réaliser les travaux du port.
XVIIe et XVIIIe siècles : une certaine prospérité économique favorise le commerce extérieur. Le port de La Flotte a subi de nombreuses destructions au cours des guerres franco-anglaises. Il faut attendre le XVIIe et XVIIIe siècles pour qu’une plus grande présence de la marine royale mette le port à l’abri des incursions ennemies. Le commerce extérieur avec l’étranger et en particulier avec l’Angleterre, la Hollande et la Norvège, prend de l’ampleur. Les armateurs et négociants s’enrichissent, imprimant leur marque à l’urbanisme en faisant construire des maisons bourgeoises autour du port et le long du cours Félix Faure donnant à la commune une élégante unité architecturale. La nouvelle bourgeoisie ainsi créée s’imprègne au contact des étrangers des idées nouvelles et s’ouvrira à la religion réformée
A la fin du XVIIe, la création de la Généralité de La Rochelle confirme la centralisation administrative et le rôle croissant des intendants dont dépend l’entretien des ports et des digues. A la suite de la visite du port de La Flotte par M. Beauharnais, intendant de la Généralité, un nouveau projet d’aménagement lui est adressé par les commerçants du bourg. Ceux-ci étaient persuadés que leur projet serait accepté. Ce ne fut pas le cas ; ils reçurent une lettre en retour une lettre datée du 14 novembre 1714 indiquant : « Le creusement du port de La Flotte, dans l’île de Ré, demandé par les habitants de cette localité, serait fatal pour le port et la ville de Saint-Martin, où l’intérêt du Roi est que la plupart des négociants de l’île, leurs familles et leurs employés fassent résidence et puissent être surveillés, la plupart étant de nouveaux et mauvais convertis. »
En 1762, l’intendant Gabriel de Sénac de Meilhan fait entreprendre des travaux qui dureront cinq ans. Le port connaît alors un essor important car des navires de plus gros tonnage peuvent entrer dans le port et le commerce maritime se développe. Une dizaine de maisons de commerce sont établies sur les quais du port, exportant les grandes productions de l’île à savoir le vin et le sel et important en retour du bois de construction et les produits nécessaires à l’artisanat et l’agriculture.
A compter du milieu du XIXe, la pêche devient l’activité première du port, le gouvernement ayant pris des mesures pour développer les flottilles de pêche. En 1889, on compte : « 100 bateaux de pêche jaugeant 858 tonneaux, montés par 276 hommes ; 4 bateaux-pilotes jaugeant 62 tonneaux et montés par 16 hommes et 8 bateaux-caboteurs jaugeant 366 tonneaux et montés par 27 hommes. Soit 112 navires montés par 319 marins ? Dans les années 1912-1913, ce sont à peu près les mêmes chiffres. » (3) Puis, avec la disparition des grands voiliers, la pêche déclinera.
Après avoir été successivement port de commerce, puis port de pêche, le port de La Flotte est de nos jours un port de plaisance connaissant une intense activité touristique.
(1) Conférence donnée par Jacques Boucard, Docteur en Histoire moderne, sur le thème « Les ports de La Flotte depuis le Moyen Âge » dans le cadre du Festival Architecture et Patrimoine Ile de Ré organisé par la CdC en mai 2017. Une large partie des informations de cet article proviennent de la conférence de Jacques Boucard.
(2) Michel Bégon (1638 – 1710) administrateur et officier de plume de la Marine royale. Il est intendant de la marine au port de Rochefort, intendant de la généralité de La Rochelle puis intendant de l’île de Saint-Domingue de 1682 à 1685. Et c’est bien lui le père du Bégonia !
(3) Monographie de La Flotte en Ré de Baptiste Bernard (Flotille en Pertuis/Rupella
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