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Les dérives musicales de l’été
Les trois concerts organisés par le Radeau de la Méduse cet été sont des aventures musicales qui ouvrent l’imaginaire.
L’été qui commence est une invitation à se laisser dériver, se laisser porter au gré des propositions culturelles du Radeau de la Méduse : embarquez pour un voyage aux multiples destinations, dans des lieux insolites, à la rencontre d’animaux étranges, de sensuelles harmonies et de chants ancestraux.
Jeudi 18 juillet : Le Bestiaire, fine fleur (de sel)
Ce sont de drôles d’animaux qui, du 18 au 20 juillet, s’offrent une virée dans l’île de Ré. Le Bestiaire dont ils sont issus compte une vingtaine de spécimens, musiciens de tous les horizons. Amis de lycée, ils ont créé un ensemble à géométrie variable, du duo à l’orchestre, géré comme un collectif, où chacun peut apporter un projet. Formés dans les conservatoires supérieurs de ville comme Lyon, Paris, Amsterdam ou Bruxelles, ils font prendre l’air à la musique de chambre, leur première vocation. La Java les accueille en 2022 pour une résidence artistique qui leur donne des idées : celle de se servir des atouts du lieu, de sa scénographie et des artistes présents, notamment circassiens. L’année suivante, ils font un premier essai de festival itinérant sur l’île. Cet été, ils lancent officiellement les Bestivirées (voir encadré). Leur premier concert est pour le Radeau, en association avec la bibliothèque de Loix, les Amis du Port et l’écomusée des marais salants. L’atelier de lecture à voix haute a choisi des textes retraçant l’histoire des marais salants et du commerce du sel, du Moyen-Âge à nos jours, à partir desquels six représentants du Bestiaire interpréteront des miniatures musicales qui donneront une coloration émotionnelle au récit. La représentation aura lieu sur le port.
Jeudi 1er août : Caïpi Sabrosa, un cocktail au jardin
La seconde étape de ces dérives musicales de juillet empiète, comme il se doit, sur le mois d’août : lorsqu’on se laisse porter, il ne faut pas craindre de franchir des limites, d’entrer sur des territoires qui ne sont pas les nôtres… Régine Lahache n’est pas brésilienne, mais si je ne vous l’avais pas dit, vous ne l’auriez pas deviné, tant elle a fait sienne la langue, le rythme, l’esprit d’un pays qu’elle habite par le coeur.
« Entre le Brésil et moi, c’est une affaire de rencontres. J’ai d’abord aimé faire la fête et danser, avant de découvrir la richesse harmonique de la bossa nova. » Elle partage avec son mari Frédéric Caillère cette passion qui les a unis, dans la vie, et les réunit sur scène, elle au chant, lui à la guitare, autour de reprises célèbres (si je dis « Agua de Beber », que répondent vos hanches, vos pieds, vos mains ?) et de compositions originales – ils sont tous les deux auteurs-compositeurs-interprètes. Le 1er août, ils viendront seuls, à moins que dans leur sillon ne se glisse un cortège de musiciens, Alex Burak à la basse, Luz Vignoud à la flûte et au chant, Eric Boursicot à la batterie… Du duo au quintet, Caïpi Sabrosa est un cocktail qui s’autorise de savoureux mélanges, à déguster à la tombée de la nuit sous les arbres d’un jardin loidais.
Samedi 7 septembre* : Vala Baraka, le souffle du désert
Pascal Ducourtioux est un complice de longue date du Radeau de la Méduse. On l’a entendu en juin avec l’accordéoniste Arnaud Méthivier, dans un jardin loidais. Cet homme aux mille projets ne connaît pas les frontières. Partout où il passe, il tisse des liens. Voici trente ans qu’avec Ablaye M’Baye, griot originaire de Dakar aujourd’hui coordinateur de la Maison de l’Afrique et des Caraïbes à La Rochelle, ils entremêlent leurs racines africaine et européenne, par le biais du groupe Senegal Acoustic. En de multiples occasions, Pascal Ducourtioux s’est rendu au Maroc, y a noué des amitiés, qui sont devenues des collaborations artistiques.
Il en va ainsi de Vala Baraka : de la rencontre de Younès Lachgar et Abdallah Roudani est né le projet de faire résonner tambours africains, tradition marocaine et folk européen. Une première tournée au Maroc l’an passé a révélé l’entente musicale entre les quatre artistes, et leur a donné l’élan de développer le projet en France, avec le soutien de la Ville de La Rochelle, de l’association Fier de nos quartiers et de Cristal Production. Les compositions de Sénégal Acoustic offrent un premier cadre auquel se trament les chansons des traditions marocaines. Abdallah Roudani est un musicien gnaoua : son répertoire remonte aux esclaves noirs importés au Maroc et dont les rythmes se sont confondus avec la culture musicale du pays. Le souffle de Vala Baraka porte loin : il s’adresse en wolof, en arabe, en français, à des publics entre lesquels il lance des passerelles qui pour invisibles n’en sont pas moins réelles.
Ce souffle est un vent chaud, le Chergui, qui balaie le Haut Atlas et auquel Vala Baraka a dédié une chanson : « Les Larmes du Chergui ». Ce vent du désert ne cesse de progresser sur la terre africaine, jusqu’à nous dont il recouvre les rues d’une fine poussière rose. « On ne peut plus ignorer l’enjeu majeur que représente la désertification à l’oeuvre en Afrique mais aussi sur nos côtes. L’eau est devenue de l’or. Nous avons voulu, par cette chanson, sensibiliser public et artistes à cette cause d’une façon poétique », témoigne Pascal Ducourtioux. La musique est un langage universel dont il a fait l’expérience tout au long de ses voyages en Ukraine, en Irlande, aux Etats-Unis. « Elle est le vecteur, pour rassembler, partager, rencontrer. » Pour le 12 juillet, l’invitation est lancée de rejoindre le mouvement sous le chapiteau Ardevac, de Manu Bigarnet, « un lieu qui fait sens, comme toujours, avec le Radeau de la Méduse ».
L’adresse sera communiquée au moment de la réservation.
*Dernière minute : pour des raisons indépendantes de la bonne volonté du Radeau de la Méduse, le concert prévu vendredi 12 juillet est reporté au samedi 7 septembre 2024.
Les Bestivirées, du 18 au 20 juillet 2024
2024 marque le lancement officiel des Bestivirées, festival de musique itinérant, un partenariat entre l’ensemble Le Bestiaire et Label Oyat. Il se déroulera en trois temps :
– Le 18 juillet à 19h, concert sur le port de Loix avec l’atelier de lecture à voix haute du Radeau de la Méduse, sur le thème du sel.
– Le 19 juillet à 21h, spectacle « Croustix », de Félix Leclerc sous le chapiteau de la Java des Baleines. Musiques acoustique et électronique se rencontreront autour d’improvisations et de musiques originales, invitant le cirque et d’autres formes artistiques à s’en mêler.
– Le 20 juillet, à 19h30, sur la place de la Liberté aux Portes-en-Ré, concert classique avec, au programme, le trio à cordes de Jean Cras, marin et compositeur prolixe, et le quintet pour clarinette de Brahms.
Les Bestivirées poursuivent deux objectifs : oeuvrer en collaboration avec les acteurs locaux, et allier pièces du répertoire et compositions originales. Deux des musiciens, Félix Leclerc et Orane Pellon ont des attaches rhétaises : l’île aura donc la primeur de l’événement, destiné à essaimer dans l’avenir sur le territoire charentais.
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