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- Conférence - Musée Ernest Cognacq
Les Cognacq-Jay : « Samaritaine et philanthropie »
Vendredi 4 mars à 18h30, au coeur du musée Ernest Cognacq à Saint-Martin de Ré, Didier Jung est venu présenter son dernier ouvrage traitant de la vie du couple Gognacq-Jay.
La vie d’Ernest Cognacq a connu deux périodes : une première semée d’embûches, la seconde couronnée de succès aussitôt son mariage avec Louise Jay.
Des conditions de vie très rudes
Ernest Cognacq est né à Saint-Martin de Ré le 20 octobre 1839. Son père est bijoutier et également greffier au tribunal de commerce. Ernest a tout juste trois ans lorsque la famille quitte l’île pour s’installer à Marans où son père exercera la profession de courtier maritime. Ce dernier monte rapidement un commerce. Plongé dans de graves difficultés financières, il se suicide un an après avoir perdu sa femme. Le jeune Ernest, orphelin, quitte le collège pour trouver un emploi de commis dans un magasin de nouveautés à La Rochelle. Il sillonne la région et, à l’âge de 16 ans, prend la décision de rejoindre la capitale où se déroule la première exposition universelle (1855). La « galère » se poursuit, il parvient tant bien que mal à réunir quelques économies pour ouvrir son propre magasin « le Petit bénéfice », il fera faillite deux ans plus tard.
Le début d’une nouvelle vie
Ernest Cognacq sous-loue, à la journée, un petit local qu’il transforme en boutique. Il la baptise « la Samaritaine » (en souvenir d’une statue toute proche). Et là, miracle, les affaires marchent. Le commerce prospère malgré une période de turbulences politiques intenses (guerre contre la Prusse, la défaite. La révolution éclate avec l’avènement de la Commune et sa répression sanglante). En 1872, Ernest Cognacq épouse Louise Jay qu’il avait rencontrée bien des années avant, elle était vendeuse comme lui. Il embauche de plus en plus de personnel et l’expansion commerciale de la « Samaritaine » exige de l’espace. Peu à peu, il rachète tous les immeubles du quartier. Les employés sont intéressés au bénéfice (ce qui est une nouveauté). A partir de 1915, ils seront associés au capital.
Les legs des Cognacq-Jay
A la fin des années 1870, le couple, sans enfant, songe à sa succession. Les Cognacq-Jay font oeuvre de philanthropie à une échelle encore inégalée. En 1916, ils créent une Fondation qu’ils dotent de 40 millions de francs et à laquelle ils attribuent la moitié du capital de la Samaritaine.
La Fondation va gérer et assurer le fonctionnement de nombreux établissements sur la région parisienne : maison de retraite, maternité, habitations, centres d’apprentissage, maison de repos et jardin botanique dans le village natal de Louise en Savoie. En 1919, Cognacq décide de léguer à l’Académie Française une somme de 44 millions de francs afin de créer des prix annuels destinés aux familles nombreuses. En dehors de ces opérations de grande ampleur, Ernest Cognacq rachète la collection de René Phelippot (maire du Bois- Plage) pour l’offrir à la commune de Saint Martin, son village natal qu’il a quitté à l’âge de 3 ans pour ne plus jamais y revenir…
« La longue vie des Cognacq-Jay arrive à son terme »
Louise décède le 27 décembre 1925 à l’âge de 87 ans, Ernest la suit, à peine 3 ans plus tard : il meurt le 21 février 1928 à l’âge de 89 ans. Son neveu Gabriel Cognacq lui succède et devient premier gérant de la Société. Il connaîtra des problèmes à l’issue de la seconde guerre mondiale, ayant collaboré avec l’ennemi. Il décède en 1951.
Que reste-t-il de l’oeuvre des Cognacq-Jay ?
La Fondation Cognacq-Jay existe toujours, des grands magasins de la « Samaritaine », il reste des bâtiments témoins de grands styles d’architecture, les prix pour les familles perdurent. Et puis il reste deux musées : celui de Paris et celui de Saint-Martin. Il reste aussi, à Paris, la rue Cognacq-Jay.
A travers l’histoire d’Ernest Cognacq, Didier Jung nous invite à découvrir un parcours passionnant, impressionnant, provoquant des émotions. Les murs de l’hôtel Clerjotte abritent, aujourd’hui, l’âme d’un homme dont le nom reste gravé dans la mémoire collective. L’ouvrage (228 pages) est en vente dans toutes les librairies de l’île.
Didier Jung est déjà bien connu des Rétais.
C’est un amoureux de l’Ile. Agé de 69 ans, cet ancien cadre de l’EDF (qui a consacré sa carrière aux activités internationales de l’entreprise) est propriétaire d’une maison située à Ars depuis 25 ans. Quand pour lui, l’heure de la retraite a sonné, il a partagé sa vie entre sa résidence de la région parisienne (à Rueil Malmaison) et celle blottie au « bout » de l’Ile de Ré… L’auteur a publié 9 ouvrages : tout d’abord, la généalogie (éd-Aléas-2002), Impasse de l’ormeau (Le Croît – Vif – 2009), Pique-nique à Trousse-Chemise (Le Croix – Vif – 2010), Sables (Le Croix – Vif – 2011), Au-delà du pont (Le Croix – Vif – 2012), Elyséé Reclus (biographie – éd. Pardès – 2013), Les anarchistes de l’Ile de Ré (Le Croix – Vif – 2013), William Bouquereau, le peintre roi de la Belle Epoque (Le Croix – Vif – 2014), Le chant des baleines (éd. Territoires témoins – 2015). Il vient de présenter le dixième relatant la vie des époux Cognacq-Jay.
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