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Les Biettes, un site à fort enjeu environnemental
Après le Défend et les Evières*, le plan de gestion des Biettes (2022-2031) est le troisième mis en oeuvre. A cheval sur Sainte-Marie de Ré et le Bois-Plage, il s’étend des Grenettes à l’Est au Gros Jonc à l’Ouest, bordé en son nord par la RD 201, et comprend notamment le cordon dunaire côtier.
Comme nous le rappelle son président, Lionel Quillet, la Communauté de Communes de l’île de Ré est gestionnaire des parcelles du Conservatoire du Littoral depuis 2012, avec pour enjeux la protection et la préservation des espaces naturels sensibles. Les sites à forts enjeux bénéficient ou vont bénéficier de plans de gestion visant à identifier et planifier les actions. Ceux-ci sont élaborés par le service environnement de la CdC, en partenariat avce les partenaires locaux et un comité de gestion suit leur élaboration puis leur mise en oeuvre. Ces plans sont financés par le budget annexe Ecotaxe de la CdC, dont la part dédiée à la gestion des espaces naturels augmente, sans oublier les conventions de partenariat avec l’ONF (300 à 400 K€ par an subventionnés par la CdC).
Dans les périmètres de ces plans de gestion, le Département est aussi régulièrement amené à préempter, le budget étant d’un million d’€ par an, un ordre des priorités est défini par la CdC, dans les périmètres aux plus forts enjeux.
Concilier activités touristiques et protection des milieux
Pour le Défend (Rivedoux-Plage, 2017- 2026), le plan est ciblé sur la protection de l’Azuré du Serpolet (papillon protégé en France) et de ses habitats. Le plan de gestion des Evières (Le Bois-Plage, La Flotte et Sainte-Marie, 2020-2029) se centre sur la préservation des dunes grises intérieures et de la faune et flore associées, dont le Pipit rousseline, espèce inscrite à la Directive Oiseaux.
Avec le plan de gestion des Biettes, la préservation du cordon dunaire côtier et de ses habitats n’est pas le seul enjeu, puisqu’il s’agit de concilier les activités économiques et de loisirs locales avec la protection des milieux. Car qui dit plan de gestion ne dit pas sanctuarisation, Les Biettes en est la parfaite illustration, puisque le site de 168 ha (petit par rapport aux Évières qui s’étendent sur 1600 ha) comprend trois gros hôtels de plein air : Antioche, GCU et Sunelia-Interlude et est fréquenté par les campeurs, surfeurs et autres activités nautiques et par les promeneurs.
Ainsi des actions ont commencé à être déployées avec ces acteurs touristiques, gestionnaires et employés saisonniers, afin de les sensibiliser sur les enjeux du site et proposer des actions pédagogiques auprès des campeurs.
Des plans de gestion sur le foncier public uniquement
Evidemment le plan de gestion concerne les 50 % de foncier public : Conservatoire du Littoral (29 %), ONF (13 %), Département (4%) et Communes (3 %), avec pour principaux partenaires les propriétaires publics, Ré Nature Environnement, la LPO, l’ONF, l’ensemble des acteurs locaux ayant été rencontrés lors de la phase de diagnostic, ayant permis de dresser un inventaire naturaliste et biologique. Les 50 % du foncier disséminés entre moult propriétaires privés ne sont pas concernés. C’est là l’une des principales limites de ce dispositif, la nature se moquant bien de ces frontières et les plantes envahissantes combattues sur du foncier public continuant de prendre leur aise via le foncier privé, par exemple.
Spécificités du plan de gestion des Biettes et actions concrètes
Les principaux enjeux environnementaux concernent seize habitats naturels, la dune boisée (90 ha) et la dune grise (30 ha) étant les plus représentés. Côté flore, cent dixsept espèces de plantes vasculaires ont été identifiées, dont dix présentent un intérêt patrimonial comme le Cynoglosse des dunes, l’oeillet des dunes, le lys maritime et cinquante-six espèces d’oiseaux, dont cinq jugées patrimoniales, à l’image du Pipit rousseline et du rapace « Autour des Palombes ».
Le plan de gestion des Biettes poursuit trois objectifs : préserver les habitats naturels et les habitats d’espèces d’intérêt en bon état de conservation ; permettre l’exercice d’activités multiples compatibles avec la préservation des écosystèmes ; mettre en place dans la durée une gestion intégrée, comprise et connue de tous. Ceux-ci se déclinent autour de soixante actions, pour un budget estimé à 300 K€. Dix-neuf actions (dont quatorze répétées chaque année) ont déjà été réalisées, trois autres sont en cours.
Jean-Alexandre Fortier, chef d’équipe des écogardes de la CdC pour les zones boisées et dunaires, nous donne concrètement des exemples d’actions concrètes sur le terrain. Ainsi, la pelouse dunaire, qui abrite les Immortelles des dunes et constitue un habitat protégé au titre de la directive Habitat, doit être préservée par rapport à la colonisation des lignieux, fougères, chênes verts, peupliers qu’il convient d’arracher sur certains sites. Les écogardes gèrent en régie directe un certain nombre de tâches, comme par exemple la gestion manuelle des fougères, d’autres étant prises en charge par des prestataires dans le cadre d’un marché public de travaux. Gestion des espèces exotiques envahissantes, gestion des milieux ouverts – fauche, bucheronnage, pâturage, prestations par énergie animale comme la traction par les chevaux pour casser les fougères, assurer du débardage ou encore de l’arrachage de petits arbres – peuvent être confiés à des prestataires. Si des arbres sont arrachés, comme ce fut le cas il y a quelque temps sur la petite route d’accès au camping d’Antioche et au GCU, c’est aussi du fait de leur risque de chute le long des sentiers et routes fréquentées. Une opération de ramassage des déchets dans les dunes grises semble avoir dissuadé les nouveaux dépôts sauvages, un tel ramassage pourra avoir lieu tous les deux ans. La surveillance des espaces naturels fait partie aussi des nombreuses missions sur le terrain, qui occupent une bonne partie du temps des écogardes.
De nouveaux plans de gestion
L’élaboration de trois autres plans de gestion sur dix ans touche à sa fin, qui seront ainsi déployés dès 2025 : la Pointe du Grouin à Loix, le Preau à Saint-Martin et le centre de transfert au Bois-Plage. Et trois autres plans de gestion sont en projet, dont le périmètre doit être défini : Le Défend-Grand-Pré à Rivedoux et Sainte- Marie, le Fier d’Ars, concentré autour de l’Anse du Fier et un plan ciblé sur la préservation de la Rosalie des Alpes, sur l’île de Ré.
Tout l’enjeu de l’île de Ré, inconstructible sur 80 % de son territoire et dont de très nombreux sites ont été préemptés grâce à l’action conjuguée du Département, du Conservatoire et de la Communauté de Communes de l’île de Ré, est désormais de gérer ses espaces naturels, tout en conciliant protection environnementale et activités humaines. Ces plans de gestion y contribuent.
*Sur le plan de gestion des Evières, lire notre article paru en 2020 : https://www.realahune.fr/un-plande- gestion-ambitieux-pour-restaurer-et-valoriserles- evieres/
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