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Les algues vertes à La Flotte : un vieux serpent de mer
Ré Nature Environnement et Nature Environnement 17 ont porté plainte après avoir fait constater par huissier des dépôts d’algues vertes en site naturel.
Dominique Chevillon et Patrick Picaud, les présidents de ces deux associations naturalistes, dénoncent un danger pour la santé publique, une pollution des eaux souterraines et une destruction d’espaces naturels sensibles.
Le maire de La Flotte a souvent alerté en vain les autorités
Depuis plusieurs années, en été, les plages de La Clavette et de l’Arnerault à La Flotte sont envahies par ces algues vertes (Ulva sp). Ce phénomène est semblable aux accumulations d’ « algues tueuses » en Bretagne, largement médiatisées. Au-delà de 48 h, les fermentations anaérobies libèrent des gaz nauséabonds et toxiques (H2S). Soucieux de la qualité touristique de ses plages et des risques, le maire, Léon Gendre fait ramasser ces algues aux frais de la commune (50 à 100 K€ annuels). Il a de nombreuses fois alerté différentes autorités sur l’origine de ces pollutions, qu’il estime avant tout liées aux pratiques agricoles sur le continent, et a aussi émis le souhait que soit trouvée une solution de ramassage et de traitement à l’échelle intercommunale. Sauf que c’est essentiellement La Flotte qui est concernée…
Des pratiques surprenantes
De son côté Ré Nature Environnement a plusieurs fois alerté le maire de La Flotte et l’AEMA, chargée par la mairie du nettoyage de ces algues, des pratiques non conformes à la réglementation. Au niveau du ramassage, qui intervient souvent au-delà de 48 h, et plus encore en ce qui concerne leur stockage et épandage. Si en 2016 les algues récoltées ont ainsi bien été dispersées au fur et à mesure de leur ramassage en fine couche sur des terres agricoles (engrais naturel), évitant tout phénomène de fermentation anaérobie comme les années précédentes dans les tas épais, c’est avec une certaine surprise que Ré Nature Environnement a été témoin cet été 2017 de la reprise de la technique des dépôts en tas épais directement sur des terrains non protégés et libres d’accès, dans le secteur de la Quinquine. Outre les tas épais sur 0,50 m à 1.50 m depuis juillet, l’association a pu aussi constater un enfouissement partiel des récoltes d’algues entre les 7 et 11 août, dans une fosse de 1,5 m de profondeur, puis refermée, tandis que d’autres tas ont été plus ou moins cachés sous du sable.
« L’absence de toute imperméabilisation des sols fait que les jus d’égouttage polluants descendent directement dans la nappe phréatique. Les habitats naturels sont détruits, la végétation arborescente de chênes verts notamment est en train de mourir. Depuis le 20 août 2017 des fosses d’au moins 1,5 m de profondeur et nouvellement creusées en face de La Croix Michaud dans un « terrain dépotoir » sont régulièrement remplies d’algues en putréfaction. Or ces algues fermentescibles accumulées rentrent officiellement dans la typologie des « déchets dangereux » au-delà de 48 h (fiche technique No 4 du CEVA et Plan National Algues Vertes). A ce titre toutes leurs manipulations nécessitent une autorisation préfectorale au titre des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et l’impératif respect d’une réglementation stricte. Réglementairement, l’entreposage des Algues doit se faire impérativement sur une surface parfaitement étanche, les jus de ressuyage et les lexiviats doivent être récupérés dans un bassin étanche, pour traitement ultérieur. La zone de stockage doit être entièrement close, et une information doit être faite pour éviter toute intrusion du public » explique l’association.
Ré Nature Environnement et Nature Environnement 17 ont porté plainte contre X et rappellent que « si l’origine de ce développement anarchique d’algues est connue : pour La Flotte il est essentiellement lié aux activités agricoles (bassins versants du Lay et de la Sèvre Niortaise), cela ne doit certainement pas exonérer d’appliquer localement des pratiques écologiquement et humainement correctes pour s’en débarrasser ».
Il convient de préciser qu’en l’absence du maire, qui devrait être de retour à la fin septembre, les élus de La Flotte n’ont pas encore souhaité réagir officiellement, mais qu’un communiqué aux médias est annoncé, afin de préciser les difficultés auxquelles est confrontée la commune et « les solutions envisageables ».
Informations recueillies par NV
Dominique Chevillon précise ses positions
Ré à La Hune : Dominique Chevillon, on vous sent en colère ?
Dominique Chevillon : Oui, en colère mais triste également ! En colère parce qu’il y a quinze ans chacun se débrouillait avec ses problèmes et s’efforçait de trouver une solution. On ne savait pas, rien ne pouvait être reproché au maire. Aujourd’hui, on connaît la dangerosité des algues vertes fermentées. Le scandale que pose ces pratiques est donc double : On ne respecte pas les règlementations sur le plan de la Santé et de la sécurité humaine ; On détruit et on pollue très durablement des lieux dont les beautés naturelles et le pittoresque ont fait l’objet, il y a plusieurs dizaines d’années d’un classement interministériel (loi de 1930).
Et triste ?
Oui, sans faire de sensiblerie, le spectacle de ces dépôts est assez lamentable et attristant ! Et puis protéger pour détruire ensuite, quelle incohérence !
La prolifération des algues serait due aux pratiques agricoles du continent, les associations ne se trompent-elles pas de cible ?
Oui et alors ? Ce ne sont pas les agriculteurs du continent qui détruisent les espaces naturels de La Flotte et qui ne respectent pas la réglementation de traitement des algues vertes. Quand à se tromper de cible, je rappelle que ça fait 50 ans que Nature Environnement 17 dénonce et agit en justice contre des pratiques agricoles répréhensibles… Cette affaire n’est bonne pour l’image de personne. Mais il faut la porter à la connaissance de tous. Pourquoi ? Pour éviter qu’elle ne se reproduise…
Olivier Falorni demande la mise en oeuvre d’un plan de lutte contre les algues vertes
Après la récente prolifération des algues vertes sur les plages de l’Ile de Ré, Olivier Falorni s’est rapidement emparé de la question en saisissant Nicolas Hulot.
« Le développement des algues vertes est avant tout lié à la mauvaise qualité des eaux de ruissellement et de rivières qui arrivent à la mer. Elles sont trop chargées en nitrate, azote et phosphate en raison avant tout des activités agricoles. Sur le long terme, la diminution de la concentration en azote dans les rivières est essentielle » estime le député.
A l’instar de ce que le Préfet de région Bretagne, les collectivités territoriales, l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et la Chambre régionale d’agriculture, ont mis en oeuvre sur le littoral breton, Olivier Falorni a demandé au Ministre de la Transition écologique et solidaire que le littoral charentais-Maritime puisse bénéficier également d’un plan de lutte contre les algues vertes.
« En Bretagne, dans le cadre du premier plan de lutte contre les algues vertes (2010-2015) un palier a été atteint par le recul de la concentration en nitrates et par la diminution des algues vertes, ce qui a conduit les autorités à la mise en oeuvre d’un second plan (2017-2021), doté d’une enveloppe financière de 55,5 millions d’euros. Il n’y a donc pas de raison que la baie de l’Aiguillon et que les pertuis charentais ne puissent pas bénéficier d’un plan similaire ! » conclut Olivier Falorni, dans un communiqué de presse.
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