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L’Épervier d’Europe, chasseur des villages
Fin juillet, les passants de la Couarde ont assisté à une scène plutôt macabre en plein coeur du village. Certains ont pu observer l’un des oiseaux les plus difficiles à voir de toute l’île de Ré : l’Épervier d’Europe (Accipiter Nisus). Ce petit rapace diurne a beau être l’un des plus communs de France, il n’en demeure pas moins insaisissable et très farouche. Pourtant, une femelle est venue consommer une tourterelle turque sur un trottoir, en face de la place de l’église, avant de déguerpir à l’approche de cyclistes. Une telle scène reste exceptionnelle à voir, mais de plus en plus fréquente.
Résidant toute l’année sur l’île de Ré, l’épervier se reconnaît à ses ailes grises, son ventre strié ainsi qu’à ses yeux et ses pattes jaunes. Le mâle a des couleurs orangées au niveau de la gorge et du ventre. Dans le monde des oiseaux, l’épervier possède l’une des plus grandes différences de taille entre le mâle et la femelle. La femelle est, en effet, 25% plus grande et pèse deux fois plus que son partenaire : envergure du mâle 60cm alors que la femelle peut faire jusqu’à 80cm.
Le couple se reproduit en forêt et établit un nid bien dissimulé dans les arbres denses. La femelle pond entre 4 et 6 oeufs, couvés pendant 14 jours. Les poussins mettront ensuite un mois avant de devenir volant.
L’épervier d’Europe a une particularité bien à lui : 98% de ses proies sont des oiseaux. Lorsqu’il chasse, il attend à l’affût dans une haie, à la lisière d’une clairière, qu’une proie se pose au sol. Dès qu’il la repère, l’épervier fonce à toute vitesse pour l’attraper et la plaquer au sol de ses serres. Ses longues pattes sont très pratiques, car elles lui permettent de rattraper sa proie si elle commence à s’envoler à moyenne distance. Il est aussi capable de courses poursuites fulgurantes entre les arbres. Une fois la proie capturée, elle est déplumée et consommée au sol. Il n’hésite pas à manger sa proie encore vivante et mange tout sauf les plumes et les os. Le mâle chasse principalement des petits passereaux (mésanges, moineaux) tandis que la femelle peut tuer des proies beaucoup plus grosses (pigeons, tourterelles).
Chassé autrefois pour limiter la prédation des pigeons et des volailles, l’épervier est aujourd’hui très commun mais extrêmement peureux vis-à-vis de l’homme. Il ne s’attaque pratiquement jamais aux oiseaux d’élevage, privilégiant les passereaux, plus facile (et moins dangereux) à attraper pour ses petits. Malgré cela, il n’est pas rare de le voir dans nos jardins ou même dans nos villages. L’épervier y trouve beaucoup de petits oiseaux surtout en hiver lorsque l’on pose des mangeoires. Rassurez-vous, il ne mangera que quelques oiseaux et son taux de réussite à la chasse reste très faible. Mais si vous voyez une tourterelle complétement déplumée sur votre pelouse, c’est sans doute l’oeuvre de ce chasseur des villages. Alors armez-vous de vos jumelles et observez bien les alentours !
Mathieu Latour
Photographe animalier
Administrateur Ré Nature Environnement
mathieu.latour98@gmail.com
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