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- Interview - Maire de la Flotte
Léon Gendre : « Je suis pessimiste sur l’évolution de l’île de Ré… mais peut-être aura-t-on la réponse dans le PLUI ! »
Ré à la Hune et NA Radio 104.1 FM ont interrogé Léon Gendre, Maire de La Flotte, sur quelques sujets d’actualité de sa commune et de l’île de Ré.
Ré à la Hune et NA Radio : On connaît le feuilleton des algues vertes, dont vous avez fait un combat légitime, elles sont de retour sur les côtes de La Flotte comme chaque été. Il y avait une réunion en Préfecture à ce sujet ce 25 juillet. Qu’en est-il ressorti ?
Léon Gendre : Cette réunion à l’initiative du Secrétaire général et sous-Préfet Pierre-Emmanuel Portheret a duré 1h30. Il s’agissait de voir comment les services de l’État pouvaient aider la Commune sur ce sujet, sur lequel je me bats depuis 20 ans. Des conclusions heureuses ont été prises par le sous-préfet pour aider La Flotte dans sa démarche d’élimination des algues vertes qui viennent s’échouer sur la plage de l’Arnérault et la plage de la Clavette.
Jusqu’à hier (NDLR : 25 juillet) la préfecture ne s’était pas engagée. En fait, ce qui a été prévu est que le ramassage des algues se fasse par l’AEMA (comme par le passé et comme la semaine dernière) et que celles-ci soient stockées à un endroit bien déterminé avant d’être reprises par Véolia qui les achemine vers un centre de traitement pour faire du compost. J’attends la confirmation écrite par mail ce jour (26/07), mais j’ai déjà réservé tous les engins pour le travail et j’ai rendez-vous avec la directrice commerciale de Véolia.
Il s’agira de stocker temporairement les algues sur un dépôt de la commune au lieu-dit Les Caillotières, qui seront retirées dans les 48 h après ramassage. J’ai demandé un stockage sur la plateforme du centre de transfert des déchets de l’île de Ré, qui aurait été un endroit idéal mais j’ai eu un refus du président de la CdC et c’est Sylvie Dubois (NDLR : Directrice Environnement de la CdC et directrice générale par intérim en l’absence de Florence Durand) qui a lancé cette idée de stockage sur La Flotte. C’est elle qui représentait la CdC à cette réunion, Lionel Quillet n’ayant pas voulu venir.
Le PLUI est le gros dossier intercommunal 2018. On entend dire que certains acteurs du territoire s’organisent déjà pour déposer un recours le moment venu. Quels sont à vos yeux les points d’achoppement de ce PLUI ?
C’est ce que j’ai lu sous votre plume dans Ré à la Hune 175 c’est fantaisiste de le dire et de l’écrire il faut d’abord que le PLUI soit terminé et attendre l’enquête publique. Je suis maire depuis 42 ans, j’ai élaboré le POS de La Flotte en quatre mois… Ce n’est pas du tout dans mes intentions – pas plus moi que d’autres – d’introduire un recours contre un document qui n’existe pas encore.
Il y a beaucoup d’autres moyens comme de dialoguer avec les auteurs du PLUI. J’ai été à deux reprises reçu par les animatrices du PLUI à la CDC et nous sommes tous les quatre totalement en phase… C’est horrible de dire cela, il faut avoir des raisons, aujourd’hui je n’ai aucune raison d’être méfiant vis-à-vis du PLUI.
Vous pourriez être d’accord ? Et êtes-vous confiant sur la capacité des dix maires de l’île de Ré à arbitrer entre les différents projets pour aboutir à un PLUI ?
Je ne connais pas du tout les projets des autres communes. On m’a demandé les besoins de la commune de La Flotte en équipements et mes ambitions. Mes ambitions sont la régression de l’urbanisation, j’ai proposé deux petites choses, La Flotte n’est pas en demande.
Ce que je voudrais souligner c’est que dans le cadre des PPRN, la Commune de La Flotte est la seule à avoir voté favorablement, qui plus est à l’unanimité. Le PPRN correspond à une demande impérieuse de se protéger contre une éventuelle future submersion. L’État vient d’être condamné par le Tribunal Administratif de Nantes à indemniser à hauteur de 1 860 000 € les 26 familles victimes de la submersion (29 décès) à la Faute-sur-Mer. L’État est bien responsable en amont de ce qu’il s’est passé cela a toujours été ma version. Déficient, l’État n’a pas été condamné pénalement car il y avait prescription, mais sa récente condamnation s’explique par le fait qu’il n’a jamais contesté les permis de construire du maire de la Faute-sur-Mer, René Marratier.
À La Flotte nous ne partageons pas la vision politique de nos collègues des autres communes, les 23 conseillers flottais ont voté à l’unanimité un PPRL très dur sur la commune, alors que celles de Sainte-Marie, Saint-Martin, Le Bois- Plage, Rivedoux ont voté contre le PPRN de leur Commune, beaucoup moins impactée.
N’est-ce pas par solidarité vis-à-vis des communes fortement impactées ?
Cela n’existe pas la solidarité dans ce domaine, notre tuteur c’est le Préfet et il y a des règles à respecter. Je constate d’ailleurs qu’après avoir voté contre le PPRN les maires n’ont pas introduit de recours alors qu’ils auraient pu contester jusqu’à la date du 30 avril. Ils s’y sont opposés pendant six ans et en 2018 ils ont rendu les armes.
Pour en revenir à La Flotte, La Maladrerie constitue un gros chantier de logements sociaux en location et en accession à la propriété. 19 logements ont été livrés au 1er juin, quelles sont les prochaines échéances de ce projet et à combien, une fois achevé, portera-t-il le nombre de logements « sociaux » à La Flotte ?
Ce n’est pas le chantier le plus important que j’ai eu à mener. Ceci dit c’est une belle réussite : nous avons acquis 34 parcelles à l’amiable auprès de 30 propriétaires, au prix de l’estimation des Domaines. Les permis de construire ont été obtenus très rapidement grâce à la qualité de l’architecte et du travail de collaboration entre la Commune et les services instructeurs de la CdC. Ainsi 19 locataires sont entrés dans leur maison au 1er juin de cette année, 12 se verront attribuer un logement courant octobre 2018 et y rentreront courant février 2019, tandis que les 19 logements en accession à la propriété seront livrés en juin 2019. Les 11 derniers logements en location seront attribués à la fin 2019. Resteront 5 logements : un seul propriétaire n’a pas voulu vendre et va être exproprié pour le passage sur la route mais non pas pour la construction de logements. On sera donc à 61 logements (66 initialement prévus).
Mais ce qui est important est la qualité architecturale, les vastes espaces de parking, etc
Ce projet portera à 270 logements dits sociaux + 23 logements en Pass foncier datant de 2011 et 8 logements sur l’ancien site EDF. La Flotte peut donc se targuer d’avoir 300 logements à caractère social.
Vous êtes à mi-mandat de votre dernier mandat de Maire. Vous avez dit que vous ne vous représenteriez pas, est-ce bien sûr cette fois-ci ? Quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus fier et qu’aimeriez-vous encore réaliser avant la fin de ce mandat ?
Je n’ai jamais dit en 2014 que j’arrêterais mes activités je souhaitais ardemment faire sur ce dernier mandat le projet de logements de La Maladrerie. Mon départ début avril 2020 sera irrémédiable.
D’ici là j’ai encore un beau projet à mener. En effet, il vient de se présenter la vente de l’immeuble appartenant aux Filles de la Sagesse à la Flotte, un magnifique immeuble situé en plein centre de La Flotte au carrefour des rues du Marché, Charles Biret, Général de Gaulle, et Gustave Déchézeaux. La Congrégation des Filles de la Sagesse a – à mon grand désespoir – quitté La Flotte. La Commune s’est portée acquéreur et attend l’estimation qui lui sera fournie fin août par France Domaine, l’évaluateur ayant visité l’immeuble cette fin juillet, tout avance très très vite.
Notre géomètre Christine Viviès travaille pour livrer ses conclusions début septembre et le Conseil Communal va délibérer le 13 septembre 2018 sur l’acquisition définitive du bien et sur la désignation de l’architecte.
Je pense que l’acquisition sera faite avant la fin de l’année et les travaux seront menés tambour battant en 2019 pour installer des familles au coeur de La Flotte.
Il ne s’agira pas de logement à caractère social mais à loyer intermédiaire entre des loyers sociaux et des loyers privés.
On imagine qu’il s’agit d’un projet à plusieurs millions d’euros, la Commune de La Flotte en a-t-elle les moyens ?
L’acquisition serait à 1 650 000 € (c’est la demande du propriétaire), et les travaux sont évalués à moins d’1 million d’euros. J’ai déjà négocié auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations un emprunt et La Flotte dispose d’une marge d’autofinancement substantielle. C’est là tout le mode de gestion de Léon Gendre.
Avez-vous le sentiment d’être une personne « clivante » (NDLR : que les personnes vous adorent ou vous détestent) ?
Qu’entendez-vous par là ? En 1937 j’ai vécu certaines épreuves, l’occupation allemande, l’après-guerre, je me suis porté volontaire pour partir en Algérie. J’ai été adulte très tôt, dès cette époque.
C’est sans doute vaniteux, mais je suis très sûr de moi, j’ai des idées très arrêtées depuis l’âge de 7/8 ans et elles n’ont jamais varié. Je suis un homme de convictions que ce soit sur mes idées politiques, idéologiques ou encore confessionnelles. Je peux prendre mes décisions très vite en quelques secondes, même si leur réalisation prend ensuite plusieurs années.
J’ai une conception et une vision de l’île de Ré différentes de celle des autres maires, je suis et j’ai toujours été partenaire des services de l’État. Je suis un Gaulliste, un Jacobin, contre les lois de décentralisation, je considère que force doit rester à l’État. Toutes les grandes réussites de la France ont toujours émané de l’État.
Qu’est-ce qui vous motive le matin en vous levant, quel est votre moteur ?
Le matin en me levant à 7 heures, je suis heureux comme tout, j’adore travailler et suis extrêmement désintéressé, je n’ai pas de fortune personnelle, ma fortune c’est de travailler et d’obtenir un résultat à chaque fois.
Comment voyez-vous l’île de Ré dans vingt ans, êtes-vous optimiste sur son évolution ?
Je suis pessimiste sur son évolution, aucune mesure n’a été prise pour assurer la continuité qualitative de Ré, on s’enfonce et on s’en va vers l’abime je l’ai écrit déjà. Mais comme il ne faut jamais désespérer peut être aura-t-on la réponse dans le PLUI !
Préparez-vous votre succession, qui aimeriez-vous voir vous succéder ? On imagine que cela ne sera pas facile de succéder à Léon Gendre, après 44 ans de mandat en 2020…
Pour ma succession toute la majorité du conseil municipal (19 élus) y travaille, cela va aboutir très prochainement, réponse dans quelques mois. La réponse ce n’est pas le maire c’est l’équipe qui l’apportera, je donne des conseils au sein du groupe Léon Gendre, il faut que tout cela évolue.
Vous aviez dans nos colonnes annoncé il y a un an votre soutien à l’une de vos adjointes si elle se présentait, précisant qu’elle avait à vos yeux toutes les qualités requises, confirmez- vous ces propos ?
Oui, je ne renie rien. Et je me prépare gentiment à quitter la mairie…
Vous ne semblez pas être du genre « Club du 3e âge », qu’allez- vous faire après ?
Si ma santé le permet je vais parcourir le monde. Il y a beaucoup de choses que je n’ai pas pu réaliser du fait de mon travail, et qu’il est trop tard d’entreprendre maintenant car je n’en ai plus la capacité physique, comme par exemple le parachutisme ! Mais je vais voyager, je me suis déjà prévu des points de chute, je vais retrouver des membres de ma famille au Québec, je voudrais aller en Afrique du Sud, un pays qui me fascine, visiter les grandes réserves d’animaux, je me suis déjà documenté auprès de l’agence de voyages flottaise qui m’organisera tout cela !
Propos recueillis par Nicolas Coûte et Nathalie Vauchez
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