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Léon Gendre, acteur de 40 ans d’évolution de l’île de Ré et passeur de témoin
Cela faisait longtemps que l’on attendait la sortie du livre de Léon Gendre, pendant quarante ans maire de La Flotte, puis conseiller général et un temps président de la CdC de l’île de Ré. Celle-ci est éminente.
Après l’avoir remis plusieurs fois sur l’ouvrage, le lancement de L’île de Ré au Cœur, aux éditions du Croix Vif aura lieu le 8 juillet à 18h à la Galerie Sénac de Meilhan, et Léon Gendre sera présent en dédicaces au salon L’île aux Livres, ainsi que lors d’une conférence- débat. Ré à la Hune a lu en avant-première les 88 pages de ce livre qui « ne se veut en aucun cas des « Mémoires », car écrire celles-ci conduit forcément à embellir la réalité » mais paraît dans la « collection témoignages » de l’éditeur.
Plutôt qu’écrire une biographie, Christian Mars lui a proposé « un livre d’entretiens à bâtons rompus », ce qu’a accepté Léon Gendre.
Une pudeur certaine et une maîtrise parfaite de sa communication
L’exercice n’est pas simple, l’homme est pudique, contourne les questions et au final mène son intervieweur là où il l’a décidé. Il nous l’avoue d’ailleurs « les 60 premières pages ont été rédigées par Christian Mars, les 20 dernières entièrement par moi ». Est-ce à dire qu’il aurait fait sur ces 20 pages les questions et les réponses ? « Oui tout à fait », nous répond-il sans ambages. CQFD.
Les très nombreux allers-retours des épreuves du « manuscrit » entre Christian Mars et Léon Gendre témoignent de son souci de maîtrise de son image mais aussi de l’importance du détail (qui n’en est jamais un pour Léon Gendre) et de sa volonté de partager ses expériences le plus précisément possible.
Et l’on sent bien que celui qui s’était confié longuement à Ré à la Hune dans une interview à l’occasion de l’anniversaire de ses 40 ans de mandat en mars 2017 (lire « J’ai bien rempli ma fonction ici-bas ») ressent le besoin « au crépuscule de sa vie » de laisser une trace et un témoignage de son action, dont il est très fier.
« Les gens se font une idée de Léon Gendre, je voudrais qu’à travers ce témoignage ils apprennent à mieux me connaître » explique-t-il.
S’il y aborde au gré des questions de son intervieweur « son enfance, son adolescence et l’homme qu’il est devenu au fil du temps, des succès et des épreuves » sa pudeur reste entière et il ne franchit quasiment jamais les barrières de « l’intime », hormis lorsqu’il évoque le suicide de son père, une terrible épreuve qui l’a profondément marqué l’année de ses 25 ans et pour le restant de sa vie : « Je n’ai même pas versé une larme à son enterrement, vous vous rendez compte ? Aujourd’hui, avec le recul, je me dis que son geste m’a servi de leçon. Dans les épreuves de la vie, on ne baisse pas les bras, on se bat et on avance ».
Ainsi, s’il évoque sa profonde admiration pour son épouse Jacqueline, citée à plusieurs reprises au fil de cette « conversation » sur 80 pages et à laquelle ce livre est dédié, on s’étonne une nouvelle fois que de son fils il ne soit jamais question. « Vous plaisantez, j’en parle ! » me rétorque-t-il… Mea culpa, effectivement il en « parle » quand il évoque Le Richelieu : « En 2002, nous avons passé la main à notre fils Richard. J’y suis resté bénévolement jusqu’en 2007 pour l’accompagner dans ce métier difficile car il était avocat de formation. Depuis, et conformément à son désir, il vole de ses propres ailes et exerce les responsabilités de la gestion ». On sent bien qu’entre ces deux-là cela n’a jamais dû être simple. Mais on est dans l’ « intime ».
« Seul contre tous »
Au sujet de sa « solitude » souvent évoquée par les « commentateurs » de tous poils de « la vie et de l’oeuvre » de cette figure rétaise, malgré ses deux « métiers de contact avec les clients et les citoyens » Léon Gendre rétorque « Je connais des personnes très entourées, beaucoup plus que moi, et qui sont en réalité très seules. Il ne faut pas confondre la solitude et l’isolement ». Pour reconnaître juste après « Au niveau politique, c’est différent. Quand on a une vision claire de l’action à mener et des objectifs à atteindre, il arrive qu’au cours du chemin, certains de vos compagnons de route abandonnent la partie, vous trahissent ou changent de camp, mais aussi que d’autres vous rejoignent »… « On a toujours tort d’avoir raison avant les autres et je suis bien placé pour le savoir ».
Des amis, il en a quelques-uns qui furent très bien placés et lui permirent d’être gracié in extremis début septembre 1996 alors qu’il s’apprêtait à démissionner à la veille d’élections auxquelles sa condamnation l’empêchait de se présenter. Il revient longuement sur cette affaire qui lui a empoisonné la vie des années durant et dont il a gardé « un très gros dossier. J’en connais tous les ressorts, les tenants et les aboutissants, les noms des copains et des coquins, et les raisons pour lesquelles ils ont voulu… me faire la peau ».
Un profond respect de l’île et de ses habitants
Plus que de Léon Gendre intuitu personae, il est question de l’île de Ré, au cœur… de l’ouvrage. Et des Rétais. « Pour nous comprendre, nous autres Rétais, il faut connaître notre histoire, savoir d’où nous venons, ce que les générations qui nous ont précédé ont vécu, etc. D’autant qu’il n’y a pas une île de Ré, mais des îles de Ré, et si l’on ne comprend pas ça, on ne comprend rien à ses villages, à ses familles, à ses histoires, à ses traditions ou à ses métiers ».
Alors qu’on lui reproche souvent d’être passéiste, d’avoir eu une très belle vision de l’île de Ré il y a 30 ans mais de n’avoir pas su évoluer, d’être partisan du « c’était mieux avant » comme l ’évoque Christian Mars, Léon Gendre estime que « Rien n’est moins fondé. J’ai passé près de 50 ans ici à tenter de faire évoluer les choses dans le respect des hommes, des métiers et des traditions tout en évitant que l’île ne devienne une gigantesque station balnéaire ouverte trois mois l’été et une entreprise de gardiennage le reste du temps, ce qu’elle risque toujours de devenir si l’on n’y prend garde ».
Léon Gendre a oeuvré et s’est battu pour protéger l’île de Ré notamment dans les années 1980, il a en cela été visionnaire « seul contre tous les autres élus » comme il le rappelle souvent et annexe d’ailleurs à son ouvrage « LA » lettre fondatrice du 24 avril 1987, de Pierre Méhaignerie au Président du Conseil Général à laquelle « nous avons travaillé d’arrache-pied… (et) dont le contenu reprenait toutes nos propositions ». Le classement de toute l’île de Ré, Léon Gendre l’a obtenu en contournant les élus locaux et territoriaux de l’époque opposés à ses propositions en s’adressant directement à l’Etat.
Ainsi, ce dont il est « le plus fier » au plan intercommunal c’est « bien sûr la protection de 80 % du territoire de l’île…, la relance de la saliculture, l’acquisition pour 1 € symbolique de l’ancien hôpital Saint-Honoré destiné à héberger la Communauté de Communes ». Au plan communal, il met en avant la préservation et la remise en valeur du patrimoine historique de La Flotte, la rénovation du centre-ville, la construction des logements d’accession à la propriété pour des jeunes couples… et les grandes fêtes de La Flotte.
Un ouvrage de référence… et non pas de règlement de comptes
Il s’agit bien d’un livre de témoignage et non pas des mémoires de Léon Gendre. Ceux qui s’attendaient à des révélations croustillantes, à des attaques en règle, ou plus encore à des « règlements de comptes » resteront sur leur faim – « je ne suis pas un méchant » a-t-il confié à Ré à la Hune -, même si évidemment dans les toutes dernières pages il attaque à « fleurets mouchetés » la politique de son adversaire de longue date qu’est l’actuel président de la Communauté de Communes de l’île de Ré, Lionel Quillet. D’ailleurs il « suggère » plus qu’il n’attaque frontalement : « La CdC est un bon outil pourvu qu’il soit bien utilisé, qu’il reste au service de tous et qu’il ait les moyens de sa politique », même si par ci par là les piques sont un peu plus « virulentes » et qu’il se dit « inquiet » pour l’avenir de son île.
« L’île de Ré au cœur » est un ouvrage de référence sur la vie et l’action de Léon Gendre, sur ses engagements, ses valeurs, ses idéaux, ses idées tout simplement, une trace de l’empreinte qu’il ne s’est pas « efforcé » mais « acharné » à donner à son île qui lui est si chère. Et Léon Gendre a précisément choisi le moment de la sortie de son livre… « au crépuscule de ma vie » comme évoqué dans nos colonnes au printemps dernier.
Chapeau bas l’acteur !
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