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L’Embellie, continuer envers et contre tout
Si le contexte sanitaire fait la vie dure aux associations depuis déjà un an, l’Embellie n’est pas épargnée. Rencontre à l’heure où les mesures se durcissent
Nous sommes à la veille du week-end de Pâques et cette année encore, la jolie maison de la rue Etienne d’Hastrel ne fera pas le plein. Dans la pièce de vie qui réunit les familles venant visiter un fils, un frère ou un époux incarcéré à la Maison Centrale de Saint-Martin, le Président de l’association Jacques Collin, la trésorière Yvette Cia et Christine Poirier-Coutansais, bonne fée au sourire bienveillant chargée de l’accueil et de l’accompagnement des familles, évoquent une situation enlisée lourde de conséquences.
Des temps de visites drastiquement réduits
Après deux mois et demi de confinement total au printemps 2020, l’association avait pu reprendre sa mission, du moins jusqu’au second coup d’arrêt donné par le confinement de novembre. Depuis, hélas, aucune évolution à l’horizon. Là-bas, derrière les hauts murs, les visites ont été considérablement limitées.
Les parloirs ont bien été maintenus mais à raison de seulement trois heures par week-end tandis que d’autre part, les parloirs familiaux et surtout les UVF (Unités de Vie familiale), offrant aux couples et familles des moments privés, ont été totalement suspendus depuis octobre, écartant toute possibilité d’intimité. De fait, le temps des visites a été réduit de moitié et les conditions ne sont guère favorables. Pour Christine Poirier Coutansais, « la situation est très difficile », « et d’ailleurs certaines familles ont baissé les bras », explique-telle, prenant pour exemple cette mère d’un détenu âgée de 82 ans et habitant à Chambéry, qui n’est pas venue depuis un an. « Certaines familles viennent de loin, 500 kilomètres jusqu’à 1 000 quand il s’agit de remonter du Sud de la France », poursuit Christine. Alors bien sûr, venir de si loin, parfois avec des enfants en bas âge, pour quelques petites heures sans perspective de moments privilégiés, ce n’est pas évident. « D’autant que des difficultés professionnelles et financières peuvent exister », ajoute Christine qui attend quand même quelques épouses ou compagnes ce week-end. « Celle qui viennent sont les plus motivées et les plus résistantes. Elles sont en colère aussi ». Alors certes, les détenus ont désormais des téléphones fixes dans leurs cellules, leur permettant d’être en contact avec leur famille, « sans doute dans certaines conditions », précisent Yvette et Christine évoquant brièvement la vie intérieure à la prison. Mais cela suffit-il au maintien de liens si précieux ?
Impact financier pour l’Embellie
En 2019, la Maison d’Accueil des Familles de Détenus de Saint-Martin accueillait « six personnes par weekend », explique Jacques Collin, Président de l’association, « en 2020, le nombre moyen est passé à deux personnes et demie et aujourd’hui à une personne seulement ».
Evidemment liée à ce qu’il se passe à la prison, l’activité de l’Embellie est impactée et par conséquent ses finances. Car n’oublions pas que même si le coût en est modeste, l’hébergement des familles est une ressource non négligeable pour une association qui bénéficie heureusement d’un bon soutien des pouvoirs publics. « Il nous faut remercier la Communauté de Communes », souligne Yvette Cia, « mais aussi la Commune de Saint-Martin et le Département de Charente-Maritime », poursuit la trésorière. Et Jacques Collin d’ajouter à la liste de ses aides bienvenues celle du SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) mais aussi un soutien indirect de l’Etat, puisque l’administration pénitentiaire a contribué à l’entretien de la maison via les services situés à Bordeaux, prenant en charge par exemple l’achat de nouveaux radiateurs, « et les travaux de peinture du salon », illustre Christine Poirier Coutansais, désignant un mur lambrissé repeint d’un joli gris lumineux. Soucieuse de n’oublier personne, Yvette Cia n’omet pas de citer également les adhérents et leurs dons, heureuse d’avoir l’occasion de remercier tout le monde.
Pour mettre un peu de beurre dans les épinards, l’association a décidé d’organiser un vide-grenier le 21 avril prochain dans la maison de la rue d’Hastrel. Il aura bien sûr lieu dans le strict respect des consignes sanitaires en vigueur mais compte tenu des dernières mesures, sera volontairement intimiste et principalement adressé à la population locale. Un prélude à un second vide-grenier envisagé pour le mois d’août, au coeur d’un été qui sera, espérons-le, celui de la renaissance.
Voilà qui serait une bonne nouvelle pour l’Embellie et plus généralement pour nous tous, sans oublier les détenus et leurs familles qui pourront peut-être alors, espérer en des retrouvailles indispensables dans des parcours de vie déjà bouleversés.
L’Embellie
Maison d’accueil des Familles de détenus
2, rue Etienne d’Hastrel à Saint-Martin
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