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L’élégance et la légèreté du bronze pour un message de paix
Le sculpteur Etienne est décédé dans la nuit du 16 au 17 janvier. Artiste mondialement connu, il laisse un vide incommensurable dans le monde de l’art et en particulier dans l’île de Ré où il avait installé son atelier.
Né en 1952 à Grenoble dans une famille d’artistes, Jean-Etienne Pirot était le fils de Jean-Marie Pirot, célèbre peintre plus connu sous le pseudonyme d’Arcabas. Sa sœur, Isabelle Pirot, est écrivain et comédienne ainsi que ses deux nièces. La famille baigne dans une dimension spirituelle et poétique assez rare. Tous sont profondément chrétiens et emprunts de valeurs morales qui dirigent leurs vies. Isabelle Pirot restera toujours investie dans les œuvres de son père et de son frère, les soutenant et leur consacrant beaucoup de temps tout en menant une carrière personnelle fort intéressante.
Un homme infiniment bon
L’œuvre d’Etienne dans la production artistique contemporaine propose une approche rassurante du monde et de l’humain. « Etienne était infiniment bon, au sens chrétien du terme, d’une grande générosité et très attentif aux autres », explique Patrick Glineur, qui faisait partie de son cercle rapproché et fut le premier à exposer les bijoux spécialement créés par l’artiste pour sa galerie « Le XXe siècle ». Etienne l’encouragea à créer une galerie d’art contemporain. Cette décision fut le point de départ et d’ancrage de « la galerie Glineur » pour laquelle Etienne eut toujours un regard bienveillant. Patrick Glineur souligne qu’il existe une grande cohérence entre l’homme et ce qu’expriment ses œuvres qui, à part deux ou trois, telle « L’effroi », inspirée par le drame du Bataclan, sont orientées vers le bonheur. D’ailleurs, l’une de ses dernières sculptures est intitulée « Ode à la Paix ». Interrogés sur le lien qui les unit à l’artiste, ses amis, curieusement, parlent non pas d’amitié mais d’amour, ou encore de tendresse, tant le sentiment est fort.
Une quête permanente du beau et de l’harmonie
Après une jeunesse dans le Dauphiné, Etienne poursuit ses études au Canada où son père, invité par le Conseil National des Arts du Canada, est professeur à l’université d’Ottawa. De retour en Europe, il obtiendra une licence d’arts plastiques à Marseille puis s’inscrira à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris, où il sera élève puis enseignant pendant plusieurs années.
Ses premières créations sont en pierre, en bois ou en marbre, mais rapidement il n’utilisera plus que le bronze dont il explore à l’infini la diversité chromatique des patines. Très jeune à l’époque où il commence à exposer, dans les années 70, il mettra un peu de temps à trouver son style et à se libérer totalement de l’influence de son père.
Sa quête du beau l’amènera à réaliser une sculpture aux lignes épurées exprimant avec élégance les grands thèmes de l’existence : l’amour, l’amitié, la tendresse, la femme dans toutes les postures de sa vie, la foi… mais aussi les oiseaux qui symbolisent la spiritualité, car il souhaite que ses œuvres soient non seulement équilibrées et aériennes mais aussi signifiantes. La grande particularité d’Etienne est la manière dont il prend possession de l’espace, s’appuyant sur des pleins et des vides, allégeant la matière en jouant sur le visible et l’invisible afin qu’il ne reste que l’essentiel.
Le succès ne sera pas immédiat, il se construira progressivement et Etienne s’imposera à l’international comme un artiste majeur à partir de 1994. La rencontre avec Robert Bartoux jouera un rôle dans l’ouverture des marchés internationaux grâce aux différentes galeries lui appartenant ainsi que la participation de l’artiste aux grandes Foires artistiques internationales : Miami-Art, USART à San-Francisco, Ineart à Gand, Holland Fair Art et les Art Fairs de Canton et Shanghai.
L’importance des sculptures monumentales
Son art, qui draine un message de paix et de beauté intéresse les secteurs privé et public et les commandes d’œuvres monumentales, émanant d’entreprises, d’institutions, y compris religieuses, représentent une part importante de la production d’Etienne notamment en région parisienne mais aussi en province et à l’étranger. Sa dernière œuvre monumentale, « Lever de soleil », installée en octobre 2023 sur une fontaine devant une école à Ningbo, en Chine, dans la région de Shanghai, est aussi la plus grande de toute ses sculptures monumentales (5m x10m x 4m).
L’île de Ré : un refuge propice à la création
Parisien durant de longues années, Etienne, tombé amoureux de l’île, où il trouvait la sérénité propice à la création s’y était installé dans les années 1990. Son engouement ne s’était pas démenti et il était heureux d’y vivre et d’y travailler, entouré de ses assistants, dans son atelier de Rivedoux et de sa compagne, la discrète Isabelle Vetois, spécialiste en organisation et management sans laquelle tout aurait été beaucoup plus compliqué ! Il s’intéressait à la vie de l’île ; administrateur de La Maline à une époque, il avait aussi participé à l’expérience unique du Conseil de Développement dans les années 2 000. Cette fois, il pose véritablement ses valises et son atelier devient le lieu de ralliement de ses amis. Il aimait la nature de l’île, mais appréciait encore plus ses habitants avec lesquels il adorait discuter. C’est le territoire rétais qu’il choisira en 2023 pour une exposition commune avec son père qui lui tenait à cœur et qui rassembla du 8 juillet au 5 novembre les peintures d’Arcabas et les sculptures d’Etienne, au musée Ernest Cognacq de Saint-Martin.
Sa disparition laisse un énorme vide dans le monde de l’art ainsi que dans le cœur de ses nombreux amis.
Une messe sera célébrée en hommage à Etienne lundi 27 janvier à 14h30 en l’église de Saint-Martin
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