Leclerc s’adapte aux contraintes, en restant très prudent
Ré à la Hune a interrogé Michel Desfontaines, président de Leclerc Saint-Martin, sur la façon dont son enseigne traverse la crise sanitaire.
En première ligne en amont et pendant le confinement, les grandes surfaces se sont adaptées de façon très réactive aux conditions d’ouverture gouvernementales. Parfois montrées du doigt car ouvertes alors que les petits commerces ont dû fermer, elles subissent toutefois une baisse importante de leur chiffre d’affaires.
Une gestion réactive des approvisionnements et des mesures sanitaires
On se souvient de la ruée dans les grandes surfaces partout en France, quelques jours avant l’annonce du confinement et dans les jours qui ont suivi. Les magasins de l’île de Ré n’ont pas échappé à la règle, avec l’arrivée de résidents secondaires venus – ils étaient dans leur droit – se confiner dans leur maison rétaise. Les consommateurs, tous horizons confondus, ont stocké des quantités parfois invraisemblables de pâtes, riz, papier toilette et autres denrées non périssables. « C’est un réflexe humain et psychologique classique, tempère Michel Desfontaines, et la ruée a certes joué ici aussi, mais de façon amoindrie par rapport à la Région parisienne, par exemple. Nous n’avons pas été en rupture de stock, nous avons des capacités de réserves très importantes, dimensionnées pour l’été et ses 140 000 personnes. De plus nous sommes habitués de tous temps aux crises d’approvisionnement – comme par exemple lors de la guerre du Golfe, nous gérons nos stocks sans problème »
Dès la fin de la première semaine de confinement, au magasin de Saint-Martin l’ensemble des mesures de précaution sanitaire avaient été mises en place : filtrage à l’entrée, gel hydroalcoolique à l’entrée et à la sortie du magasin, sens de circulation, nettoyage et désinfection des caddies, plexiglas et masques pour le personnel du magasin., etc.
Des habitudes de consommation fortement impactées
Passés les achats impulsifs de départ, les habitudes de consommation ont été fortement modifiées. Le pic de fin de semaine et notamment du samedi matin n’existe plus, le nombre de personnes par caddie a heureusement diminué, la fréquentation a fortement baissé, mais le panier moyen a lui, logiquement, augmenté. L’impact sur le chiffre d’affaires du magasin est très important, de l’ordre de – 30 %, lié avant tout à l’absence des vacanciers du Printemps, et notamment des résidents secondaires qui viennent habituellement ouvrir leur maison à partir de Pâques. « Nous enregistrons une baisse de – 300 à – 600 clients par jour en semaine, et jusqu’à – 800 clients le vendredi et le samedi. Le panier moyen a lui augmenté de 50 à 60 %. » Au niveau de la station-service, la fréquentation s’est naturellement effondrée : un seul camion par semaine approvisionne le station contre trois ou quatre par semaine d’habitude à cette période.
Gel de tous les recrutements saisonniers
Les saisonniers n’étant pas encore embauchés au 17 mars, Leclerc tourne avec son équipe d’hiver (115 salariés en hiver), alors que le magasin emploie d’habitude près de 145 personnes dès avril et jusqu’à 210 en été. L’impact sur le recrutement est donc considérable. « Nous allons rester très prudents, si la tendance se dégage cet été nous recruterons quelques saisonniers fin juillet et en août. Je n’ai pas d’idée de la fréquentation estivale, si elle sera de 80 000, 100 000 personnes au plus fort de l’été, au lieu des 145 000 habituels… »
Quelles seront les mesures mises en place en plein été ? « Si la Puissance Publique est avec nous, on aimerait arriver à une personne par courses. Je ne sais pas ce que donnera le couple maire/préfet, on s’adaptera au coup par coup. Ce qui est certain est que les commerces qui réouvrent et vont rouvrir après le 11 mai peuvent observer ce que nous avons mis en place, en matière de précautions sanitaires. »
Un travail continu avec toutes les instances
Nous avons dû répondre à beaucoup d’interrogations de nos salariés, nous avons travaillé en continu avec le Comité d’Entreprise, le Comité Social et Economique, l’Inspecteur du Travail, le Médecin du travail, nous avons rendu compte de nos pratiques, notre Responsable Qualité consigne dans un book l’ensemble des mesures mises en place. Il est certain qu’une telle pression sanitaire et de crise met à rude épreuve les nerfs de tout le monde, les rapports humains sont plus compliqués. Nous avons eu peu de « droits de retrait », l’équipe est très présente. Nous avons demandé à tout salarié se sentant fébrile de nous le signaler sans hésiter et de ne pas venir travailler.
A l’heure où l’on parle d’une prime pouvant aller jusqu’à mille euros, qu’en est-il à Leclerc Saint-Martin ? « Nous versons chaque année aux salariés trois mois de participation/intéressement, difficile de faire plus ».
Le projet de drive avancé de 2021 à 2020
Quant au projet de drive (lire notre article : https://www.realahune.fr/le-projet-de-drive-de-leclerc-en-bonne-voie/) initialement prévu pour le printemps 2021, il va être accéléré, si le permis le permet, pour essayer de l’ouvrir le plus tôt possible, en 2020. En effet, le modèle de consommation du drive prend tout son sens dans le contexte actuel, la demande sur l’île dépassant l’offre.
« Tout le monde espère que ce sera derrière nous le plus vite possible, nous tiendrons le coup malgré notre endettement, en adaptant notre configuration » conclue le dirigeant.
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