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Le voyage de Jupiter, tortue de Kemp
Comme chaque année, l’aquarium de La Rochelle (nommé plus bel aquarium de France), entreprend la réintroduction de tortues marines sur les plages de Saint-Clément. Cette année, l’île de Ré a accueilli une véritable rareté : une tortue de Kemp baptisée Jupiter.
Jupiter, la plus rare des tortues marines
Jupiter n’est pas une tortue comme les autres, c’est une Tortue de Kemp (Lepidochelys kempii). Il s’agit d’une tortue marine, dont la famille compte sept espèces. Hormis la gigantesque tortue luth, les autres espèces se reconnaissent par leur carapace et leur couleur. La tortue de Kemp est la plus petite espèce de tortue marine. De couleur noir-olivâtre, elle mesure entre 58 et 70 cm pour un poids de 36 à 45 kg. Son nom lui a été donné en hommage à l’homme qui l’a découverte : Richard Kemp. Elle est carnivore et consomme des crustacés (comme les crabes), dont elle brise la carapace avec son bec puissant mais aussi des poissons, des céphalopodes et des coquillages.
La période de ponte a lieu entre avril et juin. Les femelles sont les seules à revenir chaque année à terre, au même endroit où elles ont vu le jour. Elles utilisent un mode de ponte synchronisée appelé « arribada ». Plusieurs centaines de femelles montent à terre pour pondre au même moment et sur une même plage. C’est d’ailleurs la seule tortue marine à pondre surtout durant la journée. Une fois les oeufs pondus, ils sont enterrés dans le sable et abandonnés à leur sort. Les petits une fois sortis, entament une course effrénée vers la mer et sur une centaine seulement deux survivront, les autres serviront de repas aux oiseaux, aux crabes et aux poissons carnassiers. Jupiter est donc une véritable survivante.
Et malheureusement son espèce a le triste record d’être la tortue marine la plus menacée de la planète. En effet, classée en danger critique d’extinction, la tortue de Kemp est victime de la pollution plastique décimant les individus en les étouffant. Le tourisme de plage empêche également les femelles de venir pondre. A ce jour, seul deux véritables sites de ponte existent dans le Golfe de Californie, lieu de naissance de Jupiter, qu’il faut sauvegarder coûte que coûte pour sauvegarder l’espèce.
Le séjour de Jupiter en France
Jupiter est une tortue sub-adulte retrouvée échouée au phare de la Coubre à la Tremblade, le 9 décembre 2018. Elle fût découverte par des promeneurs et prise en charge le jour même par le CESTM (Centre d’Études et de Soins pour les Tortues Marines). Envoyée à l’aquarium de La Rochelle dans la zone de q u a r a n t a i n e , l’animal ne présentait aucune blessure ni déchet dans l’organisme mais souffrait de déshydratation et surtout d’hypothermie. Cela est souvent le cas pour les jeunes tortues en cette saison car entre l’automne et l’hiver, période où elles passent près de nos côtes, la température de l’eau est glaciale et peu supportable pour les reptiles à sang froid.
Le CESTM de l’Aquarium La Rochelle recueille les tortues signalées en détresse sur toute la façade Manche- Atlantique, grâce notamment à un réseau d’informateurs qu’il forme, coordonne et anime. Chaque année, au moins trois tortues (souvent de très jeunes spécimens inexpérimentés) s’échouent et doivent être vite prise en charge. Pendant presque sept mois elle a été maintenue en observation dans les sous-sols de l’aquarium, au sein d’un bassin où elle a repris des forces et un solide appétit avec un régime à base de gambas et de crabe. La chaleur de juin annonçait alors le jour du grand départ et de la remise à l’eau.
Le retour à l’océan
C’est le 4 juillet que Jupiter a regagné la mer. La rareté de l’animal n’a pour une fois pas fait l’objet d’animations de la part de l’aquarium au grand public pour éviter d’effrayer les tortues. Car oui, il y a deux autres tortues qui ont retrouvé la liberté ce jour-là. Jolie et Jason, deux très jeunes tortues caouannes, une espèce vulnérable, de couleur orangée et la plus commune durant les échouages. Découvertes plus au sud en mars, elles sont les premières à être placées sur le sable, face à la mer et direction le grand large. Les trois tortues ont eu du mal à quitter les soigneurs et se sont même montré paresseuses. Mais au final, tous les individus ont pu repartir.
Un moment aussi émouvant que marquant et significatif. Jupiter a été relâchée le matin à marée descendante. Soigner et réintroduire une espèce aussi menacée dans son milieu est le rêve de tout naturaliste et soigneur animalier. C’est la preuve que la mission de sauvegarde fonctionne et qu’un avenir meilleur peut s’ouvrir pour les tortues. Une balise bleue a été fixée sur Jupiter (sa taille pouvant la supporter) afin de suivre ses déplacements par GPS satellite depuis le Net. Ces précieuses données contribuent à l’amélioration des connaissances globales sur le comportement de ces espèces marines protégées. Le CESTM a ainsi réalisé vingt-trois suivis satellitaires en onze ans. Au total, environ deux-cents tortues ont ainsi été relâchées depuis trente ans ans.
Nous ne pouvons que leur souhaiter bonne chance en espérant qu’elles se reproduisent et permettent ainsi à l’espèce de vivre un avenir meilleur.
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