- Économie
- Etude et témoignages
Le télétravail a-t-il de l’avenir ?
Selon une étude*, plus de la moitié des Français étaient heureux de retourner travailler le 11 mai dernier. Mais si près de trois quarts des personnes sondées aimeraient obtenir plus de jours de télétravail qu’avant la crise, qu’en est-il sur l’île de Ré ?
Depuis le 17 mars, nombreux sont les salariés qui ont dû s’adapter à une nouvelle façon de travailler. Ce télétravail forcé a impliqué de profonds changements : l’absence d’échanges physiques, des réunions par écrans interposés ou encore une maîtrise d’outils numériques devenue obligatoire. Pour les entreprises, la première étape face à cette crise a été d’organiser le télétravail.
Selon les chiffres de l’étude, cette phase a été relativement bien menée par les sociétés qui ont gagné en maturité sur le télétravail et les réunions à distance. « Pendant le confinement, nous avions 12 employés en télétravail, sur une équipe de 14. Aujourd’hui 10 continuent à télétravailler. Cela a été relativement facile à mettre en place pour nous car nous avions déjà les outils en termes de téléphonie et d’internet pour le travail à distance », explique Sylvain Allidières, le gérant de Bricophone, entreprise implantée aux Portes-en-Ré.
Développer une certaine autonomie
Psychologiquement, les sondés semblent ne pas avoir été trop perturbés par le télétravail forcé. En effet, 29,3% des Français précisent avoir « très bien » vécu cette période, 43,9% l’avoir « bien » vécue. 19,5% confessent quant à eux l’avoir « moyennement bien » vécue et 7,3% « pas bien du tout ». Claire Chiron, employée au service client et au service après-vente de Bricophone, affirme que cela « permet de développer plus d’autonomie dans son travail », car « on ne peut pas solliciter ses collègues aussi souvent qu’avant ». Côté inconvénients, Claire évoque « la difficulté à joindre ses collègues pour des cas urgents » ainsi qu’un « manque relationnel avec ses collègues ».
Armand Chiron, développeur chez Bricophone, affirme quant à lui que « le télétravail apporte une distance et une sorte d’isolement qui permet d’être plus efficace sur certains projets demandant beaucoup de concentration ». « En revanche, par manque de matériel et par la difficulté d’être certain de travailler en accord avec les souhaits de la direction, en raison du manque de communication justement, j’estime être plus efficient en présentiel qu’en télétravail » ajoutet- il. Armand ne fait en revanche pas partie des 74% des travailleurs sondés qui aimeraient obtenir plus de jours de télétravail qu’avant le confinement. « Chez Bricophone, nous avons besoin de communiquer en permanence entre les différents pôles d’activité et avoir accès aux matériels bureautiques et produits mis en vente, le télétravail complique grandement cela. Personnellement, mon travail est déjà assez solitaire et donc les relations sociales qu’apporte le présentiel au bureau est un plus. J’opterais davantage pour le travail en entreprise, bien qu’il est envisageable à présent d’être polyvalent et de concilier les deux ».
Des réunions moins efficaces
Près de trois quarts des sondés (71,4%) pensent que les réunions sont plus efficaces en présentiel qu’à distance. Les visio-conférences s’avèrent en effet souvent plus longues et moins performantes, un phénomène proportionnellement lié au nombre de participants. « Pour ma part, en tant que développeur, je pourrais plus ou moins être en télétravail toute l’année. Cela présente un avantage vis-à-vis du calme dans lequel je peux travailler. Néanmoins, un grand nombre de mes travaux m’oblige à consulter régulièrement ma responsable ou bien mes collaborateurs. Cela est tout à fait possible à distance, mais c’est toujours beaucoup plus simple lors de vrais échanges », analyse Armand.
S’il présente des avantages certains mais aussi quelques inconvénients, le télétravail semble surtout séduire par l’absence de trajet qu’il permet. « Le principal avantage reste bien sûr de ne plus faire le trajet entreprise / bureau. Même si nous sommes sur l’île de Ré, prendre le vélo sous la pluie n’est jamais agréable ! », commente Claire. Un point de vue partagé par son patron Sylvain Allidières : « Le télétravail est avantageux surtout pour les entreprises situées dans les grandes agglomérations, car cela diminue les temps de transport. Mais cela enlève aussi la cohésion d’équipe et le sentiment d’appartenance. Le point de vue sur l’île n’est forcément pas le même qu’à Paris. Ici, la majorité des salariés préfèrent travailler au bureau ».
*Etude menée par la plateforme d’interaction en temps réel « Sparkup » en mai 2020.
TROIS QUESTIONS A …
La CdC à l’heure du télétravail
Selon une étude*, plus de la moitié des Français étaient heureux de retourner travailler le 11 mai dernier. Mais si près de trois quarts des personnes sondées aimeraient obtenir plus de jours de télétravail qu’avant la crise, qu’en est-il sur l’île de Ré ? Depuis le début de la crise sanitaire, les employés de la Communauté de Communes de l’île de Ré ont pu expérimenter le travail à domicile. Depuis le déconfinement, certains continuent à télétravailler un à deux jours par semaine, voire toute la semaine.
Ré à la Hune a recueilli les témoignages de trois d’entre eux : Alexandre Loche, responsable service urbanisme, Estelle Angibaud, comptable, et Nelly Guillard, responsable des marchés publics.
Ré à la Hune : Au regard de ces deux derniers mois durant lesquels vous avez expérimenté le télétravail, quels en sont les principaux avantages mais aussi les inconvénients ?
Alexandre Loche : Les avantages sont réels du point de vue économique mais aussi écologique puisque cela limite les temps de déplacement. Par ailleurs, nous sommes davantage détachés de l’agitation du bureau : nous n’avons pas de collègue qui passe ou de coups de téléphones. En termes d’inconvénients, je dirais que la distance sociale est un souci dans le sens où nous perdons un peu le contact avec les collègues, le côté informel des relations manque. D’autre part, je constate une certaine difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle. La déformation professionnelle peut nous pousser à consulter nos mails à 22h par exemple…
Estelle Angibaud : Cela permet de se mettre dans sa bulle et d’être plus concentré sur une tâche en particulier, sans dérangement extérieur. Aujourd’hui je suis encore à 100% en télétravail et le contact humain, ainsi que le fait se sortir de chez soi, me manquent.
Nelly Guillard : Avant l’épidémie, j’étais plutôt sceptique sur ce mode de travail, mais nous avons été forcés de nous y mettre. Cela a été un peu compliqué à mettre en place au début, puisque nous n’étions ni préparés, ni habitués, mais nous nous sommes bien adaptés. Le télétravail n’est pas évident avec des enfants qui avaient des devoirs à faire, il a fallu par exemple bien organiser notre temps pour partager les écrans… Si cela permet d’économiser du temps sur les trajets, le télétravail comporte un grand inconvénient selon moi, celui de couper le lien social avec les collègues. C’est d’ailleurs ce dont j’ai le plus souffert. En présentiel, je peux savoir ce qui se passe, je suis au courant de tous les dossiers.
Estimez vous être plus efficace en télétravail ou en présentiel ?
Alexandre Loche : Cela dépend des missions. Consulter et se plonger pleinement dans un dossier se prête très bien au télétravail. En revanche, pour d’autres missions, qui demandent beaucoup de partenariats par exemple, cela peut représenter un frein.
Estelle Angibaud : Je pense être plus efficace, car je suis moins dérangée, je perds moins de temps et je gère plus aisément les urgences. Cette nouvelle expérience nous permet de prendre du recul et de s’organiser différemment, avec des nouveaux outils.
Nelly Guillard : J’estime être autant efficace, puisque je suis moins dérangée que sur site.
Souhaitez vous continuer à télétravailler ou préférez vous être au bureau ?
Alexandre Loche : Avec cette crise, nous avons constaté que le télétravail est possible et que tout se passe bien. Mais je souhaite revenir au bureau plus souvent, notamment pour échanger avec les collègues. Continuer le télétravail de façon ponctuelle me paraît pertinent, cela permet tout de même de souffler un peu et de pouvoir prendre le temps de répondre aux mails par exemple. Mais pas plus de deux jours par semaine !
Estelle Angibaud : Dans la situation sanitaire actuelle, je souhaite continuer à télétravailler pour être protégée et protéger les autres du virus. C’est un effort que je continue à faire, mais je n’envisage pas du tout ma carrière sur ce mode de travail. J’ai besoin de retourner voir les collègues !
Nelly Guillard : Je pourrais continuer, cela me permettrait notamment de réaliser des économies d’essence, mais seulement à raison d’une journée par semaine.
Le boom des téléconsulations médicales
Convaincu par les bienfaits de la téléconsulation qu’il pratique depuis 2018*, Nagib Moatassime, médecin généraliste aux Portes-en-Ré, explique que depuis la crise du Covid-19 « les consultations par Internet ont largement augmenté, je pense en réaliser environ dix fois plus qu’auparavant ». Il prend ainsi en consultation à distance des patients vivant sur l’île de Ré mais aussi partout en France et au Maroc, via des plateformes comme Doctolib ou via son propre site internet. « Grâce à la télémédecine, il n’y a pas de contagion possible ! ». Au delà de cette période de crise sanitaire, le médecin assure que ce type de pratique va continuer à se développer. « Nombreux sont les sites internet et les interfaces spécialisées qui souhaitent nous embaucher. Les avantages sont nombreux pour les patients : pas de déplacement, pas d’attente, pas de risque d’attraper des maladies ». Le professionnel de santé tempère cependant : « Il existe un inconvénient lié au secret médical. Il peut arriver que les sites prennent les données médicales des patients, de façon anonyme, afin de produire et de monétiser des statistiques par exemple ». Pour pallier ce risque et sécuriser les échanges, les ordonnances peuvent être rédigées et envoyées directement sur le site du médecin s’il en possède un, et éviter ainsi de passer par une interface commerciale.
* La télémédecine est entrée dans le droit commun au remboursement par l’assurance maladie depuis septembre 2018.
Lire aussi
-
Économie
« Une saison atypique et olympique »
Ré à la Hune s’est entretenu avec le président de Charentes-Tourisme quant au bilan de la saison 2024 et aux enjeux auxquels la filière touristique doit répondre.
-
Économie
La saison en Charente-Maritime et sur l’île de Ré
Charentes-Tourisme et Destination Île de Ré ont communiqué à Ré à la Hune leur premier bilan de saison 2024, des vacances de Pâques aux vacances de la Toussaint.
-
Économie
Rester positif malgré la déception
Car c’est le terme plusieurs fois entendu : si elle n’est pas loupée, la saison 2024 n’a pas tenu ses promesses
Je souhaite réagir à cet article